Dansles Pays de la Loire, une vingtaine de rencontres avec le public sont programmĂ©es, majoritairement chez des Ă©leveurs et dans des boucheries. Afin de lancer cet Ă©vĂ©nement, Interbev des Pays de la Loire et la Chambre rĂ©gionale dâagriculture ont conviĂ© la presse le 20 mai sur lâexploitation bovine Fredel, Ă Louisfert (44), dirigĂ©e par Ambroise
N° 1237 ______ ASSEMBLĂE NATIONALE CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958 QUATORZIĂME LĂGISLATURE EnregistrĂ© Ă la PrĂ©sidence de lâAssemblĂ©e nationale le 10 juillet 2013. RAPPORT DâINFORMATION DĂPOSĂ en application de lâarticle 145 du RĂšglement PAR LA COMMISSION DES AFFAIRES ĂCONOMIQUES sur lâĂ©levage laitier et allaitant ET PRĂSENTĂ PAR MM. Germinal PEIRO et Alain MARC DĂ©putĂ©s. ââ La mission dâinformation sur la filiĂšre bovine et la production laitiĂšre en France est composĂ©e de M. Germinal Peiro, M. Alain Marc, Mme Annick Le Loch, M. Dominique Potier, Mme Brigitte Allain et M. Thierry Benoit. INTRODUCTION 7 I.â DES DIFFICULTĂS STRUCTURELLES ET CONJONCTURELLES 9A.â LA CRISE DE LâĂLEVAGE, UNE PROBLĂMATIQUE POUR LA VITALITĂ DES TERRITOIRES 91. Des conditions de vie difficiles 9 2. Un arbitrage de plus en plus difficile entre Ă©levage et cĂ©rĂ©ales 10 3. Une population vieillissante 11 4. Une crise de lâĂ©levage en France problĂ©matique dans les zones Ă fort handicap naturel 12 B.â LA HAUSSE DU COURS DES MATIĂRES PREMIĂRES ENGENDRE UNE HAUSSE DES COĂTS DE PRODUCTION QUI NâEST PAS RĂPERCUTĂE Ă TOUS LES NIVEAUX DE LA FILIĂRE 121. La hausse et la volatilitĂ© du cours des matiĂšres premiĂšres 12 2. Une hausse des coĂ»ts de production 13 3. Une hausse et une volatilitĂ© des cours des matiĂšres premiĂšres agricoles qui ne sont pas entiĂšrement rĂ©percutĂ©es au long de la chaĂźne de valeur 14 C.â LE LAIT LA FIN DâUN CADRE RĂGLEMENTAIRE QUI TERRITORIALISAIT LA PRODUCTION 181. Le systĂšme des quotas a permis de territorialiser la production 18 2. Les quotas nâont pas empĂȘchĂ© une concentration de lâĂ©levage, qui risque encore de sâaccentuer avec la fin de ce systĂšme 20 D.â LA VIANDE, UNE DĂCAPITALISATION INQUIĂTANTE 221. Lâimportance du troupeau allaitant français 22 2. Une production haut de gamme et peu dâactivitĂ©s dâengraissement 24 II.â DâINDĂNIABLES OPPORTUNITĂS QUI DOIVENT ĂTRE EXPLOITĂES 25A.â LA DEMANDE DES CONSOMMATEURS POUR DES PRODUITS TRACĂS ET DE QUALITĂ 251. Un Ă©tiquetage obligatoire des produits transformĂ©s Ă base de bĆuf 25 2. Une politique de la qualitĂ© 27 3. Favoriser les circuits de proximitĂ© 29 B.â DES MARCHĂS EN CROISSANCE 301. Des marchĂ©s en croissance 30 a Le lait 30 b La viande bovine 32 2. Des opportunitĂ©s pour la filiĂšre française 33 a La viande 33 b Le lait 33 III.â LES CONDITIONS DE LA REPRISE 37A.â LâAMĂLIORATION DES RAPPORTS PRODUCTEURS â FOURNISSEURS â DISTRIBUTEURS 371. La table ronde fournisseur distributeurs, une aide bienvenue mais ponctuelle 37 2. Lâinnovation du projet de loi relatif Ă la consommation, la clause de renĂ©gociation en cas de volatilitĂ© des matiĂšres premiĂšres 37 3. Le fonds de solidaritĂ© cĂ©rĂ©aliers- Ă©leveurs, une pĂ©rĂ©quation intĂ©ressante 39 4. La contractualisation, un outil de rĂ©gulation 39 B.â LâAPRĂS QUOTAS LAITIERS 401. Le mini-paquet lait, une premiĂšre Ă©tape 40 2. La concertation europĂ©enne sur lâaprĂšs-quotas doit permettre de dĂ©finir un cadre permettant de rĂ©guler le secteur laitier 41 C.â LA PAC APRĂS 2013 ET LA RĂFLEXION SUR LA PAC APRĂS 2020 421. Un premier pilier qui prend en compte les besoins de lâĂ©levage 42 a Un niveau Ă©levĂ© dâaides couplĂ©es est indispensable 42 b La surprime aux cinquante premiers hectares et une pente de convergence des aides Ă lâhectare plus douce 43 2. Lâimportance du second pilier pour les zones dĂ©favorisĂ©es 43 3. Un systĂšme dâaides contracycliques doit ĂȘtre Ă©tudiĂ© dans le cadre de la rĂ©forme de la PAC aprĂšs 2020 45 D.â UNE MEILLEURE AUTONOMIE DES EXPLOITATIONS 471. Une meilleure efficience Ă©nergĂ©tique 47 2. Lâautonomie protĂ©ique et fourragĂšre 48 E.â UN CHOC DE SIMPLIFICATION AU SERVICE DE LA COMPĂTITIVITĂ 491. Les tests ESB 49 2. Les installations classĂ©es 49 3. Lâobligation de dĂ©mĂ©dullation des carcasses bovines avant fente 49 CONCLUSION 51 EXAMEN DU RAPPORT 53 LISTE DES PERSONNES AUDITIONNĂES 73 Mesdames, Messieurs, Lâavenir de lâĂ©levage bovin revĂȘt un caractĂšre stratĂ©gique pour lâĂ©conomie et lâemploi, ainsi que pour lâamĂ©nagement et la vitalitĂ© des territoires ruraux. LâĂ©levage de ruminants est prĂ©sent dans plus dâune exploitation sur deux et dans 95 % des cantons de lâhexagone. Avec prĂšs de 19 millions de tĂȘtes â dont 7,3 millions de vaches laitiĂšres et allaitantes, la France dispose du cheptel bovin le plus important dâEurope, caractĂ©risĂ© par une grande diversitĂ© de races. La balance commerciale de la filiĂšre est largement excĂ©dentaire et les opportunitĂ©s Ă lâexport nâont jamais Ă©tĂ© aussi nombreuses, du fait de lâouverture de nouveaux marchĂ©s sur le pourtour de la MĂ©diterranĂ©e et de la forte baisse des exportations des pays dâAmĂ©rique du Sud. LâĂ©levage bovin est un mĂ©tier de passion. Il fait vivre plus de 71 000 Ă©leveurs laitiers et 60 000 Ă©leveurs allaitants 1. Pourtant, les Ă©leveurs sont confrontĂ©s Ă de nombreuses difficultĂ©s, tant conjoncturelles que structurelles. Les consĂ©quences sont dramatiques. On assiste Ă un accroissement des arrĂȘts dâactivitĂ©, entraĂźnant des problĂ©matiques dâemploi et dâactivitĂ© Ă©conomique sur les territoires. En dix ans, le pays a par exemple perdu 40 % de ses producteurs laitiers. Les revenus des Ă©leveurs sont parmi les plus bas du secteur agricole, surtout sâagissant de lâĂ©levage allaitant. Il est donc essentiel de leur assurer une juste rĂ©munĂ©ration, qui soit en rapport avec les astreintes et les contraintes inhĂ©rentes Ă leur mĂ©tier. Maintenir la production française dans sa diversitĂ© et ses garanties de qualitĂ© et de traçabilitĂ© doit demeurer une prĂ©occupation permanente. Plusieurs rĂ©flexions ont donc orientĂ© la dĂ©marche de vos rapporteurs comment Ă©viter une vĂ©gĂ©talisation de la France au cours de la prochaine dĂ©cennie qui aurait des consĂ©quences dramatiques pour lâĂ©quilibre des territoires? Comment favoriser le maintien des exploitations dâĂ©levages sur les territoires ? Comment assurer une juste rĂ©munĂ©ration aux Ă©leveurs et des conditions de vie dĂ©centes ? I.â DES DIFFICULTĂS STRUCTURELLES ET CONJONCTURELLES A.â LA CRISE DE LâĂLEVAGE, UNE PROBLĂMATIQUE POUR LA VITALITĂ DES TERRITOIRES 1. Des conditions de vie difficiles Le revenu moyen des agriculteurs français sâĂ©lĂšve en 2012 Ă 36 500 euros. Cette moyenne cache des diffĂ©rences trĂšs importantes selon les filiĂšres. Ainsi, le revenu moyen des cĂ©rĂ©aliers a franchi la barre des 72 000 euros, tandis que le revenu des Ă©leveurs bovins viande est de 15 400 euros 2. Bien que les prix de la viande restent fermes, les exploitants sont confrontĂ©s Ă la hausse du coĂ»t de lâalimentation animale et en particulier Ă lâenvolĂ©e des prix des tourteaux. Les revenus des Ă©leveurs laitiers sont de 26 500 euros. En outre, dans lâĂ©levage laitier la durĂ©e de travail est de 3 600 heures par an contre 800 heures pour un exploitant de grande culture. Les vaches laitiĂšres sont traites deux fois par jour, tous les jours de la semaine. Il est donc trĂšs difficile pour un Ă©leveur de sâabsenter, y compris pour un simple week-end, de son exploitation. Cela nâest pas sans incidence sur la vie privĂ©e des Ă©leveurs, dont le conjoint ou la conjointe possĂšde de plus en plus souvent un emploi Ă lâextĂ©rieur. Les formes sociĂ©taires offrent Ă cet Ă©gard une organisation du travail plus souple. Pour faciliter les conditions de travail, les Ă©leveurs doivent bĂ©nĂ©ficier dâune politique forte de modernisation des bĂątiments et des Ă©quipements, telle que le plan de modernisation des bĂątiments dâĂ©levage PMBE. Vos rapporteurs estiment par ailleurs indispensables de conserver, voire de dĂ©velopper, le crĂ©dit dâimpĂŽt remplacement. Le crĂ©dit dâimpĂŽt pour congĂ©s, reconduit depuis 2006, accorde aux exploitants agricoles dont la prĂ©sence quotidienne est indispensable tout au long de lâannĂ©e, une aide financiĂšre pour leur remplacement pendant deux semaines au maximum. LâAssemblĂ©e nationale a adoptĂ© dans le cadre du projet de loi de finances pour 2013 le 15 novembre 2012, un amendement qui reconduit le crĂ©dit dâimpĂŽt remplacement jusquâen 2016. 2. Un arbitrage de plus en plus difficile entre Ă©levage et cĂ©rĂ©ales Lâastreinte conjuguĂ©e Ă la pĂ©nibilitĂ© explique que certains prĂ©fĂšrent se concentrer sur la culture de cĂ©rĂ©ales ou jeter lâĂ©ponge. Le nombre dâĂ©leveurs de vaches laitiĂšres baisse ainsi de 4 Ă 5 % par an. Dans les zones Ă fort potentiel pĂ©doclimatique, la conversion dâexploitation en grandes cultures, plus rĂ©munĂ©ratrices et moins astreignantes, est dĂ©jĂ une rĂ©alitĂ© tangible. Dans les zones Ă forte activitĂ© Ă©conomique, si lâĂ©levage est menacĂ©, câest plutĂŽt par les alternatives offertes en matiĂšre dâutilisation des sols, que ce soient pour lâartificialisation ou lâurbanisation des sols. Or, ces alternatives signifient toujours un arrĂȘt irrĂ©versible de lâĂ©levage. Elles prĂ©sentent en outre des risques en termes dâemplois, dâĂ©quilibre Ă©cologique, de fertilitĂ© organique et de capacitĂ© productive. 3. Une population vieillissante DâaprĂšs les donnĂ©es fournies par lâInstitut de lâĂ©levage, en 2012, 50 % des Ă©leveurs bovins ont plus de 50 ans. La transmission des exploitations est particuliĂšrement difficile dans un contexte de dĂ©gradation de la rĂ©munĂ©ration des investissements et des conditions de travail pĂ©nibles. Ă revenu espĂ©rĂ© comparable, le capital mis en Ćuvre dans les systĂšmes dâĂ©levages bovins allaitant est le double du capital nĂ©cessaire en grandes cultures. En production laitiĂšre, ce capital est aussi 1,5 fois supĂ©rieur au capital engagĂ© en grandes cultures. Lâinstallation et la transmission des exploitations sâen trouvent rendues encore plus difficiles. On recense aujourdâhui 75 000 exploitations laitiĂšres. Selon les travaux dĂ©mographiques rĂ©alisĂ©s par lâInstitut de lâĂ©levage, le nombre dâexploitations laitiĂšres prĂ©sentes en 2035 devrait se situer dans la fourchette de 20 000 Ă 35 000, en fonction de la politique dâinstallation et de reprise qui sera suivie au cours des prochaines annĂ©es. 4. Une crise de lâĂ©levage en France problĂ©matique dans les zones Ă fort handicap naturel LâĂ©levage contribue Ă lâidentitĂ© des territoires, au maintien dâune vie sociale active et donc Ă lâattrait touristique des campagnes. Les personnes auditionnĂ©es par vos rapporteurs ont indiquĂ© quâun emploi dâĂ©leveur crĂ©e sept emplois induits dans lâĂ©conomie, contre deux seulement pour les grandes cultures. Il existe donc un indĂ©niable enjeu Ă maintenir et dĂ©velopper lâĂ©levage sur lâensemble du territoire. Comme lâa indiquĂ© la ConfĂ©dĂ©ration nationale de lâĂ©levage dans son rapport LâĂ©levage ruminant sâest historiquement dĂ©veloppĂ© et conserve une place particuliĂšrement importante, dans les zones difficiles, telles que lâon en trouve dans toutes les rĂ©gions, sur des terres mal adaptĂ©es Ă la mĂ©canisation des cultures ou peu fertiles pentues, humides, caillouteuses oĂč pousse naturellement une vĂ©gĂ©tation que seuls les ruminants sont capables de digĂ©rer efficacement. Il a ainsi permis le dĂ©veloppement et le maintien dâune activitĂ© Ă©conomique dans des rĂ©gions dĂ©favorisĂ©es en gĂ©nĂ©rant des emplois, une vie sociale et des produits Ă forte typicitĂ©. Cet effet positif sur lâanimation de la vie Ă©conomique et sociale est essentiel dans des zones Ă faible densitĂ© de population tendant Ă la dĂ©prise 3. » La ConfĂ©dĂ©ration nationale de lâĂ©levage pointe donc le risque de dĂ©litement du tissu social dans les zones les moins productives si lâĂ©levage y Ă©tait abandonnĂ©. En outre, dans la plupart des rĂ©gions de montagne, le troupeau laitier est le principal utilisateur des prairies. Il permet de maintenir des paysages ouverts et habitĂ©s, favorables au tourisme, Ă la biodiversitĂ© et Ă lâenvironnement. Le tourisme rural reprĂ©sente prĂšs de 180 000 emplois. B.â LA HAUSSE DU COURS DES MATIĂRES PREMIĂRES ENGENDRE UNE HAUSSE DES COĂTS DE PRODUCTION QUI NâEST PAS RĂPERCUTĂE Ă TOUS LES NIVEAUX DE LA FILIĂRE 1. La hausse et la volatilitĂ© du cours des matiĂšres premiĂšres Lâaugmentation de la population mondiale et surtout, lâĂ©lĂ©vation du niveau de vie dans les pays Ă©mergents ont engendrĂ© une hausse importante et durable de la demande en produits agricoles, et par voie de consĂ©quence, du prix de ces produits. La production mondiale de cĂ©rĂ©ales, en revanche, croĂźt dĂ©sormais moins vite que la consommation, ce qui conduit Ă une rĂ©duction des stocks mondiaux depuis les annĂ©es 2000, et donc Ă des tensions sur le marchĂ© et les prix. Le moindre incident climatique rĂ©duisant les perspectives de rĂ©colte dans une rĂ©gion du monde a donc un effet immĂ©diat sur les prix mondiaux, en raison de rĂ©serves plus limitĂ©es que par le passĂ©. En 2010, une canicule a frappĂ© plusieurs Ătats producteurs et provoquĂ© la plus forte hausse des cours de cĂ©rĂ©ales que le monde avait connue depuis 1973. Pour sa part, le Canada souffrait de fortes inondations. Au final, les seules difficultĂ©s climatiques, exerçant une pression dĂ©jĂ forte due Ă une baisse des stocks mondiaux, ont poussĂ© la tonne de blĂ© Ă la hausse, celle-ci cotant Ă Euronext Ă 223,50 euros la tonne dĂ©but aoĂ»t 2010 contre 130 euros seulement dĂ©but juillet, soit une hausse de 71 % en un mois 4 ! Ă ces facteurs climatiques sâajoutent parfois les dĂ©cisions politiques de certains gouvernements de limiter voire arrĂȘter leurs exportations pour protĂ©ger leur marchĂ© intĂ©rieur des risques dâinflation. Le Gouvernement russe a dĂ©cidĂ© en 2010 de suspendre toute exportation de cĂ©rĂ©ales entre le 15 aoĂ»t et le 31 dĂ©cembre. Cette dĂ©cision a provoquĂ© de vives tensions sur les cours, qui ont Ă©tĂ© dâautant plus importantes que, dans le mĂȘme temps, lâArgentine imposait des quotas Ă lâexportation, pesant Ă©galement sur lâoffre. Les investisseurs financiers qui ont pris position ces derniĂšres annĂ©es sur le marchĂ© des matiĂšres premiĂšres alimentaires ne sont pas les dĂ©clencheurs de la volatilitĂ© des marchĂ©s, mais ils en amplifient les effets, Ă la hausse comme Ă la baisse. Dans un rapport paru en juillet 2011, le groupe dâexperts de haut niveau du ComitĂ© des Nations Unies sur la sĂ©curitĂ© alimentaire mondiale identifiait ainsi la rĂ©gulation de la spĂ©culation sur les marchĂ©s Ă terme comme lâune des solutions pour rĂ©duire la volatilitĂ© des prix alimentaires5. Il invitait notamment les gouvernements Ă lâadoption dâune approche de prĂ©caution », notamment Ă travers une rĂ©glementation plus stricte de la spĂ©culation indiquant que les marchĂ©s Ă terme jouent un rĂŽle central dans la formation des prix alimentaires internationaux et dans la sĂ©curitĂ© alimentaire de trop de personnes pour que leur rĂ©gulation ne soit dictĂ©e que par des considĂ©rations financiĂšres ». 2. Une hausse des coĂ»ts de production Comme lâa indiquĂ© Ă vos rapporteurs, la FĂ©dĂ©ration nationale bovine FNB 6 les coĂ»ts de production ont fortement augmentĂ© en 2012 pour les Ă©leveurs allaitant, se situant plus de 30 % au-dessus de lâannĂ©e de rĂ©fĂ©rence, 2005. La progression est notamment liĂ©e aux postes dâachat pour lâalimentation du bĂ©tail, directement corrĂ©lĂ©e aux prix des cĂ©rĂ©ales et des tourteaux de soja. La hausse du coĂ»t alimentaire Le Centre dâĂ©conomie rurale CER France a toutefois fait remarquer lors de son audition que des Ă©carts significatifs de compĂ©titivitĂ© existent entre les exploitations. Ainsi, il relĂšve des Ă©carts de 45 euros/1 000 litres sur le coĂ»t alimentaire, et entre 60 et 100 euros/1 000 litres au niveau de la marge selon les rĂ©gions et les systĂšmes. Or ces Ă©carts tendent Ă se creuser lorsque les cours des matiĂšres premiĂšres agricoles sont haussiers. Ils notent notamment que les meilleurs subissent la conjoncture, mais demeurent toujours rentables, tandis que pour les moins performants, lâexcĂ©dent brut dâexploitation peine Ă couvrir les annuitĂ©s quelle que soit la conjoncture » 7. 3. Une hausse et une volatilitĂ© des cours des matiĂšres premiĂšres agricoles qui ne sont pas entiĂšrement rĂ©percutĂ©es au long de la chaĂźne de valeur Le secteur laitier se caractĂ©rise par une forte rigiditĂ© de la demande â peu sensible aux variations de prix â et de lâoffre de court terme â liĂ©e au cycle de production. De mĂȘme, le fort impact des coĂ»ts des intrants entraĂźne une rigiditĂ© des coĂ»ts de production. Ces rigiditĂ©s participent, selon les experts, Ă la volatilitĂ© des prix des produits rĂ©alisĂ©s sur les excĂ©dents de stocks â beurre et poudre de lait â qui constituent la variable dâajustement. Quand les cours des matiĂšres premiĂšres agricoles augmentent et que les Ă©leveurs ne peuvent les rĂ©percuter sur le prix du lait ou de la viande, cela engendre un effet ciseau, qui entraĂźne une compression insupportable des marges des Ă©leveurs. Ainsi, le prix du lait en 2012 se situe dans une moyenne haute par rapport aux prix des dix derniĂšres annĂ©es. Le problĂšme rĂ©side essentiellement dans lâabsence de rĂ©percussion des hausses des prix tout au long de la filiĂšre. Il en va de mĂȘme sâagissant de lâĂ©levage allaitant. La progression des cours des gros bovins finis nâa pas permis de rattraper la hausse des charges. DâaprĂšs la FNB, lâindicateur du coĂ»t de production se situe Ă + 58 % par rapport Ă son niveau de rĂ©fĂ©rence de 2005, tandis que les cours des bovins maigres nâont progressĂ© que de lâordre de 10 % par rapport Ă 2010. La FNB estime que par rapport Ă lâexplosion des coĂ»ts de production, les cours moyens des bovins finis devraient se situer Ă environ 4,70 euros par kg carcasse, payĂ© au producteur, alors que la cotation Ă lâentrĂ©e de lâabattoir est de 4 euros. De fait, il existe une dissymĂ©trie des rapports de force Ă©conomique dans les filiĂšres agro-alimentaires. La production agricole est dispersĂ©e face aux quelques transformateurs et distributeurs. Lâexistence de pouvoirs de nĂ©gociation inĂ©gaux a un impact sur la transmission des variations de prix le long des chaĂźnes de valeur. Ce problĂšme de transmission imparfaite des prix est dâautant plus important quand ces marchĂ©s sont confrontĂ©s Ă une forte volatilitĂ©. En outre, comme lâa rappelĂ© lâassociation des producteurs de lait indĂ©pendants APLI lors de son audition par vos rapporteurs, contrairement Ă un cĂ©rĂ©alier par exemple, câest la nature mĂȘme du lait, produit pĂ©rissable et non stockable qui fragilise la position de lâĂ©leveur dans la chaĂźne de la filiĂšre ». Une analyse de juillet 2009 du Centre Ă©tudes et prospectives du ministĂšre de lâagriculture confirme les contraintes liĂ©es aux spĂ©cificitĂ©s du lait pour les producteurs Les caractĂ©ristiques du lait, produit pĂ©rissable et pondĂ©reux, composĂ© Ă 90 % dâeau, induisent des contraintes pour sa collecte. Elle doit ĂȘtre frĂ©quente et rĂ©guliĂšre, sous un dĂ©lai maximal de 72 heures. De ce fait, la premiĂšre transformation ne peut ĂȘtre rĂ©alisĂ©e Ă une distance trop lointaine du lieu de production la transformation du lait au sein des exploitations ne concerne que 2 % de la production. Ainsi, Ă lâexception de quelques rares zones oĂč la densitĂ© laitiĂšre est importante, il nâexiste bien souvent quâune usine de transformation qui collecte la production de lâensemble du bassin de production environnant. Cette contrainte imposĂ©e par la nature du produit rend quasiment impossible la mise en place dâun marchĂ© concurrentiel entre la production et la premiĂšre transformation. Elle place chaque producteur devant le risque dâĂȘtre Ă©vincĂ© de la collecte de son unique » client. En outre, Ă lâinstar de la plupart des autres filiĂšres, les producteurs restent largement atomisĂ©s face Ă une industrie laitiĂšre de plus en plus concentrĂ©e. En France, on comptait 82 600 livreurs de lait en 2008. Face Ă eux, les 4 premiĂšres entreprises laitiĂšres françaises reprĂ©sentaient prĂšs de 41,1 % de la collecte et les 9 premiĂšres 50,4 %. Les relations entre les producteurs et la premiĂšre transformation relĂšvent donc davantage dâun schĂ©ma du marchĂ© captif que de la concurrence pure et parfaite. Cet Ă©tat de fait nâest pas sans consĂ©quence sur la formation du prix payĂ© aux producteurs. Cette question ne concerne bien Ă©videmment pas les structures de transformation coopĂ©ratives contrĂŽlĂ©es par les producteurs eux-mĂȘmes. Il apparaĂźt mĂȘme que la coopĂ©ration, via le dĂ©veloppement ou la prise de contrĂŽle dâoutils de transformation, a historiquement constituĂ© la principale alternative Ă cette dĂ©faillance de marchĂ©. Les coopĂ©ratives laitiĂšres danoises et nĂ©erlandaises sont Ă ce titre exemplaires que ce soit Arla Foods pour les premiers ou Friesland-Campina pour les seconds, dans les deux cas un groupe coopĂ©ratif est en situation de quasi-monopole Ă lâĂ©chelle nationale » 8 Il faut toutefois noter que le rapport 2012 de lâObservatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires, prĂ©sentĂ© en novembre 2012 a pour la premiĂšre fois fait apparaĂźtre les marges nettes de la grande distribution et quâil a montrĂ© une grande variabilitĂ© de la marge nette en fonction du rayon. Cette marge est par exemple nĂ©gative de 1,90 euro pour le rayon boucherie. Observatoire des prix et des marges, 2012 En fait, on observe en France une faible rĂ©percussion des hausses et des baisses de prix aux consommateurs, ce qui explique les compressions des marges des diffĂ©rents acteurs de la chaĂźne de valeur quand les cours sont hauts. En Allemagne au contraire, les prix de dĂ©tail pour le lait liquide, le beurre et les produits ultra frais ont fortement augmentĂ© depuis lâĂ©tĂ© 2012. Ăvolution des prix sur le marchĂ© de dĂ©tail en Allemagne CNIEL Vos rapporteurs ne plaident pas pour une forte augmentation des prix alors que le pouvoir dâachat des consommateurs est trĂšs contraint. NĂ©anmoins, ils estiment quâil faut trouver un Ă©quilibre, un juste prix, qui permette Ă chacun de pouvoir vivre dĂ©cemment de son travail. Ils estiment quâune stagnation des prix du lait ou de la viande alors que les coĂ»ts de production des Ă©leveurs augmentent dĂ©valorise leur travail. C.â LE LAIT LA FIN DâUN CADRE RĂGLEMENTAIRE QUI TERRITORIALISAIT LA PRODUCTION LâĂ©conomie laitiĂšre 9 â une prĂ©sence sur tout le territoire avec des systĂšmes de production diversifiĂ©s ; â 48 000 exploitations spĂ©cialisĂ©es et 24 milliards de litres collectĂ©s 2e producteur europĂ©en ; â un revenu longtemps stable autour de 20 000 euros, devenu volatil depuis 2006 ; â un revenu plutĂŽt faible des Ă©leveurs par rapport Ă leurs principaux concurrents europĂ©ens oĂč la moyenne des revenus sâĂ©tablit Ă prĂšs de 40 000 euros ; â 1 000 entreprises, dont 260 coopĂ©ratives, fabriquent des produits laitiers et emploient 51 000 salariĂ©s ; â la balance commerciale des produits laitiers est excĂ©dentaire de 3,8 milliards dâeuros en 2012. 1. Le systĂšme des quotas a permis de territorialiser la production AprĂšs les crises de surproduction, le secteur laitier a Ă©tĂ© encadrĂ© au niveau europĂ©en par les quotas laitiers en 1984 et des instruments de soutien des prix Ă la production. Les quotas, en rĂ©partissant les droits Ă produire entre les pays, et en les fixant au sol, notamment en France compte tenu du lien fort entre quotas et foncier, ont permis de prĂ©server une rĂ©partition gĂ©ographique Ă©quilibrĂ©e de la production, alors que lâĂ©volution antĂ©rieure avait tendance Ă dĂ©placer les capacitĂ©s de production vers le Nord de lâEurope et plus largement vers le littoral de la mer du Nord et de la Manche. Ces rĂ©gions prĂ©sentent en effet des Ă©lĂ©ments de compĂ©titivitĂ© dĂ©terminants â la prĂ©sence des grands ports dâimportations de cĂ©rĂ©ales et de soja, â le potentiel industriel, En outre, elles sont soumises Ă des contraintes pĂ©doclimatiques qui rendent difficiles les conversions vers dâautres productions. Le lait Ă©tait en revanche menacĂ© dans les rĂ©gions de montagne Ă plus fortes contraintes. Câest la raison pour laquelle des politiques spĂ©cifiques appliquĂ©es aux zones de montagne, en particulier lâindemnitĂ© compensatoire de handicap naturel ICHN, ont Ă©tĂ© mises en place afin de permettre le maintien de cette activitĂ© dans certaines zones Ă fortes contraintes. Cette territorialisation des productions ne sâest pas traduite par une homogĂ©nĂ©isation des structures ni des systĂšmes de production entre pays. Aujourdâhui, dâimportantes divergences existent dans la dimension des exploitations entre lâEurope du Nord et celle du Sud. A cet Ă©gard, la France se situe dans une position mĂ©diane, avec un quota moyen de 350 000 litres de lait par Ă©leveur. Pour autant, comme le souligne la CNE dans son rapport, La supĂ©rioritĂ© de tel ou tel systĂšme de production, structure par pays, nâest absolument pas avĂ©rĂ©e. La seule dĂ©monstration faite tourne autour dâun avantage coĂ»t, liĂ© Ă la productivitĂ© du travail pour un prix du lait donnĂ©, et ceci jusquâĂ un certain seuil autour des 300 000 litres de lait par travailleur et par an, dans les systĂšmes de plaine. En deçà les exploitations peuvent ĂȘtre confrontĂ©es Ă de lourdes charges fixĂ©es Ă lâunitĂ© produite travail et capital. Au-delĂ les charges liĂ©es Ă la capitalisation et lâendettement qui sâen suit, peuvent rendre les systĂšmes extrĂȘmement sensibles et vulnĂ©rables aux variations de prix et coĂ»ts des intrants, comme le montrent les rĂ©sultats Ă©conomiques particuliĂšrement dĂ©sastreux des exploitations danoises en pĂ©riode dâeffondrement des prix du lait. » 2. Les quotas nâont pas empĂȘchĂ© une concentration de lâĂ©levage, qui risque encore de sâaccentuer avec la fin de ce systĂšme En France, un important mouvement de concentration sâest enclenchĂ© depuis 1984 et sâest accentuĂ© depuis les annĂ©es 2000. Le nombre dâexploitations laitiĂšre est ainsi passĂ© de 71 000 en 2000 Ă 47 000 en 2011. En moyenne les exploitations possĂšde dĂ©sormais 52 vaches laitiĂšres en 2011, contre 38 vaches laitiĂšres en 2000. Agreste, CNIEL Le cheptel laitier, lui, ne cesse de diminuer, de 13 % entre 2000 et 2011. Cette baisse du cheptel est toutefois largement compensĂ©e par une hausse des rendements. La majoritĂ© des exploitations laitiĂšres se situe dans le croissant laitier » qui sâĂ©tend de la Bretagne Ă lâAuvergne en passant par la Normandie, le Nord-Pas-de-Calais, la Champagne-Ardenne, lâAlsace-Lorraine, la Franche-ComtĂ© et la partie nord de la rĂ©gion RhĂŽne-Alpes. Le CER France a pointĂ© lâexistence de quatre bassins laitiers en France, hĂ©ritage de la politique des quotas Ă la française aux caractĂ©ristiques et rĂ©sultats trĂšs diffĂ©rents. CER France Les exploitations laitiĂšres ont rĂ©alisĂ© un effort dâinvestissement continu depuis dix ans, notamment dans le matĂ©riel et les bĂątiments dâĂ©levage. Ces investissements ont entraĂźnĂ© une nette progression du taux dâendettement et des annuitĂ©s. Cette exigence de remboursement, dans un contexte de plus en plus volatil, fragilise les trĂ©soreries, au point dâentraĂźner des arrĂȘts dâexploitations. Ăvolution de la capacitĂ© dâautofinancement CER France Surtout, la fin des quotas en 2015 et la rĂ©forme de la PAC en cours participent Ă un climat dâincertitudes quant Ă lâavenir de la filiĂšre laitiĂšre. La restructuration des outils industriels permise par la fin des quotas et donc de la gestion des volumes au niveau dĂ©partemental pourrait entraĂźner une spĂ©cialisation dans la production laitiĂšre dans certaines rĂ©gions et une forte dĂ©prise dans les zones intermĂ©diaires de montagne. D.â LA VIANDE, UNE DĂCAPITALISATION INQUIĂTANTE 1. Lâimportance du troupeau allaitant français La France dĂ©tient le plus gros cheptel reproducteur bovin de lâUnion europĂ©enne, avec 4 100 000 vaches allaitantes et 3 600 000 vaches laitiĂšres, soit 34 % des vaches allaitantes, et 22 % des vaches de lâUE. Elle est nĂ©anmoins devenue importatrice nette de viande bovine depuis les annĂ©es 2000 au niveau europĂ©en 10. Ăchanges intra communautaires de viande bovine en 2011 FranceAgriMer LâĂ©levage allaitant est majoritairement prĂ©sent dans les zones intermĂ©diaires et les zones de montagne. Trois espaces assurent la majeure partie de la production la pĂ©riphĂ©rie du bassin laitier breton ; le bassin charolais et le bassin limousin. LâĂ©levage allaitant est Ă©galement prĂ©sent en Lorraine et dans les contreforts du massif pyrĂ©nĂ©en. De mĂȘme que pour le cheptel laitier, un mouvement de concentration est Ă lâĆuvre depuis plusieurs dizaines dâannĂ©es. La taille moyenne des troupeaux sâaccroĂźt rĂ©guliĂšrement, passant de 26 vaches allaitantes en 2000 Ă 34 vaches en 2010. En ce qui concerne le cheptel allaitant, une diminution est Ă©galement en cours depuis 2010, qui sâest accentuĂ©e avec la sĂ©cheresse du printemps 2011. Dâune part les prairies ne suffisaient plus Ă lâalimentation des bovins mis Ă lâherbe et, dâautre part, la pousse sur les prairies destinĂ©es au fauchage a Ă©tĂ© insuffisante, entraĂźnant un dĂ©ficit de stocks de fourrages futurs. Les abattages de gros bovins marquent une tendance Ă la baisse sur une longue pĂ©riode, dans le sillage de la baisse du cheptel. Les abattages de jeunes bovins ont Ă©galement diminuĂ© sur cette pĂ©riode en raison dâune production en baisse en 2011 mais aussi de lâaugmentation des exportations en vif, notamment vers la Turquie. Les viandes produites Ă partir du troupeau de vaches allaitantes reprĂ©sentent aujourdâhui 58 % du total des viandes produites en France. Ce chiffre sâĂ©levait Ă 52 % au milieu des annĂ©es 1990. Le reste de la production est assurĂ© par lâabattage des vaches laitiĂšres de rĂ©forme. Lâimportance des apports sur le marchĂ© des vaches de rĂ©forme pĂšse sur le marchĂ© de la viande bovine issue de races Ă viande. Ainsi, en 2009, lorsque le prix du lait Ă©tait faible, les Ă©leveurs se sont sĂ©parĂ©s de maniĂšre anticipĂ©e des vaches les plus ĂągĂ©es, les moins productives, et ceci a pesĂ© Ă la baisse sur les prix de la viande bovine issue du cheptel allaitant. 2. Une production haut de gamme et peu dâactivitĂ©s dâengraissement La production française de viande bovine ne correspond pas Ă la consommation domestique. Ainsi, on assiste Ă des importations de femelles et Ă lâexport de jeunes bovins et de gĂ©nisses. La production française a renforcĂ© son potentiel et sa spĂ©cificitĂ© qui consiste Ă faire naĂźtre des animaux. MalgrĂ© lâexportation dâun grand nombre de broutards, 65 % des tonnages de viande produits en France correspondent Ă des produits du troupeau allaitant, et donc Ă des viandes dites de haut de gamme, issues de carcasses bien conformĂ©es. Or ces caractĂ©ristiques ne sont pas nĂ©cessairement en harmonie, en termes de prix, avec les attentes exprimĂ©es par la grande distribution, qui elle-mĂȘme assure 62 % de la consommation totale. Les caractĂ©ristiques de ces viandes issues du troupeau allaitant ont notamment de grandes difficultĂ©s Ă correspondre aux exigences de prix exprimĂ©es par la restauration collective de type scolaire et institutionnelle. La production de viande bovine française se trouve ainsi prise en tenaille entre une rĂ©ponse Ă des attentes qualitatives et des exigences de prix. Cette situation est aggravĂ©e par la distorsion de concurrence qui existe avec lâAllemagne, oĂč le recours massif Ă une main-dâĆuvre Ă©trangĂšre Ă bas coĂ»t par les industries de lâabattage et de la transformation leur permet de rĂ©aliser un gain de 9 centimes par kilo Ă©quivalent de carcasse par rapport Ă la France 11. La relance de lâengraissement des jeunes bovins est une piste rĂ©guliĂšrement explorĂ©e pour amĂ©liorer la situation des Ă©leveurs. Elle est dĂ©fendue notamment par les jeunes agriculteurs. Cette relance de lâengraissement rĂ©pond Ă une volontĂ© de rapatrier la valeur ajoutĂ©e sur le territoire national. Dans une Ă©tude datant de 2008 portant sur lâavenir de lâengraissement des jeunes bovins en France, lâOffice de lâĂ©levage 12 identifiait les facteurs clefs de succĂšs de projets de renforcement de lâengraissement La premiĂšre difficultĂ© tient aux besoins de trĂ©sorerie des exploitants. Lâengraissement allonge en effet le dĂ©lai de prĂ©sence des animaux sur lâexploitation au lieu de vendre des broutards entre 8 et 12 mois, lâĂ©leveur doit les garder une annĂ©e de plus. La deuxiĂšme difficultĂ© tient Ă la nĂ©cessitĂ© dâadapter les bĂątiments dâĂ©levage Ă la nouvelle capacitĂ© de lâexploitation, ce qui suppose de nouveaux investissements. La troisiĂšme difficultĂ© consiste Ă disposer de plus dâalimentation animale ce qui se heurte Ă une insuffisante production de protĂ©agineux, rendant nĂ©cessaire lâimportation de tourteaux de colza, riches en protĂ©ines. La quatriĂšme difficultĂ© tient Ă la concentration des risques Ă©conomiques sur lâĂ©leveur puisque lâengraissement expose davantage lâĂ©leveur aux alĂ©as de la conjoncture, quâils soient climatiques ou Ă©conomiques. II.â DâINDĂNIABLES OPPORTUNITĂS QUI DOIVENT ĂTRE EXPLOITĂES A.â LA DEMANDE DES CONSOMMATEURS POUR DES PRODUITS TRACĂS ET DE QUALITĂ 1. Un Ă©tiquetage obligatoire des produits transformĂ©s Ă base de bĆuf Depuis la crise de la vache folle, lâĂ©tiquetage de lâorigine de la viande bovine fraĂźche, câest-Ă -dire non transformĂ©e, est obligatoire en vertu des rĂšglements CE 820/97 et 1 760/2000 13. Lâinformation du consommateur, en particulier par lâĂ©tiquetage des viandes, rĂ©sulte de trois rĂšglements europĂ©ens. Cadre rĂ©glementaire actuel de lâUnion en matiĂšre dâinformation du consommateur â Le rĂšglement CE n° 178/2002 sur les principes gĂ©nĂ©raux de la lĂ©gislation alimentaire et de la sĂ©curitĂ© des denrĂ©es alimentaires, qui dispose que la lĂ©gislation alimentaire doit permettre aux consommateurs de choisir leurs denrĂ©es en connaissance de cause et doit empĂȘcher toute pratique susceptible dâinduire le consommateur en erreur. Ce rĂšglement prĂ©voit aussi quâil appartient aux exploitants de sâassurer quâils rĂ©pondent aux exigences applicables de la lĂ©gislation alimentaire et quâil incombe aux Ătats membres de garantir lâapplication de cette lĂ©gislation ainsi que de contrĂŽler et de vĂ©rifier que les exigences ad hoc sont respectĂ©es Ă toutes les Ă©tapes de la production, de la transformation et de la distribution ; â la directive 2000/13/CE sur lâĂ©tiquetage des denrĂ©es alimentaires, qui prĂ©voit que celui-ci ne doit pas ĂȘtre de nature Ă induire le consommateur en erreur et que tous les ingrĂ©dients doivent figurer sur lâĂ©tiquette des denrĂ©es alimentaires prĂ©emballĂ©es destinĂ©es au consommateur final ; â le rĂšglement CE n° 1169/2011 concernant lâinformation des consommateurs sur les denrĂ©es alimentaires ; ce rĂšglement, qui nâest pas encore entrĂ© en vigueur, remplace un certain nombre dâactes antĂ©rieurs, dont la directive 2000/13/CE. Il introduit lâobligation dâindiquer le pays dâorigine Ă partir du 31 dĂ©cembre 2013 pour les viandes fraĂźches des espĂšces porcine, ovine, caprine et de volailles pour lâespĂšce bovine, cette obligation a Ă©tĂ© introduite dans un rĂšglement sĂ©parĂ© Ă la suite de la crise de lâESB. Ces dispositions ne sâappliquent pas, cependant, Ă la viande en tant quâingrĂ©dient dans les produits transformĂ©s. En vertu de ces rĂšglements, la Commission doit prĂ©senter un rapport au Parlement europĂ©en et au Conseil sur lâindication obligatoire des pays dâorigine et du lieu de provenance pour la viande utilisĂ©e en tant quâingrĂ©dient. Ce rapport est attendu au plus tard le 13 dĂ©cembre 2013. LâamĂ©lioration de lâinformation du consommateur Ă©tait donc envisagĂ©e avant le scandale dit de la viande de cheval ». LâactualitĂ© a cependant transformĂ© cette Ă©ventualitĂ© en impĂ©ratif. Le scandale de la viande de cheval Le 15 janvier 2013, lâautoritĂ© irlandaise de sĂ©curitĂ© des aliments a annoncĂ© avoir dĂ©couvert de lâADN de cheval dans un certain nombre de steaks hachĂ©s de bĆuf vendus dans de grandes chaĂźnes de supermarchĂ©s. DĂ©but fĂ©vrier, dâautres cas de viande de cheval dĂ©tectĂ©e dans des produits dont lâĂ©tiquette indiquait la prĂ©sence de viande de bĆuf ont Ă©tĂ© signalĂ©s au Royaume-Uni puis en France. Plusieurs analyses ont donc Ă©tĂ© effectuĂ©es pour vĂ©rifier, dans toute lâUnion, le contenu exact des produits Ă base de viande transformĂ©e. De la viande de cheval a Ă©tĂ© dĂ©celĂ©e dans un large Ă©ventail de denrĂ©es alimentaires. La prĂ©sence illĂ©gale de viande de cheval dans les denrĂ©es alimentaires a soulevĂ© dâautres questions liĂ©es Ă la sĂ©curitĂ© alimentaire. Un sujet a notamment suscitĂ© des inquiĂ©tudes la prĂ©sence Ă©ventuelle de traces de phĂ©nylbutazone dans la chaĂźne alimentaire, soupçons qui se sont avĂ©rĂ©s dans au moins un cas en France. La phĂ©nylbutazone est un anti-inflammatoire vĂ©tĂ©rinaire administrĂ© aux chevaux, qui prĂ©sente cependant des risques potentiellement graves quoique rares pour la santĂ© des personnes. En vertu de la lĂ©gislation de lâUnion, les chevaux auxquels ce mĂ©dicament a Ă©tĂ© administrĂ© doivent ĂȘtre exclus dĂ©finitivement de la chaĂźne alimentaire. Pour faire face Ă cette situation, il a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© de procĂ©der Ă des analyses sur des viandes et des produits Ă base de viande dans lâensemble de lâUnion, Ă la suite de propositions formulĂ©es par la Commission et aprĂšs consultation des Ătats membres au sein des comitĂ©s de rĂ©glementation concernĂ©s. En effet, le scandale de la viande de cheval, et la chute impressionnante des ventes de tous les produits transformĂ©s Ă base de bĆuf ont montrĂ© que les Français sont toujours plus exigeants sur la sĂ©curitĂ© et sur la qualitĂ© des produits. Comme lâa indiquĂ© Interbev lors de son audition, que les Français sâapprovisionnent auprĂšs dâune chaĂźne alimentaire devenue complexe ou quâils privilĂ©gient les circuits courts et un approvisionnement de proximitĂ©, tous ont besoin des mĂȘmes sĂ©curitĂ©s. Leur demande se diversifie et ils sont aussi de plus en plus attentifs aux conditions de production. Vos rapporteurs estiment impĂ©ratif que la Commission accĂ©lĂšre la remise de ce rapport, premiĂšre Ă©tape nĂ©cessaire avant la prĂ©sentation dâune proposition lĂ©gislative. Il convient dâautoriser au plus vite lâĂ©tiquetage viande bovine française » VBF pour lâensemble des produits, nĂ©s, Ă©levĂ©s, abattus et transformĂ©s en France. 2. Une politique de la qualitĂ© Le lait destinĂ© aux fabrications de produits appellation dâorigine contrĂŽlĂ©e AOC et le lait bio, mĂȘme plus chers, rĂ©sistent mieux que le lait conventionnel quand les prix se contractent. En Allemagne, par exemple, le prix du lait bio a chutĂ© de 22 % en 2009 contre 40 % pour le marchĂ© conventionnel. Lors de son audition par vos rapporteurs, Mme Massat, prĂ©sidente de lâassociation nationale des Ă©lus de la montagne ANEM, a fait observer que lâon constate invariablement que les exploitations laitiĂšres de montagne en appellation dâorigine protĂ©gĂ©e AOP ou indication gĂ©ographique protĂ©gĂ©e IGP rĂ©sistent mieux aux crises. Ainsi, lâInstitut de lâĂ©levage relĂšve quâen Franche-ComtĂ©, le prix du lait a continuĂ© Ă augmenter plus 20 euros par 1 000 litres en 2010, passant la barre des 40 000 euros de revenu par unitĂ© de main-dâĆuvre. Ces types de production sont loin dâĂȘtre marginaux puisque le lait sous AOP-IGP concerne 10 % de la production totale de lait mais 30 % du lait de montagne. CNIEL En France, le lait bio reste une production relativement marginale 1,9 % de la collecte, contrairement Ă certains pays de lâUnion europĂ©enne. LâAllemagne, le Danemark et lâAutriche produisent Ă eux seuls la moitiĂ© de la production europĂ©enne 2,5 millions de litres en 2008, ce qui reprĂ©sente jusquâĂ 10 % de la collecte de lait en Autriche 14. En 2008, le lait bio reprĂ©sentait en France 5 % de la consommation de lait liquide. 30 % de la consommation française est importĂ©e, ce qui montre que le marchĂ© existe et quâil se dĂ©veloppe. Les mĂȘmes constats sâappliquent Ă la viande bovine. Il existe 21 IGP en viande bovine, selon lâInstitut national de lâorigine et de la qualitĂ© INAO. La qualitĂ© peut aussi ĂȘtre attestĂ©e par le label, du type label rouge », qui garantit le respect par le producteur dâun cahier des charges exigeant. Vos rapporteurs estiment en consĂ©quence que lâencouragement Ă la valorisation du lait et de la viande en produits certifiĂ©s doit constituer donc un objectif prioritaire comme rĂ©ponse Ă la disparition des quotas, en particulier dans les zones difficiles, oĂč les coĂ»ts de collecte sont plus Ă©levĂ©s. 3. Favoriser les circuits de proximitĂ© Selon le ministĂšre de lâagriculture, est considĂ©rĂ© comme circuit court un mode de commercialisation des produits agricoles qui sâexerce soit par la vente directe du producteur au consommateur, soit par la vente indirecte, Ă condition quâil nây ait quâun seul intermĂ©diaire. LâANEM estime que les circuits courts de type AMAP association pour le maintien dâune agriculture paysanne correspondent Ă un dĂ©bouchĂ© en pleine expansion quâil faudrait accentuer dans le secteur des produits laitiers, en ce quâils apportent satisfaction Ă la fois au consommateur et au producteur ; ce que rĂ©sumait assez bien un exposant au Salon de lâagriculture en montagne, le reblochon achetĂ© 3,60 euros chez le producteur est vendu 16 Ă 18 euros en grande surface et jusquâĂ 24 euros en crĂ©merie. Si je le vends 11,50 euros, tout le monde sây retrouve » 15. Le lait liquide ne voyage pas ou trĂšs peu. Cette contrainte commerciale peut aussi se transformer en atout lorsque le lait est valorisĂ© comme un produit de proximitĂ©. Comme lâindiquait le rapport du sĂ©nateur M. Jean Bizet, la valorisation locale peut se faire de façon implicite, comme câest le cas au Royaume-Uni, qui a pour caractĂ©ristique dâĂȘtre un pays gros consommateur de lait frais pasteurisĂ© et par consĂ©quent Ă durĂ©e de conservation courte 16. Le lait consommĂ© au Royaume-Uni est donc par nĂ©cessitĂ© un lait produit localement. Il en va de mĂȘme en Autriche. Ce mĂȘme rapport montrait que la valorisation peut aussi ĂȘtre explicite comme câest le cas chez certaines grandes enseignes commerciales qui vendent du lait de montagne » ou bien encore en Alsace, oĂč, avec lâappui des autoritĂ©s locales, les laiteries ont proposĂ© du lait dâAlsace ». Cette initiative rencontrerait un succĂšs certain. Dans le mĂȘme ordre dâidĂ©e, il faut citer lâexpĂ©rience des tanks » de distribution directe, sortes de distributeurs automatiques de lait, qui permettent de livrer du lait frais pasteurisĂ©, sans intermĂ©diaire, ni conditionnement 17. Un nouveau dĂ©bouchĂ© doit Ă©galement sâouvrir en prioritĂ© Ă la filiĂšre viande française celui de la restauration collective. En effet, alors mĂȘme que les enjeux politiques dâune relocalisation de lâapprovisionnement de la restauration collective sont nombreux, 80 % de la viande consommĂ©e en restauration collective est issue de lâimportation 18, malgrĂ© lâengagement de certaines enseignes comme McDonaldâs, qui sâapprovisionnent en viande hachĂ©e sur le marchĂ© français. Pour favoriser lâapprovisionnement de la restauration collective via les circuits courts, le code des marchĂ©s publics a Ă©tĂ© modifiĂ© par dĂ©cret le 25 aoĂ»t 2011. Il donne la possibilitĂ© aux acheteurs de retenir parmi les critĂšres de choix de lâoffre Ă©conomiquement la plus avantageuse, les performances en matiĂšre de dĂ©veloppement des approvisionnements directs de produits de lâagriculture.» La notion de circuits courts ne dĂ©signe donc pas une prĂ©fĂ©rence locale, ce qui serait contraire aux rĂšgles europĂ©ennes de la commande publique, mais un mode de distribution. La Commission des affaires Ă©conomiques a auditionnĂ© le 20 fĂ©vrier 2013 le prĂ©sident du Conseil gĂ©nĂ©ral du Gers de lâĂ©poque, M. Philippe Martin, qui a mis en place une opĂ©ration intĂ©ressante visant Ă servir depuis le 1er janvier 2009, des repas de saison, biologiques, labellisĂ©s et locaux dans les restaurants scolaires des 19 collĂšges du Gers. Vos rapporteurs suggĂšrent de dĂ©velopper les circuits courts et les filiĂšres de qualitĂ© au sein de la restauration hors foyers, notamment en utilisant la possibilitĂ© ouverte par le dĂ©cret du 25 aoĂ»t 2011. B.â DES MARCHĂS EN CROISSANCE 1. Des marchĂ©s en croissance En moyenne, Ă lâĂ©chelle mondiale, sont consommĂ©s, par habitant et par an, 100 litres de lait ou Ă©quivalents et 42 kg de viande, dont 9 kilos de viande bovine. Cette consommation est trĂšs inĂ©galement rĂ©partie. Les Français consomment par exemple 300 litres Ă©quivalents de lait et 24 kilos de viande bovine. Le niveau de la consommation de protĂ©ines animales atteint en France et dans les pays dĂ©veloppĂ©s nâest pas nĂ©cessairement gĂ©nĂ©ralisable, mais les experts misent sur une forte croissance de la demande mondiale et sur le maintien dâun haut niveau dâexigence qualitative. La progression de la consommation des protĂ©ines dâorigine animale sur la planĂšte a dâailleurs Ă©tĂ© forte cette derniĂšre dĂ©cennie entre 2 et 3 % par an, en lait comme en viande. Selon la FAO et lâOCDE, la croissance devrait ĂȘtre la mĂȘme, voire supĂ©rieure Ă lâhorizon 2020. Dans les pays Ă©mergent, Ă faible diversification alimentaire, lâaugmentation de la consommation de produits laitiers et de viande suit lâaugmentation du pouvoir dâachat et lâĂ©mergence des classes moyennes. a Le lait La production mondiale de lait, de lâordre de 440 millions de tonnes en 2010, progresse rĂ©guliĂšrement, approximativement Ă la mĂȘme vitesse que la population mondiale. LâUnion europĂ©enne est le principal producteur avec 135 millions de tonnes, devant les Ătats-Unis â 88 millions de tonnes â et lâInde â 50 millions. La France et lâAllemagne sont les deux grandes industries laitiĂšres de lâUE. Les Ă©changes sont en croissance en volume et en valeur. Ils sont rĂ©alisĂ©s essentiellement sous la forme de trois types de produits â les fromages et les poudres grasses, pour Ă la fois la matiĂšre grasse et la matiĂšre protĂ©ique du lait ; â le beurre pour la matiĂšre grasse ; â la poudre de lait Ă©crĂ©mĂ© pour la protĂ©ine. La CNE a soulignĂ© que Les poudres grasses ou Ă©crĂ©mĂ©es sont largement produites pour les Ă©changes internationaux, puisque pour ces produits les Ă©changes portent sur une trĂšs forte proportion de la production mondiale respectivement 50 et 40 %. En revanche, en beurre et fromages, le commerce international ne porte que sur 10 % des volumes produits. LâEurope et les Ătats-Unis, grands producteurs de fromages produisent dâabord pour leur marchĂ© intĂ©rieur. De mĂȘme pour ce qui concerne la production beurre de lâEurope et de lâInde. Il nâen demeure pas moins que lâEurope a pu exporter des volumes plus importants de fromages ces derniĂšres annĂ©es, en rĂ©pondant Ă une demande de nouveaux consommateurs Ă bon pouvoir dâachat dans les pays en croissance. De nouveaux marchĂ©s sâouvrent, y compris sur des produits industriels de qualitĂ© porteurs de valeur ajoutĂ©e ainsi du marchĂ© des poudres infantiles en » CNE b La viande bovine Au cours des annĂ©es 2000, la consommation mondiale globale de viandes a progressĂ© au rythme annuel de 2,3 % pour atteindre 286 millions de tonnes en 2010. Elle correspond Ă une consommation de 42 kg Ă©quivalent carcasse par habitant. LâOCDE et la FAO prĂ©voient pour la dĂ©cennie Ă venir que la consommation mondiale de viande continuera dâenregistrer lâun des taux les plus Ă©levĂ©s de croissance parmi les principales denrĂ©es agricoles. Il est estimĂ© Ă 1,5 % pour la viande bovine. Ces deux organisations prĂ©voient Ă©galement la poursuite de la forte tendance Ă la hausse des prix de la viande bovine sur le marchĂ© mondial. Cette dynamique se traduit par un resserrement des prix mondiaux, ce qui constitue une vĂ©ritable rupture. Ce mouvement est enclenchĂ© depuis 2009 avec une forte hausse des prix chez les trois principaux exportateurs mondiaux BrĂ©sil, Australie, Ătats-Unis. En deux ans, les prix brĂ©siliens ont doublĂ© pour se rapprocher des prix europĂ©ens fin 2010. Dans son rapport datĂ© de 2012 sur lâanalyse stratĂ©gique de la filiĂšre de la viande bovine, le Conseil gĂ©nĂ©ral de lâalimentation, de lâagriculture et des espaces ruraux CGAAER souligne que les pays du Moyen-Orient et du Maghreb constituent des cibles privilĂ©giĂ©es, compte tenu de leur proximitĂ© et de leur appartenance Ă la zone de chalandise naturelle de lâEurope ». Ces pays vont sensiblement augmenter leurs importations dans les annĂ©es Ă venir, offrant une vĂ©ritable opportunitĂ© pour la filiĂšre française. 2. Des opportunitĂ©s pour la filiĂšre française a La viande La France, forte de son troupeau allaitant, est sans doute lâun des pays europĂ©ens les mieux placĂ©s pour bĂ©nĂ©ficier des opportunitĂ©s offertes par le marchĂ© mondial. Si du fait de la baisse structurelle de la production liĂ©e Ă la baisse du cheptel laitier, la filiĂšre viande est dĂ©ficitaire depuis 2003 en termes de volume, elle est largement excĂ©dentaire sâagissant des races Ă viande. Ce rĂ©sultat est directement liĂ© aux exportations dâanimaux maigres mais aussi de jeunes bovins, Ă forte valeur ajoutĂ©e. PrĂšs dâun tiers des veaux nĂ©s du cheptel allaitant français sont exportĂ©s, principalement vers lâItalie et lâEspagne, et plus rĂ©cemment, vers les pays tiers. La FNB estime que pour conforter la production de la filiĂšre, il est indispensable de renforcer les moyens engagĂ©s pour rechercher et dĂ©velopper ces nouveaux dĂ©bouchĂ©s. Elle suggĂšre en consĂ©quence dâamplifier lâaction du GEF groupement export France créé en 2011 par la filiĂšre bovine. Vos rapporteurs sont convaincus quâil est Ă©galement important de maintenir la mobilisation active des services de lâĂtat pour obtenir la nĂ©gociation des certificats sanitaires indispensables Ă lâouverture des marchĂ©s, et entreprendre les dĂ©marches diplomatiques essentielles pour les relations commerciales au plan mondial. b Le lait LâEurope du Nord et particuliĂšrement la France disposent des meilleurs atouts pour lâaprĂšs quotas en raison de leur savoir-faire, de leurs potentiels humains et pĂ©doclimatiques, et de leurs outils industriels. Le solde commercial des produits laitiers constitue le troisiĂšme excĂ©dent agroalimentaire français, en augmentation rĂ©guliĂšre. Les fromages assurent 1,5 milliard dâeuros des 3,7 milliards dâeuros du solde positif du commerce extĂ©rieur devant les produits frais qui reprĂ©sentent le deuxiĂšme poste positif, avec prĂšs de 450 millions dâeuros, et les laits Ă©crĂ©mĂ©s. LâAllemagne, la Pologne, lâEspagne et la Grande-Bretagne sont les principaux partenaires de la France. Au dĂ©but des annĂ©es 2000, le lait français nâĂ©tait pas compĂ©titif sur le marchĂ© mondial, ce qui explique que les exportations françaises sont destinĂ©es Ă 75 % Ă lâUE. LâĂ©cart de compĂ©titivitĂ© avec lâOcĂ©anie sâest nĂ©anmoins sensiblement resserrĂ© depuis 2006, ce qui explique quâon observe ces derniĂšres annĂ©es une nette progression des exportations françaises vers les pays tiers. En 2011, les exportations de la France vers lâUE et le reste du monde se sont Ă©levĂ©es Ă 10,2 milliards de litres Ă©quivalents de lait, soit 42,5 % de la collecte, alors que les importations ont Ă©tĂ© de 5,2 milliards de litres. Service Ă©conomique du CNIEL, juin 2013 Le mix produits » de la France compte une part importante de produits industriels 30 % des fabrications, contre 20 % en Allemagne, dont la valorisation est en lien direct avec les marchĂ©s mondiaux. Les autres produits fabriquĂ©s sont des produits de grande consommation Ă forte valeur ajoutĂ©e lait, yaourt, fromages. Le paradoxe français est dâavoir historiquement des entreprises nationales puissantes sur le plan mondial, trĂšs implantĂ©es industriellement sur les diffĂ©rents continents, innovantes en termes de produits qui dĂ©gagent de la valeur ajoutĂ©e, mais qui se sont peu positionnĂ©es sur les segments des poudres et des fromages standard qui sâĂ©changent le plus sur le marchĂ© mondial. Les personnes auditionnĂ©es par vos rapporteurs ont nĂ©anmoins indiquĂ© que la France dĂ©veloppe ces activitĂ©s de poudres, Ă trĂšs haute valeur ajoutĂ©e, notamment Ă destination du lait infantile. Eurostat/CNIEL Dans ce contexte gĂ©nĂ©ral de demande soutenue, vos rapporteurs estiment que la formation dâun groupement dâintĂ©rĂȘt Ă©conomique en charge de la promotion des produits laitiers et de la recherche de nouveaux marchĂ©s permettrait de dynamiser plus encore les exportations françaises. 20 III.â LES CONDITIONS DE LA REPRISE A.â LâAMĂLIORATION DES RAPPORTS PRODUCTEURS â FOURNISSEURS â DISTRIBUTEURS 1. La table ronde fournisseur distributeurs, une aide bienvenue mais ponctuelle La table ronde organisĂ©e par le mĂ©diateur des relations commerciales agricoles le 8 avril 2013 est intervenue dans un contexte tendu, celui du ciseau insoutenable de lâaugmentation des charges et de lâinsuffisante rĂ©percussion Ă la hausse des prix de vente du lait. Pour leur part, les transformateurs dĂ©noncent des nĂ©gociations avec les distributeurs de plus en plus tendues au fil des annĂ©es. Le mĂ©diateur des relations commerciales agricoles a nĂ©anmoins pu proposer le 26 avril Ă lâensemble des intervenants de la filiĂšre laitiĂšre un dispositif permettant de financer un relĂšvement immĂ©diat de 25 euros du prix payĂ© aux producteurs laitiers pour 1 000 litres de lait collectĂ©s. Au 1er juin, les distributeurs ont acceptĂ© une hausse des prix payĂ©s aux industriels de 3 centimes le litre de lait de consommation et de 2 centimes le litre de lait intĂ©grĂ© aux produits transformĂ©s, en fonction de coefficients techniques de transformation. Les producteurs devraient en Ă©change sâengager Ă ne pas perturber lâactivitĂ© des distributeurs et des industriels pendant la durĂ©e de lâaccord. Globalement les hausses envisagĂ©es par le dispositif du mĂ©diateur correspondraient Ă une enveloppe de lâordre de 300 millions dâeuros. Il sâagit dâune solution utile et bienvenue pour les producteurs mais ponctuelle, qui ne rĂ©sout pas les problĂšmes de fond de la filiĂšre. 2. Lâinnovation du projet de loi relatif Ă la consommation, la clause de renĂ©gociation en cas de volatilitĂ© des matiĂšres premiĂšres Lâaccord, signĂ© sur la base du volontariat en prĂ©sence du ministre de lâagriculture le 3 mai 2011, entre treize organisations professionnelles reprĂ©sentant agriculteurs, industriels et secteur de la distribution et qui prĂ©voit la rĂ©ouverture des nĂ©gociations commerciales entre ces diffĂ©rents partenaires lorsque les prix de lâalimentation animale dĂ©passent un certain niveau, Ă la hausse comme Ă la baisse est peut-ĂȘtre une piste intĂ©ressante pour limiter lâimpact nĂ©gatif de lâaugmentation du coĂ»t des matiĂšres premiĂšres sur les Ă©leveurs. Il faut pour cela que les prix de lâalimentation animale soit de plus ou moins 10 % par rapport au mĂȘme mois de lâannĂ©e prĂ©cĂ©dente et pendant trois mois consĂ©cutifs. Par ailleurs, lâĂ©volution de la part du coĂ»t de lâalimentation dans le prix Ă la production doit se situer Ă plus ou moins 10 %, au-delĂ ou en deçà dâune rĂ©fĂ©rence préétablie. Un corridor de prix est alors dĂ©fini de maniĂšre Ă lisser lâimpact de la volatilitĂ© des cours des matiĂšres premiĂšres agricoles au profit des filiĂšres des viandes bovine, avicole et porcine. Cet accord dont le champ dâapplication est restreint repose nĂ©anmoins sur une base volontaire. Le projet de loi relatif Ă la consommation qui a Ă©tĂ© adoptĂ© en premiĂšre lecture Ă lâAssemblĂ©e nationale le 2 juillet 2013 prĂ©voit donc une clause de renĂ©gociation en cas de fortes variations des prix des matiĂšres premiĂšres agricoles. Comme lâa indiquĂ© notre collĂšgue Mme Annick Le Loch, rapporteure de ce texte sâagissant des aspects relatifs Ă la loi de modernisation de lâĂ©conomie Le nouvel article L. 441-8 du code de commerce est fondamental et rĂ©pond parfaitement aux inquiĂ©tudes que les producteurs de fruits et lĂ©gumes notamment mais la situation des Ă©leveurs et des producteurs de produits dâorigine animale, comme le lait, a Ă©galement pu ĂȘtre affectĂ©e ont pu manifester au cours des annĂ©es rĂ©centes. ⊠Afin dâĂ©viter toute dĂ©rive lors de la rĂ©ouverture des nĂ©gociations, il est Ă©galement prĂ©vu que la clause de renĂ©gociation fasse rĂ©fĂ©rence Ă un ou plusieurs indices publics des prix des produits agricoles ou alimentaires », dĂ©finis par exemple par FranceAgriMer, lâObservatoire de formation des prix et des marges ou tout autre structure comparable. LâobjectivitĂ© des indices ainsi dĂ©finis devrait permettre aux diffĂ©rents acteurs de pouvoir nĂ©gocier en toute transparence, sur des bases non sujettes Ă caution. Afin de garantir que ces nĂ©gociations soient menĂ©es de bonne foi, il est par ailleurs prĂ©cisĂ© quâun compte rendu doit ĂȘtre Ă©tabli afin dâen retracer les Ă©tapes et les points de vue, celui-ci pouvant sâavĂ©rer particuliĂšrement utile, notamment pour permettre aux autoritĂ©s compĂ©tentes voire au juge dâapprĂ©cier le caractĂšre sincĂšre et constructif des discussions ainsi menĂ©es. » Les contrats tripartites entre les producteurs, les transformateurs et les distributeurs SystĂšme U a convenu en 2010 un accord tripartite avec le groupement de producteurs Biolait et la laiterie de Saint-Denis de LâHĂŽtel. Nous nous engagions pour la premiĂšre fois sur une marque de lait bio de production française. Pour sĂ©curiser les producteurs sur le prix, et en mĂȘme temps inciter Ă la conversion un certain nombre dâĂ©leveurs du conventionnel vers le bio, nous avons voulu prĂ©voir dans nos contrats 3 centimes dâeuros supplĂ©mentaires, orientĂ©s directement vers les producteurs. » Le mĂ©canisme a si bien fonctionnĂ© quâen trois ans, Biolait, au dĂ©part surtout localisĂ© dans le Grand Ouest et dĂ©sormais sur toute la France, est passĂ© de 700 Ă 1 200 producteurs. Aujourdâhui, le nombre dâĂ©leveurs Ă©tant jugĂ© suffisant pour remplir les demandes de volume, lâaccord qui visait Ă aider Ă la conversion ne va pas ĂȘtre reconduit. Le prix payĂ© au producteur lui devrait ĂȘtre maintenu il est fixĂ© Ă 43 centimes dâeuros le litre, contre 31,5 centimes dans le conventionnel 21. Vos rapporteurs saluent lâintroduction de cette clause de renĂ©gociation dans le droit français. 3. Le fonds de solidaritĂ© cĂ©rĂ©aliers- Ă©leveurs, une pĂ©rĂ©quation intĂ©ressante Suite Ă la hausse des cours constatĂ©e au printemps 2012, un regroupement de producteurs de cĂ©rĂ©ales et dâolĂ©agineux, lâORAMA fĂ©dĂ©rant trois associations spĂ©cialisĂ©es dĂ©pendant du syndicat majoritaire au sein des chambres dâagriculture lâAGPB, lâAssociation GĂ©nĂ©rale des Producteurs de BlĂ©, lâAGPM, lâAssociation GĂ©nĂ©rale des Producteurs de MaĂŻs et la FOP, FĂ©dĂ©ration française des producteurs dâolĂ©agineux et de protĂ©agineux a proposĂ© le 30 aoĂ»t 2012 de mettre en place un fonds professionnel de modernisation cĂ©rĂ©alier-Ă©leveur de 100 millions dâeuros en faveur des Ă©leveurs. Le prĂ©sident de la FNSEA, M. Xavier Beulin a expliquĂ© avoir soutenu l'initiative d'Orama sur le fonds de solidaritĂ© cĂ©rĂ©aliers-Ă©leveurs, a-t-il rappelĂ©. Face Ă la faible mobilisation autour de la mise en place d'une contribution volontaire pour alimenter ce fonds, et devant notre refus d'une taxe, nous proposons la mise en place d'une CVO contribution volontaire obligatoire qui sera modulĂ©e et modulable. Ce fonds devrait voir le jour dĂšs 2013. »22 Selon ses promoteurs, ce fonds serait destinĂ© Ă financer des mesures structurelles de soutien â investissements dans la rĂ©novation des bĂątiments, dĂ©veloppement de la mĂ©thanisation ou du photovoltaĂŻque sur les exploitations â aux filiĂšres dâĂ©levage les plus touchĂ©es par la hausse des prix selon des modalitĂ©s qui seraient dĂ©finies ultĂ©rieurement par les cĂ©rĂ©aliers et les Ă©leveurs. Cette proposition a suscitĂ© de vives rĂ©actions. Si le principe dâune solidaritĂ© des cĂ©rĂ©aliers envers les Ă©leveurs mĂ©rite dâĂȘtre Ă©tudiĂ© et saluĂ©, il conviendra dâexaminer avec la plus grande vigilance les modalitĂ©s de mise en Ćuvre de ce fonds. 4. La contractualisation, un outil de rĂ©gulation Le rapport du CGAAER de juillet 2012 sur la contractualisation a permis de mesurer les premiers effets de lâarticle 12 de la loi de modernisation de lâagriculture et de la pĂȘche LMAP du 27 juillet 2010, et des dĂ©crets du 30 dĂ©cembre 2010 qui ont rendu obligatoire la contractualisation dans le secteur du lait de vache et celui des fruits et lĂ©gumes. Ce rapport ne remet pas en cause le principe de la contractualisation comme outil de rĂ©gulation de la filiĂšre. Ses auteurs estiment que la contractualisation et les organisations de producteurs ont amĂ©liorĂ© les rapports de force entre producteurs et industriels, apportant une assurance supĂ©rieure Ă celle que lâon pouvait attendre des contrats tacites non Ă©crits existants jusquâalors». Le rapport souligne que le contrat est dâabord un instrument dans la nĂ©gociation », mais quâil ne peut se substituer Ă la totalitĂ© des instruments de gestion des marchĂ©s. Il propose que la contractualisation soit Ă©galement appliquĂ©e Ă la viande bovine. Interbev a proposĂ© un accord-cadre sur la contractualisation en filiĂšre bovine tenant compte des coĂ»ts de production. Lâaccord-cadre offre la possibilitĂ© aux abatteurs et aux Ă©leveurs de passer des contrats. Aujourdâhui 15 Ă 20 % des bovins français sont sous contrats. Interbev se fixe comme objectif 30 % en trois Ă cinq ans. Vos rapporteurs estiment Ă©galement que la contractualisation est lâun des outils permettant de rĂ©guler la filiĂšre laitiĂšre. En cela, ils plaident pour lâextension de la contractualisation Ă la filiĂšre de la viande bovine. B.â LâAPRĂS QUOTAS LAITIERS 1. Le mini-paquet lait, une premiĂšre Ă©tape Câest dans le contexte globalement favorable Ă une application stricte des rĂšgles de concurrence, quâest intervenu le mini-paquet lait », le 14 mars 2012. Le secteur laitier sortait alors de la crise particuliĂšrement grave de 2009. Le rĂšglement UE n° 261/2012 du Parlement europĂ©en et du Conseil du 14 mars 2012 relatif aux relations contractuelles dans le secteur du lait et des produits laitiers a introduit des modifications substantielles au rĂšglement OCM unique qui rĂ©git lâorganisation du secteur en reconnaissant â le rĂŽle des OP et de leurs associations dans le secteur du lait et des produits laitiers ; â la qualitĂ© des OP pour nĂ©gocier les prix et les volumes, sous certaines conditions, avec les transformateurs. Il sâagit, en quelque sorte, dâune autorisation explicite, bien que sous conditions, des ententes dans ce secteur. Le rĂšglement prĂ©cise les conditions de nĂ©gociation des contrats par les OP au nom des producteurs de lait. Trois conditions doivent ĂȘtre rĂ©unies il faut que le volume de lait cru faisant lâobjet de ces nĂ©gociations nâexcĂšde pas 3,5 % de la production totale de lâUnion, 33 % de la production nationale de lâĂtat membre dans lequel est produit le lait cru et 33 % de la production nationale de lâĂtat membre oĂč est livrĂ© le lait cru. Cette limite de 3,5 % de la production correspond de facto Ă la production dâun grand bassin laitier ou Ă la part de la production nationale dans la production europĂ©enne dâun grand producteur. Ainsi, lâobjet de ces OP dĂ©passe celui des regroupements actuels. Une OP reconnue pourra nĂ©gocier le contrat de vente avec lâindustriel transformateur au nom des agriculteurs qui en sont membres, quâil y ait, ou non, transfert de propriĂ©tĂ© du lait. Les Ătats membres peuvent Ă©galement reconnaĂźtre les organisations interprofessionnelles qui ... c mĂšnent une ou plusieurs activitĂ©s suivantes ... i amĂ©lioration de la connaissance et de la transparence de la production et du marchĂ©, au moyen, notamment, de la publication de donnĂ©es statistiques relatives aux prix, aux volumes et Ă la durĂ©e des contrats prĂ©cĂ©demment conclus pour la livraison de lait cru, ainsi que de la rĂ©alisation dâĂ©tudes sur les perspectives dâĂ©volution du marchĂ© au niveau rĂ©gional, national ou international ». Sâagissant des prix du lait, depuis 1997, le Centre National Interprofessionnel de lâĂconomie LaitiĂšre CNIEL communiquait des recommandations de prix trimestrielles, non obligatoires mais qui servaient de rĂ©fĂ©rence au niveau des centres rĂ©gionaux, les CRIEL, et des acteurs de la filiĂšre Ă©leveurs et fabricants. Cette pratique a Ă©tĂ© condamnĂ©e et a Ă©tĂ© abandonnĂ©e. Elle a Ă©tĂ© remplacĂ©e par un dispositif plus neutre dâindices de tendances dont la lĂ©galitĂ© a Ă©tĂ© assise par un amendement Ă la loi de finances pour 2009. MĂȘme si le rĂšglement ne traite pas de lâensemble des difficultĂ©s du secteur laitier â il nâaborde notamment pas la question de la rĂ©gulation â vos rapporteurs se rĂ©jouissent de ce premier pas et de lâĂ©volution de la Commission europĂ©enne, qui reconnaĂźt dĂ©sormais la nĂ©cessitĂ© dâadapter le droit de la concurrence aux spĂ©cificitĂ©s du secteur laitier. 2. La concertation europĂ©enne sur lâaprĂšs-quotas doit permettre de dĂ©finir un cadre permettant de rĂ©guler le secteur laitier LâUnion europĂ©enne aura besoin dâun cadre efficace pour rĂ©guler » le secteur laitier aprĂšs la fin des quotas, a estimĂ© le commissaire europĂ©en Ă lâagriculture Dacian Ciolos le 21 janvier. Il a rappelĂ© que le paquet lait nâest une premiĂšre Ă©tape ». Il a Ă©galement soulignĂ© la nĂ©cessitĂ© de disposer dâoutils pour faire face aux crises sĂ©vĂšres qui menacent tous les producteurs de lait, mĂȘme ceux qui sont parfaitement compĂ©titifs dans des conditions de marchĂ© normales. Le deuxiĂšme dĂ©fi majeur de lâaprĂšs-quotas est dâassurer la durabilitĂ© de la production laitiĂšre y compris sur le plan territorial. Le commissaire europĂ©en a soulignĂ© quâil faut tenir compte non seulement de la compĂ©titivitĂ© telle quâelle est actuellement mais aussi des coĂ»ts environnementaux et de la durabilitĂ© Ă long terme des systĂšmes de production intensifs. Ces derniĂšres annĂ©es, on a vu lâimpact nĂ©gatif dâune hausse des prix des aliments pour animaux sur les exploitations laitiĂšres intensives. Une grande confĂ©rence sur lâaprĂšs-quotas doit se tenir en septembre 2013 pour examiner les pistes dâĂ©volutions. En lien avec lâavis du 30 mai 2013 du comitĂ© des rĂ©gions, vos rapporteurs demandent des Ă©tudes complĂ©mentaires urgentes pour Ă©valuer les impacts territoriaux de la suppression des quotas. Ils considĂšrent quâun systĂšme efficace de gestion de crise doit faire preuve dâune bonne rĂ©activitĂ©, quâil est nĂ©cessaire pour cela de centraliser lâinformation nationale et europĂ©enne des livraisons par exploitation sur plusieurs annĂ©es, de dĂ©finir lâĂ©tat de crise via les prix de rĂ©fĂ©rence et les marges, ce qui suppose une gestion directe via une Agence europĂ©enne de rĂ©gulation. C.â LA PAC APRĂS 2013 ET LA RĂFLEXION SUR LA PAC APRĂS 2020 1. Un premier pilier qui prend en compte les besoins de lâĂ©levage a Un niveau Ă©levĂ© dâaides couplĂ©es est indispensable Dans le cadre de la rĂ©forme de la politique agricole commune PAC aprĂšs 2013, le couplage Ă la vache allaitante reste une aide indispensable pour les producteurs de viande bovine. La France doit pouvoir mobiliser une enveloppe couplĂ©e suffisante, et la complĂ©ter par une prime nationale comme actuellement. Lâaide actuelle correspond Ă 150 euros de prime europĂ©enne par tĂȘte, Ă laquelle sâajoute une prime nationale supplĂ©mentaire de 50 euros. La FNB estime quâune hausse de lâaide vache allaitante Ă 300 euros par tĂȘte est indispensable pour conforter le secteur, maintenir la production et amĂ©liorer le revenu des producteurs. Pour primer lâensemble des vaches allaitantes prĂ©sentes en France, de lâordre de 4 millions de tĂȘtes, lâenveloppe doit ĂȘtre de 1 200 millions dâeuros, soit 16 % de couplage pour cette mesure, indĂ©pendamment des autres mesures de couplage. Niveau actuel des crĂ©dits de la prime au maintien du troupeau de vaches allaitantes » PMTVA â Enveloppe europĂ©enne 525 millions dâeuros 150 euros par tĂȘte â Enveloppe de crĂ©dits nationaux 160 millions dâeuros 50 euros par tĂȘte pour les 40 premiĂšres, 26 euros au-delĂ Ă lâissue des trilogues entre le Conseil, la Commission et le Parlement europĂ©en, le taux de couplage a Ă©tĂ© portĂ© Ă 13 % contre 10 % actuellement. Une possibilitĂ© supplĂ©mentaire de 2 % a Ă©tĂ© obtenue pour la production de protĂ©ines vĂ©gĂ©tales, qui permettra de soutenir le dĂ©veloppement de lâautonomie fourragĂšre protĂ©ique de lâĂ©levage. Vos rapporteurs saluent cette grande avancĂ©e, favorable aux Ă©levages allaitants. b La surprime aux cinquante premiers hectares et une pente de convergence des aides Ă lâhectare plus douce La convergence des aides directes, telle que proposĂ©e par la Commission europĂ©enne dans le cadre de la rĂ©forme de la PAC, consiste Ă rapprocher le montant de lâaide Ă lâhectare, aujourdâhui fondĂ© sur des rĂ©fĂ©rences historiques et de ce fait diffĂ©rent suivant les types de production, vers une valeur commune correspondant Ă la moyenne nationale. La Commission propose que la convergence Ă un paiement de base soit uniforme Ă lâĂ©chelle de la rĂ©gion ou de lâĂtat en 2019 et que dĂšs 2014, au minimum 40 % des paiements de base soient uniformisĂ©s. Sâagissant de la France, ce scĂ©nario bĂ©nĂ©ficierait surtout aux Ă©levages extensifs et pĂ©naliserait lâĂ©levage maĂŻs quâil soit lait ou viande. Il impacterait peu la situation des producteurs en grandes cultures car leur montant dâaide moyen Ă lâhectare actuel nâest que lĂ©gĂšrement supĂ©rieur Ă la moyenne. LâĂ©volution des aides serait la suivante â diminution de 15 % pour les grandes cultures ; â diminution de 15 % pour lâĂ©levage bovins lait, et de 31 % pour lâĂ©levage bovins lait maĂŻs ; â augmentation de 14 % pour lâĂ©levage bovins viande, et de 19 % pour lâĂ©levage bovins viande Ă lâherbe ; â diminution de 10 % pour la polyculture-Ă©levage. Tant le Conseil que le Parlement europĂ©en se sont accordĂ©s sur le principe dâune convergence plus lente afin de prĂ©server lâĂ©quilibre Ă©conomique des diffĂ©rents types de production. Vos rapporteurs soutiennent activement ce choix. En outre, Ă lâinitiative de la France et de son ministre de lâagriculture, M. StĂ©phane Le Foll, a Ă©tĂ© introduite dans la position du Conseil du 19 mars un innovant paiement de redistribution » facultatif qui permettra aux Ătats membres dâaccorder un complĂ©ment en plus du paiement de base pour les premiers hectares de chaque exploitation et, ainsi, de tenir compte de la plus forte intensitĂ© de main-dâĆuvre qui caractĂ©rise les petites exploitations. La surprime aux 50 premiers hectares permettra dâattĂ©nuer lâeffet de la convergence sur les Ă©levages intensifs. 2. Lâimportance du second pilier pour les zones dĂ©favorisĂ©es Le rĂ©gime de soutien aux zones agricoles dĂ©favorisĂ©es est compris dans lâaxe 2 de la politique de dĂ©veloppement rural pour 2007-2013. Le rĂšglement CE 1257/1999 dĂ©termine trois catĂ©gories de zones agricoles dĂ©favorisĂ©es ZAD â les zones de montagne sont les zones handicapĂ©es par une pĂ©riode de vĂ©gĂ©tation sensiblement raccourcie en raison de lâaltitude, par de fortes pentes Ă une altitude moindre, ou par la combinaison de ces deux facteurs ; â les zones dĂ©favorisĂ©es intermĂ©diaires» 23 qui prĂ©sentent lâensemble des handicaps suivants mauvaise productivitĂ© de la terre, production sensiblement infĂ©rieure Ă la moyenne en raison de cette faible productivitĂ© du milieu naturel et faible densitĂ© ou tendance Ă la rĂ©gression dâune population qui dĂ©pend de maniĂšre prĂ©pondĂ©rante de lâactivitĂ© agricole ; â les zones affectĂ©es par des handicaps spĂ©cifiques sont des zones oĂč le maintien de lâactivitĂ© agricole est nĂ©cessaire afin dâassurer la conservation ou lâamĂ©lioration de lâenvironnement, dâentretenir lâespace naturel, de prĂ©server le potentiel touristique ou de protĂ©ger les espaces cĂŽtiers. Pour la pĂ©riode 2007-2013, 12,6 milliards dâeuros ont Ă©tĂ© consacrĂ©s Ă ces aides, soit environ 14 % du financement total par le FEADER. Ces crĂ©dits ont principalement financĂ© lâattribution de lâindemnitĂ© compensatoire de handicaps naturels ICHN. Cette indemnitĂ© est accordĂ©e pour une surface maximum de 50 hectares, avec une surprime de 50 % pour les 25 premiers hectares. Elle pourrait servir de modĂšle Ă la surprime aux premiers hectares pour les aides directes du premier pilier. Le plafond de lâICNH sera augmentĂ© dans le cadre de la nouvelle PAC, ce qui constitue une trĂšs bonne nouvelle pour les Ă©leveurs de montagne. Montant des ICHN Aide actuelle en France niveau moyen Plafond proposĂ© dans la PAC 2014-2020 Zone Montagne 160 euros par ha 300 euros par ha ou 450 euros dans proposition Parlement europĂ©en Zone DĂ©favorisĂ©e Simple 25 Ă 50 euros par ha 250 euros par ha La prime herbagĂšre agroenvironnementale PHAE est un dispositif dont lâobjectif est de favoriser la biodiversitĂ© sur les exploitations herbagĂšres. Lâobjectif est de stabiliser les surfaces en herbe, en particulier dans les zones menacĂ©es de dĂ©prise agricole et dây maintenir des pratiques respectueuses de lâenvironnement via des engagements pris sur cinq ans en contrepartie dâune rĂ©munĂ©ration. Le dispositif sâappuie sur un chargement limitĂ©, sur la prĂ©sence dâĂ©lĂ©ments de biodiversitĂ© et sur une gestion Ă©conome en intrants. Plusieurs personnes auditionnĂ©es par vos rapporteurs ont estimĂ© que cette aide Ă©tait tellement contraignante quâils prĂ©fĂšreraient y renoncer. 3. Un systĂšme dâaides contracycliques doit ĂȘtre Ă©tudiĂ© dans le cadre de la rĂ©forme de la PAC aprĂšs 2020 Mme AurĂ©lie TrouvĂ©, Ă©conomiste et spĂ©cialiste du secteur laitier a soulignĂ© quâen matiĂšre de rĂ©gulation laitiĂšre, lâUnion europĂ©enne Ă©tait beaucoup plus libĂ©rale que les Ătats-Unis Les Ătats-Unis prennent le chemin inverse de celui suivi par lâEurope. Ils encadrent leur marchĂ© laitier sans aucun complexe. La Suisse a supprimĂ© les quotas et mis en place une contractualisation avec les Ă©leveurs. On peut parler dâĂ©chec. Si on ne fait rien, on aura une nouvelle crise du lait. On risque dâassister en France Ă un dĂ©mĂ©nagement du territoire et Ă la concentration des Ă©levages dans les rĂ©gions les plus favorables Ă cette production 24. » Le futur Farm Bill 25 Si le futur Farm Bill nâest pas encore arrĂȘtĂ©, les discussions tĂ©moignent dâores et dĂ©jĂ dâune volontĂ© affirmĂ©e de renforcer encore lâorientation anticyclique de la politique agricole amĂ©ricaine. Câest ce que traduit le vote de la future loi-cadre le 21 juin dernier au SĂ©nat qui prĂ©voit la suppression totale des aides directes dĂ©couplĂ©es, Ă lâinstar de ce quâavait proposĂ© la Maison Blanche dans un souci dâĂ©conomies budgĂ©taires. Ces aides, versĂ©es indĂ©pendamment des prix, des rendements, des revenus et de la production agricoles, sont en effet devenues difficilement justifiables pour le gouvernement et les congressmen, dâautant plus dans un contexte oĂč les revenus agricoles ont atteint des niveaux records. Le vote du SĂ©nat tĂ©moigne aussi dâune volontĂ© de renforcer les dispositifs assurantiels, dĂ©jĂ particuliĂšrement dĂ©veloppĂ©s aux Ătats-Unis, tout en cherchant Ă amĂ©liorer leur articulation avec les autres soutiens Ă caractĂšre anticyclique. Lâarsenal assurantiel existant est en effet globalement reconduit, tandis que de nouveaux programmes sont proposĂ©s notamment pour le coton ou lâarachide et de nouveaux enjeux pris en compte subvention additionnelle pour les agriculteurs rĂ©cemment installĂ©s, meilleure prise en compte des spĂ©cificitĂ©s des productions biologiques. Le SĂ©nat propose Ă©galement un nouveau dispositif additionnel de soutien, de type assurantiel, qui permettrait Ă un exploitant de complĂ©ter la prise en charge de ses risques en bĂ©nĂ©ficiant dâindemnitĂ©s supplĂ©mentaires couvrant une partie de la franchise imposĂ©e par lâassureur. VersĂ©e en cas de pertes significatives au niveau du comtĂ© et non au niveau individuel, cette forme de couverture additionnelle, Supplemental Coverage Option SCO, serait mĂȘme subventionnĂ©e Ă 70 % contre 62 % en moyenne pour les dispositifs existants. Plusieurs programmes nouveaux seraient Ă©galement mis Ă lâĂ©tude ou expĂ©rimentĂ©s, tels une assurance sur indice climatique ou encore une assurance sur le revenu global des exploitations. Sans toutefois les remettre en cause, lâadministration Obama proposait plusieurs ajustements significatifs destinĂ©s Ă amĂ©liorer lâefficience de ces programmes, considĂ©rĂ©s comme particuliĂšrement coĂ»teux, promettant une Ă©conomie de plus de 8 milliards de dollars sur 10 ans. Le SĂ©nat a choisi une autre voie, refusant de fragiliser ce qui devient de facto la clĂ© de voĂ»te de la protection contre la variabilitĂ© intra-annuelle. Toutefois, en vue dâassurer une meilleure cohĂ©rence entre les diffĂ©rents dispositifs, le SĂ©nat a introduit deux inflexions pour ces programmes assurantiels. Il sâagit, dâune part, dâune certaine dĂ©gressivitĂ© des soutiens, avec un taux de subvention des primes dâassurance rĂ©duit de 15 points, dĂšs lors que le produit brut de lâexploitation dĂ©passe le seuil de 750 000 $. Dâautre part, la perception des soutiens serait soumise Ă une conditionnalitĂ© environnementale, par la mise en Ćuvre de programmes de conservation » environnementale. ParallĂšlement, le SĂ©nat propose de fusionner plusieurs aides anticycliques existantes, dont les paiements contracycliques et le dispositif ACRE Average Crop Revenue Election, qui avait Ă©tĂ© initiĂ© lors du prĂ©cĂ©dent Farm Bill. Un nouveau dispositif viendrait les remplacer, ARC Agriculture Risk Coverage, qui reprendrait le principe dâune aide compensant, pour partie, une baisse du chiffre dâaffaires interannuel des diffĂ©rentes cultures couvertes, en complĂ©ment des dispositifs assurantiels qui couvrent uniquement les pertes intra-annuelles. De loin lâinnovation la plus coĂ»teuse du projet sĂ©natorial, ce nouvel outil se verrait dotĂ© dâun budget de plus de 28 milliards de dollars. En termes dâarticulation entre programmes, les niveaux de franchises pris en charge par le dispositif SCO tiendraient compte de la souscription Ă ce programme ARC afin dâĂ©viter les doubles paiements. Le vote du SĂ©nat tĂ©moigne par ailleurs dâune volontĂ© dâintervention renforcĂ©e et innovante pour le secteur laitier. Les producteurs bĂ©nĂ©ficieraient dâun nouveau dispositif dâaides anticycliques composĂ© de deux niveaux un paiement de base, couvrant un niveau minimal de marge diffĂ©rence entre la valeur de la production de lait et le coĂ»t de lâalimentation des vaches laitiĂšres ; et un paiement complĂ©mentaire, pour ceux dĂ©sirant une couverture supĂ©rieure de leur marge, avec possibilitĂ© de choisir le niveau de marge sĂ©curisĂ© et le volume de production couvert entre 25 % et 90 % de la production. Ce programme anticyclique serait conditionnĂ© Ă la participation Ă un programme de stabilisation du marchĂ© des produits laitiers. En cas de baisse des prix et des marges, les producteurs seraient incitĂ©s Ă rĂ©duire leur production par rapport Ă une rĂ©fĂ©rence Ă©volutive dans le temps moyenne des 3 mois prĂ©cĂ©dant la date dâactivation du programme ou, au choix du producteur, de la production du mois de lâannĂ©e n - 1 par rapport Ă la date dâactivation du programme. ConcrĂštement, Ă mesure que les marges baissent, les producteurs ne seraient plus payĂ©s sur les volumes dĂ©passant entre 92 % et 98 % de leur rĂ©fĂ©rence selon lâintensitĂ© des dĂ©sĂ©quilibres. Les laiteries qui transformeront nĂ©anmoins ces volumes surnumĂ©raires seraient alors tenues de reverser les montants correspondants Ă lâĂtat fĂ©dĂ©ral, afin dâĂȘtre utilisĂ©s pour dynamiser la consommation de produits laitiers. Le programme serait dĂ©sactivĂ© en cas de remontĂ©e des marges ou des prix des produits laitiers. Le calendrier se resserre pour le futur Farm Bill, la majoritĂ© des dispositions actuelles arrivant Ă Ă©chĂ©ance le 30 septembre. La Chambre des reprĂ©sentants Ă©tant Ă majoritĂ© rĂ©publicaine, on peut sâattendre Ă une forte pression sur le budget agricole et alimentaire dans la mesure oĂč le chiffrage des impacts budgĂ©taires de la version Ă©manant du SĂ©nat conduirait Ă une quasi-stagnation par rapport au niveau actuel. Câest dâailleurs ce dont tĂ©moigne dĂ©jĂ le vote en commission agricole de la Chambre du 12 juillet. Sâil confirme les orientations Ă©manant du SĂ©nat, dâimportantes rĂ©ductions pour les programmes alimentaires sont aussi proposĂ©es. Les interfĂ©rences probables avec la campagne prĂ©sidentielle amĂ©ricaine pourraient Ă©galement conduire au statu quo avec, Ă dĂ©faut dâaccord, la prorogation du Farm Bill actuel au moins pour une annĂ©e. Toutefois, bien que non terminĂ©es, les discussions confirment dâores et dĂ©jĂ les options actĂ©es prĂ©cĂ©demment, Ă savoir une reconfiguration des soutiens au secteur agricole autour dâune orientation rĂ©solument anticyclique. Et elles soulignent Ă©galement que les contraintes OMC, qui poussent au contraire Ă davantage de dĂ©couplage, ne constituent pas un Ă©lĂ©ment dĂ©terminant de lâĂ©volution de la politique agricole amĂ©ricaine. Vos rapporteurs plaident pour que dĂšs Ă prĂ©sent une rĂ©flexion soit engagĂ©e sur la pertinence dâintroduire une part de contracyclicitĂ© dans lâattribution des aides dans le cadre de la rĂ©forme de la PAC aprĂšs 2013. Il est en effet incomprĂ©hensible aux yeux de lâopinion publique que des aides publiques soient attribuĂ©es en 2013 aux agriculteurs cĂ©rĂ©aliers alors que leurs revenus connaissent des sommets. D.â UNE MEILLEURE AUTONOMIE DES EXPLOITATIONS 1. Une meilleure efficience Ă©nergĂ©tique La perspective de tension durable sur les prix de lâĂ©nergie doit inciter le secteur de lâĂ©levage Ă une meilleure efficience Ă©nergĂ©tique. DĂ©jĂ pratiquĂ©e dans dâautres pays europĂ©ens comme lâAllemagne, la mĂ©thanisation constitue une voie de valorisation des effluents dâĂ©levage alternative Ă lâĂ©pandage direct. La LMAP a encouragĂ© sans rĂ©el succĂšs la crĂ©ation dâunitĂ©s de mĂ©thanisation collective, dont la production est assimilĂ©e Ă un produit agricole du point de vue fiscal et social. La France ne compte quâune dizaine dâunitĂ©s de mĂ©thanisation opĂ©rationnelles, contre prĂšs de 6 000 en Allemagne. La mĂ©thanisation produit du biogaz, qui peut soit ĂȘtre utilisĂ© comme tel soit ĂȘtre transformĂ© en Ă©lectricitĂ©. LâunitĂ© de mĂ©thanisation produit Ă©galement un digestat, qui peut ĂȘtre utilisĂ© comme engrais organique et intĂ©grĂ© dans le plan dâĂ©pandage et qui prĂ©sente une meilleure valeur agronomique que les effluents bruts. Le retard français sâexplique notamment par la faiblesse des tarifs de rachat de lâĂ©lectricitĂ© produite Ă partir du biogaz. Il sâexplique Ă©galement par lâimportance de lâinvestissement que reprĂ©sente lâinstallation dâune unitĂ© de mĂ©thanisation. Lâagence de lâenvironnement et de la maĂźtrise de lâĂ©nergie estime ces coĂ»ts Ă 5 000 euros le kW pour une installation de 100 kW, soit un investissement de 500 000 euros, sans compter les investissements de raccordement au rĂ©seau Ă©lectrique existant, qui peuvent ĂȘtre Ă©levĂ©s. Le 29 mars 2013 Mme Delphine Batho, alors ministre de lâĂ©cologie, du dĂ©veloppement durable et de lâĂ©nergie, et M. StĂ©phane Le Foll, ministre de lâagriculture, de lâagroalimentaire et de la forĂȘt ont prĂ©sentĂ© le plan Ănergie MĂ©thanisation Autonomie Azote » EMAA. Ce plan vise Ă dĂ©velopper un modĂšle français de la mĂ©thanisation agricole, privilĂ©giant des installations collectives, des circuits dâapprovisionnement courts et des technologies et savoir-faire français. Lâobjectif du Gouvernement est de dĂ©velopper en France, Ă lâhorizon 2020, 1 000 mĂ©thaniseurs Ă la ferme. Le plan prĂ©voit notamment â le lancement, en 2013, dâun appel Ă projets gestion collective et intĂ©grĂ©e de lâazote » ; â lâoptimisation du tarif dâachat pour lâĂ©lectricitĂ© produite Ă partir de biogaz pour favoriser les projets de mĂ©thanisation collective Ă la ferme ; â la simplification des procĂ©dures administratives pour le dĂ©veloppement des projets de mĂ©thanisation ; â un meilleur accompagnement des porteurs de projets ; â des efforts de structuration de la filiĂšre, dans le cadre dâun projet prĂ©sentĂ© au Programme investissement dâavenir pour crĂ©er une filiĂšre nationale dans le domaine des Ă©quipements de mĂ©thanisation et dans le domaine de la valorisation des digestats. 2. Lâautonomie protĂ©ique et fourragĂšre Plusieurs rapports rĂ©cents â celui du CNE, celui de Mme Marion Guillou remis en juin 2013 au ministĂšre de lâagriculture â ont mis en exergue lâimportance de lâautonomie alimentaire pour les Ă©levages. En effet, lâalimentation est le premier poste de charges dans les coĂ»ts de production. Les exploitations françaises en Ă©levage allaitant et laitier sont globalement autonomes en fourrages mais sont plus ou moins dĂ©pendantes des aliments concentrĂ©s achetĂ©s 7 Ă 22 % de la ration. Les fourrages occupent prĂšs de 15 millions dâhectares de SAU, dont 80 % en prairie. La production fourragĂšre est directement impactĂ©e par le changement climatique, notamment par les sĂ©cheresses de plus en plus frĂ©quentes. Il faut souligner Ă cet Ă©gard lâintĂ©rĂȘt agronomique et Ă©conomique des systĂšmes de polyculture Ă©levage. Le rapport Guillou identifie un certain nombre de pistes dâamĂ©lioration i lâaccroissement de la part du pĂąturage dans lâalimentation des troupeaux via lâamĂ©lioration de la gestion des surfaces pĂąturĂ©es aujourdâhui trĂšs souvent sous-exploitĂ©es et lâextension des pĂ©riodes de pĂąturage en intersaison ; ii les Ă©volutions des techniques dâĂ©levage pour en particulier mieux caler les phases de besoins Ă©levĂ©s des animaux avec les pĂ©riodes de disponibilitĂ© en ressources fourragĂšres de qualitĂ© ; iii une lĂ©gĂšre extensification diminution du nombre dâanimaux par hectare permettant dâaccroĂźtre la part des fourrages dans lâalimentation du bĂ©tail et de dĂ©gager des marges de sĂ©curitĂ©, ces deux dimensions nâĂ©tant pas incompatibles avec un maintien, voire une augmentation, des rĂ©sultats Ă©conomiques ; iv lâamĂ©lioration de la qualitĂ© des fourrages conservĂ©s pour limiter le recours aux concentrĂ©s achetĂ©s en dehors de lâexploitation ; v la recherche dâune meilleure complĂ©mentaritĂ© entre le maĂŻs et lâherbe dans les zones oĂč les deux cultures peuvent cohabiter ; et vi lâutilisation accrue des lĂ©gumineuses de façon Ă rĂ©aliser des Ă©conomies de tourteaux dâolĂ©agineux utilisĂ©s en alimentation du bĂ©tail et des Ă©conomies dâazote de synthĂšse sur les productions vĂ©gĂ©tales. » 26 E.â UN CHOC DE SIMPLIFICATION AU SERVICE DE LA COMPĂTITIVITĂ Au cours des auditions quâils ont menĂ©es, vos rapporteurs ont identifiĂ© plusieurs mesures de simplification qui pourraient ĂȘtre utilement mise en Ćuvre. 1. Les tests ESB Par la dĂ©cision 2009/719/CE la Commission europĂ©enne autorise Ă partir du 1er janvier 2013 certains Ătats membres Ă dĂ©roger Ă lâobligation de dĂ©pister systĂ©matiquement tous les bovins sains abattus de plus de 72 mois. Le ministĂšre de lâagriculture estime le coĂ»t des tests pour la seule partie publique Ă plus de 7 millions dâeuros par an. Aucun cas nâa Ă©tĂ© dĂ©tectĂ© en abattoir depuis 2010. LâANSES ayant Ă©mis un avis favorable le 11 mars 2003 Ă cette suppression, vos rapporteurs estiment quâil convient de profiter de cette dĂ©rogation. 2. Les installations classĂ©es Pour maĂźtriser les coĂ»ts de production, vos rapporteurs sont convaincus quâil faut, sans Ă©videmment sacrifier les objectifs sanitaires et environnementaux, lever certaines contraintes qui pĂšsent sur les exploitations. La FĂ©dĂ©ration nationale bovine a ainsi fait part de son Ă©tonnement devant la persistance de normes plus sĂ©vĂšres en France quâen Allemagne, en matiĂšre dâexploitations classĂ©es pour la protection de lâenvironnement ICPE. Alors que les textes europĂ©ens ne lâimposent pas, la France a ainsi mis en place un seuil dâentrĂ©e dans le rĂ©gime dâautorisation des ICPE en Ă©levage bovin Ă 50 vaches laitiĂšres et 100 vaches allaitantes, faisant peser sur tout projet dâagrandissement dâĂ©levage un risque de refus, au terme de procĂ©dures longues et coĂ»teuses. 3. Lâobligation de dĂ©mĂ©dullation des carcasses bovines avant fente Par dĂ©rogation au principe de saisie des trois carcasses collatĂ©rales Ă la carcasse testĂ©e positif Ă lâESB, la France a dĂ©cidĂ© de rendre obligatoire la technique de lâaspiration de la moelle Ă©piniĂšre avant la fente de la carcasse. Cependant, ce dispositif est dĂ©licat et cher Ă exploiter. Il nĂ©cessite des Ă©quipements, des consommables et surtout du personnel car il nâest pas automatisable. Cette estimation donne un coĂ»t dâexploitation de la dĂ©mĂ©dullation situĂ© entre 2,30 euros/tec et 10 euros/tec. En extrapolant ces coĂ»ts au tonnage abattu au niveau national, le coĂ»t de cette mesure serait estimĂ© Ă plus de 6 millions dâeuros par an. Il est largement supĂ©rieur Ă ce que coĂ»terait le dispositif de destruction des carcasses Ă©dictĂ© par le rĂšglement CE 999/2001 sachant quâaucun cas dâESB nâa Ă©tĂ© recensĂ© en France depuis 2010 et quâen 2011, sur les 1 632 372 prĂ©lĂšvements rĂ©alisĂ©s Ă lâabattoir et Ă lâĂ©quarrissage seuls 20 ont donnĂ© lieu Ă un rĂ©sultat non nĂ©gatif. CONCLUSION La situation de lâĂ©levage bovin laitier et allaitant en France nĂ©cessite une mobilisation sans prĂ©cĂ©dent. Câest un vĂ©ritable cri dâalarme quâont passĂ© nombre des personnes auditionnĂ©es par vos rapporteurs. Les difficultĂ©s conjoncturelles et structurelles rencontrĂ©es par nos Ă©leveurs ne sont pourtant pas irrĂ©mĂ©diables. LâĂ©levage a un avenir en France. De nombreuses opportunitĂ©s existent et peuvent ĂȘtre dĂ©veloppĂ©es. Vos rapporteurs plaident donc pour - Une politique forte de modernisation des bĂątiments et des Ă©quipements, telle que le plan de modernisation des bĂątiments dâĂ©levage PMBE. Vos rapporteurs estiment par ailleurs indispensables de conserver, voire de dĂ©velopper, le crĂ©dit dâimpĂŽt remplacement ; - Un juste prix, qui permette Ă chacun de pouvoir vivre dĂ©cemment de son travail. Ils estiment quâune stagnation des prix du lait ou de la viande alors que les coĂ»ts de production des Ă©leveurs augmentent dĂ©valorise leur travail ; - Un Ă©tiquetage viande bovine française » VBF pour lâensemble des produits, nĂ©s, Ă©levĂ©s, abattus et transformĂ©s en France. Cet Ă©tiquetage nĂ©cessite une modification de la rĂ©glementation europĂ©enne ; - Lâencouragement Ă la valorisation du lait et de la viande en produits certifiĂ©s comme rĂ©ponse Ă la disparition des quotas, en particulier dans les zones difficiles, oĂč les coĂ»ts de collecte sont plus Ă©levĂ©s ; - Le dĂ©veloppement des circuits courts et les filiĂšres de qualitĂ© au sein de la restauration hors foyers, notamment en utilisant la possibilitĂ© ouverte par le dĂ©cret du 25 aoĂ»t 2011 ; - Le maintien de la mobilisation active des services de lâĂtat pour obtenir la nĂ©gociation des certificats sanitaires indispensables Ă lâouverture des marchĂ©s, et entreprendre les dĂ©marches diplomatiques essentielles pour les relations commerciales au plan mondial ; - La constitution dâun groupement dâintĂ©rĂȘt Ă©conomique en charge de la promotion des produits laitiers et de la recherche de nouveaux marchĂ©s permettrait de dynamiser plus encore les exportations françaises ; - Le lancement dâune grande rĂ©flexion sur la pertinence dâintroduire une part de contracyclicitĂ© dans lâattribution des aides dans le cadre de la rĂ©forme de la PAC aprĂšs 2013 ; - Lâextension de la contractualisation Ă la filiĂšre de la viande bovine. Vos rapporteurs estiment en effet que la contractualisation est lâun des outils permettant de rĂ©guler les filiĂšres ; - Un choc de simplification en simplification des procĂ©dures administratives lourdes dans le respect des exigences environnementales. Vos rapporteurs saluent - Le consensus, Ă lâissue des trilogues entre le Conseil, la Commission et le Parlement europĂ©en sur la rĂ©forme de la PAC, sur un taux de couplage 13 % contre 10 % actuellement. Une possibilitĂ© supplĂ©mentaire de 2 % a Ă©tĂ© obtenue pour la production de protĂ©ines vĂ©gĂ©tales, qui permettra de soutenir le dĂ©veloppement de lâautonomie fourragĂšre protĂ©ique de lâĂ©levage ; - Le relĂšvement du plafond de lâICNH, ce qui constitue une trĂšs bonne nouvelle pour les Ă©leveurs de montagne ; - Lâadoption Ă lâAssemblĂ©e Nationale en premiĂšre lecture du projet de loi relatif Ă la consommation qui instaure une clause de renĂ©gociation en cas de forte volatilitĂ© des coĂ»ts des matiĂšres premiĂšres agricoles ; - Le plan Ănergie MĂ©thanisation Autonomie Azote » EMAA lancĂ© par M. StĂ©phane Le Foll, ministre de lâagriculture, de lâagroalimentaire et de la forĂȘt ont prĂ©sentĂ©. Ce plan vise Ă dĂ©velopper un modĂšle français de la mĂ©thanisation agricole, privilĂ©giant des installations collectives, des circuits dâapprovisionnement courts et des technologies et savoir-faire français. EXAMEN DU RAPPORT Lors de sa rĂ©union du 10 juillet 2013, la commission a examinĂ© le rapport de la mission dâinformation sur la filiĂšre bovine et la production laitiĂšre en France prĂ©sentĂ© par MM. Germinal Peiro et Alain Marc, rapporteurs. M. le prĂ©sident Brottes. Nous examinons aujourd'hui les conclusions du rapport de MM. Peiro et Marc sur la filiĂšre bovine et la production laitiĂšre en France. M. Alain Marc, rapporteur. Lâavenir de lâĂ©levage bovin revĂȘt un caractĂšre stratĂ©gique pour lâĂ©conomie, lâemploi, lâamĂ©nagement et la vitalitĂ© des territoires ruraux. Ainsi, dans la plupart des rĂ©gions de montagne, le troupeau laitier est le principal utilisateur des prairies. Il permet de maintenir des paysages ouverts et habitĂ©s, favorables au tourisme, Ă la biodiversitĂ© et Ă lâenvironnement. Pourtant lâĂ©levage connaĂźt une crise profonde. Les Ă©leveurs sont confrontĂ©s Ă de nombreuses difficultĂ©s, tant conjoncturelles que structurelles. Des difficultĂ©s conjoncturelles dâabord, car quand les cours des matiĂšres premiĂšres agricoles augmentent et que les Ă©leveurs ne peuvent les rĂ©percuter sur le prix du lait ou de la viande, cela engendre un effet ciseau, qui entraĂźne une compression insupportable des marges des Ă©leveurs. Ainsi, le prix du lait en 2012 se situe dans une moyenne haute par rapport aux prix des dix derniĂšres annĂ©es. Le problĂšme rĂ©side essentiellement dans lâabsence de rĂ©percussion des hausses des prix tout au long de la filiĂšre. En fait, on observe en France une faible rĂ©percussion des hausses et des baisses de prix aux consommateurs, ce qui explique les compressions des marges des diffĂ©rents acteurs de la chaĂźne de valeur quand les cours sont hauts. En Allemagne au contraire, les prix de dĂ©tail pour le lait liquide, le beurre et les produits ultra frais ont fortement augmentĂ© depuis lâĂ©tĂ© 2012. LâĂ©levage connaĂźt aussi des difficultĂ©s structurelles. Lâastreinte conjuguĂ©e Ă la pĂ©nibilitĂ© explique que certains prĂ©fĂšrent se concentrer sur la culture de cĂ©rĂ©ales ou jeter lâĂ©ponge. Le nombre dâĂ©leveurs de vaches laitiĂšres baisse ainsi de 4 Ă 5 % par an. Dans les zones Ă fort potentiel pĂ©doclimatique, la conversion dâexploitation en grandes cultures, plus rĂ©munĂ©ratrices et moins astreignantes, est dĂ©jĂ une rĂ©alitĂ© tangible. Dans les zones Ă forte activitĂ© Ă©conomique, si lâĂ©levage est menacĂ©, câest plutĂŽt par les alternatives offertes en matiĂšre dâutilisation des sols, que ce soient pour lâartificialisation ou lâurbanisation des sols. Or, ces alternatives signifient toujours un arrĂȘt irrĂ©versible de lâĂ©levage. Elles prĂ©sentent en outre des risques en termes dâemplois, dâĂ©quilibre Ă©cologique, de fertilitĂ© organique et de capacitĂ© productive Il est donc essentiel dâassurer aux Ă©leveurs une juste rĂ©munĂ©ration, qui soit en rapport avec les astreintes et les contraintes inhĂ©rentes Ă leur mĂ©tier. Plusieurs rĂ©flexions ont orientĂ© la dĂ©marche de vos rapporteurs comment Ă©viter une vĂ©gĂ©talisation de la France au cours de la prochaine dĂ©cennie qui aurait des consĂ©quences dramatiques pour lâĂ©quilibre des territoires ? Comment favoriser le maintien des exploitations dâĂ©levages sur les territoires ? Comment assurer une juste rĂ©munĂ©ration aux Ă©leveurs et des conditions de vie dĂ©centes ? La mission dâinformation Ă©tait composĂ©e, outre de ses deux rapporteurs, Germinal Peiro et moi-mĂȘme, de Mme Annick Le Loch, M. Dominique Potier, Mme Brigitte Allain et de M. Thierry Benoit. Nous avons rencontrĂ© une soixantaine de personnes, dâhorizons trĂšs diffĂ©rents, syndicats, experts et personnalitĂ©s qualifiĂ©es, organismes publics, entreprises, association dâĂ©lus Mme Massat, coopĂ©ratives. Notre but Ă©tait dâĂ©tablir un panorama aussi complet que possible de lâĂ©tat des filiĂšres bovines laitiĂšre et allaitante, de recueillir des propositions opĂ©rationnelles pour amĂ©liorer de façon concrĂšte et immĂ©diate la vie des Ă©leveurs, dâĂ©tudier sur le temps long, quels ajustement structurels peuvent permettre Ă ces filiĂšres dâexcellence de se dĂ©velopper en France, et Ă lâĂ©tranger. M. Germinal Peiro, rapporteur. Câest un vĂ©ritable cri dâalarme quâont poussĂ© nombre des personnes auditionnĂ©es par vos rapporteurs. La situation de lâĂ©levage bovin laitier et allaitant en France nĂ©cessite une mobilisation sans prĂ©cĂ©dent. Il est nĂ©cessaire de rĂ©orienter les politiques publiques. LâĂ©levage est prĂ©sent dans prĂšs dâune exploitation sur deux, et dans 95 % des cantons, autant dire sur tout le territoire. Il fait vivre prĂšs de 70 000 Ă©leveurs laitiers et 60 000 Ă©leveurs en viande bovine. Les difficultĂ©s conjoncturelles et structurelles rencontrĂ©es par nos Ă©leveurs ne sont pourtant pas irrĂ©mĂ©diables. LâĂ©levage a un avenir en France. De nombreuses opportunitĂ©s existent et peuvent ĂȘtre dĂ©veloppĂ©es. La croissance mondiale est importante et pĂ©renne. Pour la satisfaire, encore faut-il que nos Ă©leveurs ne jettent pas lâĂ©ponge. Nous tenons Ă cet Ă©gard, avec Alain Marc, Ă saluer un certain nombre de mesures rĂ©centes qui vont dans le bon sens pour nos Ă©leveurs Le rééquilibrage dans lâattribution des aides PAC, en faveur de lâĂ©levage. Ainsi, un consensus a Ă©tĂ© trouvĂ©, Ă lâissue des trilogues entre le Conseil, la Commission et le Parlement europĂ©en sur la rĂ©forme de la PAC, sur un taux de couplage 13 % contre 10 % actuellement. Une possibilitĂ© supplĂ©mentaire de 2 % a par ailleurs Ă©tĂ© obtenue pour la production de protĂ©ines vĂ©gĂ©tales, qui permettra de soutenir le dĂ©veloppement de lâautonomie fourragĂšre protĂ©ique de lâĂ©levage. Nous saluons Ă©galement la surprime aux cinquante premiers hectares, qui va avantager globalement lâĂ©levage, car les premiers hectares sont les plus intensifs en emploi. Cela ne veut pas dire que la PAC est dĂ©sormais contre les autres types dâagriculture. Mais les chiffres sont parlants un cĂ©rĂ©alier a gagnĂ© en 2011 72 000 euros, contre 26 500 euros pour un Ă©leveur laitier et 15000 euros pour un Ă©leveur en viande bovine. Le temps de travail est Ă©galement trĂšs dĂ©sĂ©quilibrĂ© selon les filiĂšres. Il y a donc une menace sur lâĂ©levage pour des raisons non seulement Ă©conomiques, mais Ă©galement sociales et sociĂ©tales. Toujours sâagissant de la rĂ©forme de la PAC, le relĂšvement du plafond de lâICNH indemnitĂ© compensatoire de handicap naturel, ce qui constitue une trĂšs bonne nouvelle pour les Ă©leveurs de montagne ; Lâadoption Ă lâAssemblĂ©e Nationale en premiĂšre lecture du projet de loi relatif Ă la consommation qui instaure une clause de renĂ©gociation en cas de forte volatilitĂ© des coĂ»ts des matiĂšres premiĂšres agricoles ; je tiens dâailleurs Ă saluer tout particuliĂšrement les rapporteurs de ce texte, Razzy Hammadi et Annick Le Loch Le plan Ănergie MĂ©thanisation Autonomie Azote » EMAA lancĂ© par M. StĂ©phane Le Foll, ministre de lâagriculture, de lâagroalimentaire et de la forĂȘt ont prĂ©sentĂ©. Ce plan vise Ă dĂ©velopper un modĂšle français de la mĂ©thanisation agricole, privilĂ©giant des installations collectives, des circuits dâapprovisionnement courts et des technologies et savoir-faire français. Mais toutes ces mesures ne sont pas encore suffisante, vos rapporteurs plaident donc pour â Une politique forte de modernisation des bĂątiments et des Ă©quipements, telle que le plan de modernisation des bĂątiments dâĂ©levage PMBE. Nous estimons par ailleurs indispensables de conserver, voire de dĂ©velopper, le crĂ©dit dâimpĂŽt remplacement ; nous serons donc trĂšs attentifs au projet de loi de finances pour 2014. â Un juste prix, qui permette Ă chacun de pouvoir vivre dĂ©cemment de son travail. Nous estimons quâune stagnation des prix du lait ou de la viande alors que les coĂ»ts de production des Ă©leveurs augmentent dĂ©valorise leur travail. A cet Ă©gard, la rĂ©cente mĂ©diation sur le prix du lait a portĂ© ses fruits. â Un Ă©tiquetage viande bovine française » VBF pour lâensemble des produits, nĂ©s, Ă©levĂ©s, abattus et transformĂ©s en France. Cet Ă©tiquetage nĂ©cessite une modification de la rĂ©glementation europĂ©enne. Un rapport devait ĂȘtre remis en dĂ©cembre 2013, il devrait en fait lâĂȘtre dans les prochaines semaines. Nous avons eu des dĂ©bats trĂšs vifs lors de la discussion du projet de loi relatif Ă la consommation. Il ne faut pas cĂ©der sur ce point. Câest ce que les consommateurs attendent. â Lâencouragement Ă la valorisation du lait et de la viande en produits certifiĂ©s comme rĂ©ponse Ă la disparition des quotas, en particulier dans les zones difficiles, oĂč les coĂ»ts de collecte sont plus Ă©levĂ©s. â Le dĂ©veloppement des circuits courts et les filiĂšres de qualitĂ© au sein de la restauration hors foyers, notamment en utilisant la possibilitĂ© ouverte par le dĂ©cret du 25 aoĂ»t 2011. 80 % de la restauration collective française est approvisionnĂ©e par de la viande bovine importĂ©e. â Le maintien de la mobilisation active des services de lâĂtat pour obtenir la nĂ©gociation des certificats sanitaires indispensables Ă lâouverture des marchĂ©s. â La constitution dâun groupement dâintĂ©rĂȘt Ă©conomique en charge de la promotion des produits laitiers et de la recherche de nouveaux marchĂ©s permettrait de dynamiser plus encore les exportations françaises. â Le lancement dâune grande rĂ©flexion sur la pertinence dâintroduire une part de contracyclicitĂ© dans lâattribution des aides dans le cadre de la rĂ©forme de la PAC aprĂšs 2020. M. Dacian Ciolos, que jâai interrogĂ© Ă ce sujet, a rĂ©pĂ©tĂ© que ce systĂšme nâĂ©tait pas comprĂ©hensible pour nos concitoyens. â Lâextension de la contractualisation Ă la filiĂšre de la viande bovine. Nous estimons en effet que la contractualisation est lâun des outils permettant de rĂ©guler les filiĂšres. â Un choc de simplification en simplification des procĂ©dures administratives lourdes dans le respect des exigences environnementales. M. le prĂ©sident François Brottes. Je vous remercie pour ces propositions concrĂštes, je donne maintenant la parole aux reprĂ©sentants des groupes politiques. M. Dominique Potier. Je vous remercie pour la qualitĂ© du travail fourni et pour votre capacitĂ© Ă prendre de la hauteur par rapport au sujet et Ă prĂ©senter des propositions prospectives. En dĂ©finitive, la question que vous posez au travers de ce rapport, qui rejoint celle au sujet de la forĂȘt, est de savoir si nous devons nous rĂ©signer Ă ĂȘtre un pays exportateur de matiĂšres premiĂšres et importateur de produits finis ou si nous avons lâambition, dans le cadre plus global du redressement productif, de continuer Ă produire de la valeur ajoutĂ©e, de lâemploi et des externalitĂ©s environnementales favorables par une dĂ©fense de lâĂ©levage. Nous sommes en effet un pays exportateur qui dĂ©mĂ©nage sa production sur lâarc atlantique, selon une logique de ports, gĂ©nĂ©ratrice de diagonales arides pour des rĂ©gions qui perdront de lâemploi, de la biodiversitĂ© et de la valeur ajoutĂ©e. Ce nâest pas le scĂ©nario que vous prĂ©conisez puisque vous Ă©voquez des pistes de redressement rĂ©alistes. Votre diagnostic tient en quelques chiffres clĂ©s, 50 % des exploitations ont encore en leur sein des bovins, 50 % des Ă©leveurs ont plus de cinquante ans et on constate 5 % de dĂ©prise annuelle. Lâalerte est donc lĂ et câest ce qui ressort de ce rapport. Je vous fĂ©licite dâavoir pris en compte les donnĂ©es sociaux-culturelles qui sont essentielles. Comme lâavait indiquĂ© notre collĂšgue HervĂ© Gaymard dans le cadre de la mission dâinformation sur la PAC, la question de lâĂ©levage, et tout particuliĂšrement celle de lâĂ©levage de montagne, nâest pas quâune question de revenu mais Ă©galement une question de qualitĂ© de vie et de passion du mĂ©tier. Vous avez eu raison de souligner lâimportance de beaux outils de travail, dâune fiertĂ© du mĂ©tier, dâune filiĂšre dâenseignement de grande qualitĂ© et de des services de remplacement qui apportent un minimum de vie sociale moderne aux jeunes qui entreprennent dans ce secteur de lâĂ©levage que je connais trĂšs bien pour y avoir Ă©voluĂ© vingt ans durant. Je suis favorable aux services de remplacement, Ă des plans de bĂątiment dans les contrats de plan, Ă des budgets europĂ©ens flĂ©chĂ©s en la matiĂšre. Jâaimerais toutefois attirer votre attention sur un point trĂšs prĂ©cis, les groupements dâemployeurs ont pour lâinstant, pour des questions juridiques, Ă©tĂ© exclus du bĂ©nĂ©fice du CICE. Il est fondamental de soutenir le maillage autour des Ă©leveurs, notamment dans les rĂ©gions oĂč lâactivitĂ© est trĂšs difficile. Bien entendu le niveau des revenus compte Ă©galement beaucoup pour lâattrait de ce mĂ©tier. Sur ces questions macro-Ă©conomiques vous avez pointĂ© les avancĂ©es rĂ©guliĂšres conduites par ce gouvernement dont nous sommes fiers. Je pense notamment aux avancĂ©es portĂ©es par la rapporteure Annick Le Loch en matiĂšre de nĂ©gociation avec la grande distribution dans le projet de loi sur la consommation et au combat menĂ© par le ministre de lâagriculture dans le cadre de la PAC pour maintenir son budget et le rĂ©ajuster. Je tiens Ă lui faire part du soutien de notre groupe dans le rééquilibrage Ă lâĂ©gard de lâĂ©levage entre le premier et le deuxiĂšme pilier Je souhaite insister sur plusieurs rĂ©gulations Ă venir. La PAC 2020 devra aller plus loin dans le rééquilibrage vers lâĂ©levage, les 9 centimes de diffĂ©rentiel sur lâabattage avec lâAllemagne qui mĂšne une politique sociale dĂ©lĂ©tĂšre appellent une rĂ©gulation sociale trĂšs forte sur les outils agro-alimentaires Ă lâĂ©chelle de lâEurope, pour les cĂ©rĂ©ales la crĂ©ation dâun deuxiĂšme marchĂ© Ă destination de la consommation animale serait une avancĂ©e dĂ©cisive Ă lâhorizon de 2020. Je tiens Ă souligner les avancĂ©es en matiĂšre de lutte contre la spĂ©culation des denrĂ©es alimentaires, qui amplifient les phĂ©nomĂšnes de hausse des cours des denrĂ©es alimentaires, dans le cadre de la loi de rĂ©gulation bancaire. Enfin, rien ne sera possible sans une politique dâinstallation qui freine les politiques dâagrandissement et qui empĂȘchent les initiatives en matiĂšre de poly-culture-Ă©levage en dressant des stratĂ©gies qui se traduisent par des situations dâappauvrissement. M. Antoine Herth. Je tiens Ă mon tour Ă saluer la qualitĂ© de ce rapport qui pointe notamment la stabilitĂ© du revenu des Ă©leveurs et la diffĂ©rence de coĂ»t de main dâĆuvre avec nos voisins europĂ©ens. Vous prĂ©conisez lâĂ©tiquetage des viandes bovines françaises, vous avez bien identifiĂ© le potentiel du marchĂ© Ă lâexport vers la Chine et je vous rejoins dans lâidĂ©e quâil convient de modifier la culture politique de lâUnion europĂ©enne pour revenir sur la primautĂ© des rĂšgles de la concurrence qui Ă©crasent toutes les autres considĂ©rations. Le rapport souligne, Ă raison, les problĂšmes qui peuvent survenir en lien avec la suppression des quotas en termes de dĂ©mĂ©nagements des Ă©levages sur le territoire national. Je vous rejoins Ă©galement sur lâanalyse du Farm bill amĂ©ricain et sur la question des aides contra-cycliques qui sont demandĂ©es depuis des annĂ©es par les cĂ©rĂ©aliers français. Vos propositions sur les effluents dâĂ©levage vont dans le bon sens, il convient de rĂ©flĂ©chir Ă la simplification des procĂ©dures en ce domaine. Enfin bravo pour vos propositions sur lâESB qui sont trĂšs courageuses dans ce domaine politiquement et mĂ©diatiquement sensible. Il existe en revanche un certain nombre de points sur lesquels je pense quâil est encore nĂ©cessaire de travailler. Je regrette notamment les chiffres que vous avancez sur le temps de travail qui me semblent proche de la caricature, 3 600 heures par an pour lâĂ©levage contre 800 pour les cĂ©rĂ©aliers cela voudrait dire quâun Ă©leveur travaille onze heures par jour et un cĂ©rĂ©alier seulement deux ! Il y a dĂ©sormais des rĂ©ponses en matiĂšre dâĂ©levage, les GAEC, les groupements dâemployeurs, les CUMA et les robots de traite qui permettent dâavancer en matiĂšre de charge de travail. Il ne faut pas se tromper, lorsquâun cĂ©rĂ©alier fait le tour de plaine pour observer ses cultures et essayer de rĂ©duire le nombre de traitements phytosanitaires, il travaille aussi ! Je pense quâil faut sâen tenir aux donnĂ©es observables sans tomber dans la caricature. Sur la question du revenu agricole vous avez abordĂ© des pistes intĂ©ressantes. Je crois quâil faut retenir que ce revenu est la diffĂ©rence entre les charges et les produits. Vos propositions sur les charges variables, sur lâautonomie alimentaire, sont particuliĂšrement importantes. Je vous appelle en revanche Ă la prudence sâagissant des charges fixes et la modernisation des installations agricoles. En effet lâĂ©leveur va souvent au-delĂ de la seule modernisation et anticipe une augmentation de son cheptel, ce qui peut le placer dans une situation dĂ©licate en cas de modification de la conjoncture. En ce qui concerne le chiffre dâaffaire, je vous rejoins sur la nĂ©cessitĂ© de trouver des stabilisateurs sur le prix payĂ© au producteur. La subvention ne rĂ©soudra pas tout. Il y a enfin un besoin de capitalisation dans le cheptel, câest un investissement que lâĂ©leveur retrouve au terme de sa carriĂšre mais qui pĂšse sur les jeunes voulant sâinstaller. Enfin, je souligne lâabsence de dĂ©veloppements sur la prise en compte du risque, risque climatique bien sĂ»r mais aussi risque sanitaire, qui fragilise bon nombre dâĂ©levages. Je rejoins notre collĂšgue Potier sur le fait que lâindicateur de bonne santĂ© du secteur câest celui de la capacitĂ© Ă lâinstallation des jeunes. M. Thierry Benoit. Ce rapport ne peut que conforter les membres de la commission sur un certain nombre dâidĂ©es qui sont Ă©galement celles des rapporteurs. Il convient de souligner les efforts considĂ©rables rĂ©alisĂ©s par les Ă©leveurs français depuis de nombreuses annĂ©es sur la qualitĂ© des produits mis sur le marchĂ©, qualitĂ© nutritive et qualitĂ© gustative. Les efforts en matiĂšre de qualitĂ© sanitaire, de sĂ©curitĂ© alimentaire mais aussi en faveur de la reconquĂȘte de la qualitĂ© de lâeau et de la protection de lâenvironnement. Je trouve que ces diffĂ©rents Ă©lĂ©ments auraient pu ĂȘtre davantage mis en avant dans le rapport car ils ont incontestablement usĂ©s les agriculteurs. Il en va de mĂȘme pour les contrĂŽles des diffĂ©rentes administrations qui reposent trop souvent sur la suspicion Ă lâĂ©gard des agriculteurs et encore davantage des Ă©leveurs. Nous devons modifier cette approche en renforçant la confiance Ă lâĂ©gard des agriculteurs. Le rapport aurait pu ĂȘtre encore plus prĂ©cis sur les orientations. Il en va ainsi dâune nĂ©cessaire harmonisation europĂ©enne sur les ICPE, il en va de mĂȘme de la modernisation de notre parc de bĂątiments, de la qualitĂ© environnementale et du bien-ĂȘtre animal. Câest Ă©galement le cas en matiĂšre dâĂ©valuation des politiques publiques, notamment en matiĂšre de ZES quâil convient dâĂ©valuer et de remettre au goĂ»t du jour car des progrĂšs considĂ©rables ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s sur le terrain. En ce qui concerne lâĂ©tiquetage, nous avons eu un dĂ©bat intĂ©ressant lors du dĂ©bat sur le projet de loi consommation. LâĂ©tiquetage sur lâorigine des produits et de la viande dans les plats prĂ©parĂ©s constitue un enjeu considĂ©rable. Jâinsiste sur le sujet des contrĂŽles qui sont bien entendus nĂ©cessaires mais qui doivent ĂȘtre effectuĂ©s dans le respect des formes. En matiĂšre de simplification il faut dĂ©sormais passer des paroles aux actes et lâharmonisation sur les ICPE participe Ă cette simplification. Il sâagit de mesures simples Ă prendre et qui ne coĂ»tent pas. La prĂ©cĂ©dente majoritĂ© nâa pas osĂ© aller suffisamment loin sur ces questions, notamment pour ne pas heurter les associations environnementales. Lâactuel gouvernement va rĂ©ussir Ă avancer dans la voie de lâharmonisation car nous qui sommes dans lâopposition souhaitons aller dans le mĂȘme sens. Sur les questions europĂ©ennes, lâactuel ministre de lâagriculture poursuit le travail initiĂ© par la prĂ©cĂ©dente majoritĂ©, ce qui va dans le bon sens. Il faut Ă©galement avoir Ă lâesprit le fait que les dĂ©cisions agricoles sont des dĂ©cisions transversales qui concernent tout autant les ministĂšres de lâĂ©conomie et de lâenvironnement. Il faut enfin que les dĂ©cisions prises par le ministre soient relayĂ©es en rĂ©gion par les prĂ©fets et les services de lâĂtat DRAF, DSV qui doivent appliquer ces mesures sans les interprĂ©ter selon leur propre apprĂ©ciation. Je soutiens donc ce rapport tout en indiquant quâil Ă©tait possible dâaller encore plus loin, sans dĂ©penses supplĂ©mentaires. M. AndrĂ© Chassaigne. Câest un excellent rapport, ce qui ne mâĂ©tonne pas compte tenu de la composition de la mission dâinformation. Je regrette que de notre groupe nâait pas pu y participer en raison de la charge de travail de ses membres. Il est urgent dâapporter des rĂ©ponses concrĂštes Ă la crise de lâĂ©levage car, comme celle dâautres professions, la souffrance des Ă©leveurs est trĂšs forte. Sans ce type de rĂ©ponses, quelle que soit la conjoncture, nous risquons une catastrophe Ă©conomique. Comme je lâai dĂ©jĂ dit en sĂ©ance dans le cadre de la discussion du projet de loi sur la consommation, la modification de la rĂ©glementation europĂ©enne en matiĂšre dâĂ©tiquetage ne serait pas suffisante. Une volontĂ© politique forte est nĂ©cessaire, sans quoi nous aggraverons le sentiment de rejet vis-Ă -vis de lâEurope. Je suis favorable Ă votre proposition de dĂ©velopper les circuits courts et les filiĂšres de qualitĂ© au sein de la restauration hors foyers. Il convient pour cela de sâappuyer sur les bonnes pratiques au niveau local le conseil gĂ©nĂ©ral de la DrĂŽme et celui du Puy de DĂŽme ont ainsi mis en Ćuvre des circuits courts pour la restauration collective dans les collĂšges, dans le respect du code des marchĂ©s publics. Je regrette que les consĂ©quences des accords commerciaux internationaux soient sous-estimĂ©es dans les conclusions du rapport. Vous ne mentionnez en effet que la nĂ©gociation des certificats sanitaires, alors que la question des droits de douane est essentielle. Lâaccord entre lâUnion europĂ©enne et le Canada qui doit ĂȘtre conclu prochainement aura inĂ©vitablement un effet sur les importations de viande bovine canadienne. Les Ătats-Unis, dans les nĂ©gociations qui se sont ouvertes avec lâUnion europĂ©enne, ont une volontĂ© trĂšs forte dâobtenir la fin de la protection de la viande française, ainsi que la modification des rĂšgles sanitaires. Mme Jeanine DubiĂ©. Je salue ce rapport de grande qualitĂ©, qui dresse un Ă©tat des lieux complet du secteur et formule des propositions pour soutenir les filiĂšres. Le secteur du lait rencontre de graves difficultĂ©s mais il reste stratĂ©gique pour notre Ă©conomie. Les difficultĂ©s sâexpliquent par le manque de rentabilitĂ© en raison de lâabsence de compensation par les prix de la hausse des coĂ»ts de production. Le relĂšvement de 25 euros du prix payĂ© aux producteurs pour 1 000 litres de lait collectĂ©s proposĂ© par le mĂ©diateur des relations commerciales agricoles et acceptĂ© par les distributeurs est une solution ponctuelle qui ne rĂ©sout pas les problĂšmes structurels de la filiĂšre. Le partage de la valeur ajoutĂ©e est en effet trĂšs dĂ©favorable aux producteurs. Il est donc nĂ©cessaire de rĂ©former la contractualisation mise en Ćuvre dans le cadre de la loi de modernisation de lâagriculture du 27 juillet 2010. Le regroupement des producteurs au sein dâorganisations de producteurs peut apporter une solution car il renforce leur poids dans les nĂ©gociations. Le projet de loi sur la consommation permet un rééquilibrage et un meilleur encadrement des relations commerciales avec les distributeurs, grĂące Ă lâaffirmation de la primautĂ© des conditions gĂ©nĂ©rales de vente dans les nĂ©gociations, au renforcement de la transparence des contrats et Ă la clause de renĂ©gociation des prix. Il conviendrait Ă©galement de renforcer lâaccompagnement technique des producteurs en matiĂšre dâalimentation et de gĂ©nĂ©tique. La rĂ©forme de la PAC et la fin des quotas laitiers sont sources dâincertitude pour la filiĂšre. Les producteurs craignent que la contractualisation avantage exclusivement les transformateurs, qui pourraient en outre ĂȘtre tentĂ©s de favoriser les excĂ©dents pour peser sur les prix. Ne serait-il pas souhaitable de crĂ©er une instance de rĂ©gulation europĂ©enne qui Ă©valuerait les quantitĂ©s nĂ©cessaires en fonction de lâoffre et de la demande ? Par ailleurs, notre groupe soutient lâaide financiĂšre Ă la mise aux normes des bĂątiments dâĂ©levage, qui reprĂ©sente des investissements trĂšs lourds pour les Ă©leveurs et nâest pas rentabilisĂ©e en raison du niveau insuffisant des prix. Pour la filiĂšre bovine, lâobjectif est le maintien des exploitations tout en assurant une juste rĂ©munĂ©ration des Ă©leveurs. Faut-il accepter la concentration naturelle des producteurs dans un objectif de rentabilitĂ© ou aider les petits Ă©leveurs qui produisent des externalitĂ©s positives en matiĂšre dâactivitĂ© Ă©conomique, de tourisme, de paysage ? La rĂ©ponse ne doit pas se limiter aux subventions car il est essentiel que les Ă©leveurs soient rĂ©munĂ©rĂ©s au juste prix, afin de prendre en compte la hausse des coĂ»ts de production. Il faut revaloriser les prix car les transformateurs et les distributeurs imposent un niveau trop bas. Le risque est celui dâune dĂ©saffection des agriculteurs et des jeunes pour les filiĂšres dâĂ©levage. Concernant lâĂ©tiquetage de lâorigine nationale des viandes, nous sommes favorables Ă lâamendement qui avait Ă©tĂ© dĂ©posĂ© par M. Germinal Peiro sur le projet de loi relatif Ă la consommation. Les circuits courts, qui rĂ©pondent Ă une demande des consommateurs, doivent en effet ĂȘtre dĂ©veloppĂ©s mais cela suppose la prĂ©sence dâabattoirs Ă proximitĂ©, ce qui peut poser problĂšme en milieu rural. Dans ma circonscription, lâenseigne CarrĂ© fermier » connaĂźt un important succĂšs dans le dĂ©veloppement de circuits courts. Il convient dâencourager ce type dâinitiatives et de les ouvrir aux filiĂšres de viande française pour la restauration collective. Mme Brigitte Allain. Je remercie les rapporteurs pour la qualitĂ© de leur travail et regrette de nâavoir pas pu participer davantage aux travaux de la mission dâinformation par manque de temps. Les revenus moyens varient de 1 Ă 5 entre Ă©leveurs et cĂ©rĂ©aliers. Les donnĂ©es sur le temps de travail des Ă©leveurs citĂ©es dans le rapport correspondent Ă la rĂ©alitĂ©. Nous partageons tous lâobjectif dâassurer un revenu suffisant aux Ă©leveurs et de permettre le maintien des exploitations sur lâensemble du territoire, notamment dans les zones de montagne ou les zones Ă handicap naturel. Le systĂšme des quotas laitiers nâĂ©tait pas parfait mais il permettait de rĂ©guler le marchĂ©. La contractualisation ne permet pas dâassurer des revenus suffisants ni de rĂ©guler la production. La faiblesse des prix va entraĂźner un recul du nombre dâexploitations et de la production laitiĂšre. Alors que lâUnion europĂ©enne a dĂ©cidĂ© de maintenir les droits de plantation de vignes, et que les Ătats-Unis et le Canada disposent dâinstruments de rĂ©gulation de la production laitiĂšre, pourquoi lâEurope ne mettrait-elle pas en place un nouveau systĂšme dâautorisations ? La rĂ©forme de la PAC vise Ă rééquilibrer les revenus et mieux rĂ©partir les aides entre les diffĂ©rents secteurs producteurs de fruits et lĂ©gumes, Ă©leveurs et pour les nouveaux Ătats membres mais il est inacceptable que les aides soient actuellement distribuĂ©es de façon injuste. Le projet de loi relatif Ă la consommation prĂ©voit une clause rĂ©vision des contrats en cas de hausse des prix des matiĂšres premiĂšres et un renforcement de la transparence et des contrĂŽles mais est-ce suffisant ? La prĂ©sence du mĂ©diateur des relations commerciales agricoles a eu un effet rĂ©gulateur. Tout lâenjeu est de remplacer les Ă©leveurs qui vont prendre leur retraite dans les prochaines annĂ©es, puisque 50 % dâentre eux sont ĂągĂ©s de plus de 50 ans. Dans une perspective dâavenir, il convient de dĂ©velopper lâagro-Ă©cologie et de favoriser lâautonomie protĂ©ique, grĂące Ă un plan pour les protĂ©ines vĂ©gĂ©tales tant dans le cadre de la PAC quâau niveau national. Compte tenu du niveau Ă©levĂ© des importations de viande en France, il faut se montrer particuliĂšrement ambitieux pour les filiĂšres de lâĂ©levage. Cette question devra ĂȘtre lâun des sujets essentiels du futur projet de loi dâavenir pour lâagriculture. Il conviendra notamment de dĂ©velopper les formations en agro-Ă©cologie rotation des cultures, polyculture et les filiĂšres de consommation locale, ce qui rĂ©pond Ă une rĂ©elle demande de la sociĂ©tĂ©. Mme Laure de la RaudiĂšre. Je fĂ©licite les rapporteurs pour leur excellent travail et les remercie dâavoir mis en avant cet important sujet. Nous devons en effet porter une attention particuliĂšre aux Ă©leveurs. Le rapport fait Ă©tat des revenus moyens des cĂ©rĂ©aliers en 2012, annĂ©e oĂč le cours du blĂ© a Ă©tĂ© particuliĂšrement Ă©levĂ© 260 euros la tonne contre 100 Ă 130 euros en 2009. Il aurait Ă©tĂ© intĂ©ressant de procĂ©der Ă un lissage dans le temps ou de citer les chiffres des annĂ©es prĂ©cĂ©dentes. Je souhaiterais avoir lâavis des rapporteurs sur les possibilitĂ©s de prĂ©voir, dans le cadre de la PAC, des aides variables en fonction du cours des cĂ©rĂ©ales, dans le contexte de forte volatilitĂ© des marchĂ©s. Mme Annick Le Loch. Il sâagit dâun trĂšs bon rapport, qui propose des solutions efficaces. Nous avons aujourdâhui une obligation de rĂ©sultat pour lâavenir de la filiĂšre et des producteurs. Une juste rĂ©munĂ©ration des diffĂ©rents acteurs est nĂ©cessaire. Lâaccord du 3 mai 2011 entre agriculteurs, industriels et distributeurs sur la rĂ©ouverture de nĂ©gociations commerciales en cas de variations du prix de lâalimentation animale reposait sur le volontariat. Les industriels ont demandĂ© leur part de la hausse des prix de 25 euros dĂ©cidĂ©e rĂ©cemment. En lâabsence de solidaritĂ© des diffĂ©rents acteurs de la filiĂšre, les producteurs auront en effet des difficultĂ©s pour peser face aux distributeurs. Le projet de loi sur la consommation prĂ©voit une clause de renĂ©gociation en cas de fortes variations des prix des matiĂšres premiĂšres agricoles. Il est prĂ©vu que la liste des secteurs concernĂ©s, qui inclura les produits laitiers, sera prĂ©cisĂ©e par dĂ©cret. Il est nĂ©cessaire que les Ă©leveurs soient justement rĂ©tribuĂ©s mais rien nâest garanti pour lâinstant. La solidaritĂ© de la filiĂšre est nĂ©cessaire. M. Jean-Claude Mathis. Lâaccord tripartite du 3 mai 2011 entre agriculteurs, transformateurs et distributeurs prĂ©voit la renĂ©gociation des prix des produits agricoles en cas de forte variation des coĂ»ts de revient, du fait notamment de lâalimentation des animaux. Cela nâempĂȘche pas la grande distribution dâexercer une pression en vue de la baisse du prix du lait. Comment favoriser, selon vous, lâapplication effective de lâaccord et faire en sorte que lâaugmentation des coĂ»ts de production des Ă©leveurs soit rĂ©percutĂ©e sur les prix de vente des distributeurs ? Par ailleurs, comment parvenir Ă imposer lâĂ©tiquetage de lâorigine de la matiĂšre premiĂšre, qui offrira aux consommateurs une information loyale tout en valorisant les efforts de traçabilitĂ© rĂ©alisĂ©s tout au long de la chaĂźne ? Mme FrĂ©dĂ©rique Massat. Mon intervention portera sur lâĂ©levage en zone de montagne, sujet sur lequel jâai du reste Ă©tĂ© auditionnĂ©e par les rapporteurs au titre de lâassociation nationale des Ă©lus de la montagne. Cette audition a eu lieu au mois de mars dernier et des avancĂ©es au niveau europĂ©en sont intervenues depuis cette date. Ă la lecture du rapport, je comprends en quoi la convergence des aides risque de dĂ©sĂ©quilibrer les autres productions mais je tiens tout de mĂȘme Ă relayer le souhait des Ă©leveurs des zones de montagne dâune convergence plus rapide. Jâinsiste dâautant plus sur la nĂ©cessitĂ© de les sortir de la situation pĂ©nalisante actuelle que le secteur se trouve aujourdâhui dans une situation particuliĂšrement difficile. Si demain il ne devait plus y avoir dâagriculture dans nos montagnes, lâentretien des paysages et la prĂ©servation de lâenvironnement seraient gravement remis en question. Il sâagit donc dâadapter les paiements de base aux spĂ©cificitĂ©s de la montagne. Certes des avancĂ©es ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es, avec notamment le relĂšvement des indemnitĂ©s compensatoires de handicaps naturels ICHN, mais demeure le problĂšme de la prime herbagĂšre agroenvironnementale PHAE, qui doit disparaĂźtre pour ĂȘtre prĂ©cisĂ©ment couplĂ©e aux ICHN. Les Ă©leveurs vont-ils y trouver leur compte, telle est leur inquiĂ©tude aujourdâhui. M. Daniel Fasquelle. Le cri dâalarme que nous pouvons tous pousser ce matin ne concerne pas seulement les zones de montagne. LâĂ©levage laitier est en grande partie dĂ©stabilisĂ© partout en France, je partage le diagnostic dressĂ© par ce rapport, et il est donc urgent dâagir sur les aides ou encore sur la revalorisation des produits. Ă ce sujet, je regrette que dans le cadre du projet de loi sur la consommation, nous ne soyons pas allĂ©s jusquâau bout de la volontĂ© dâindiquer lâorigine des produits dans les plats prĂ©parĂ©s. Sâagissant des rĂ©munĂ©rations annexes, il faut Ă tout prix faire avancer le dossier de la mĂ©thanisation. Les projets qui sont aujourdâhui portĂ©s sur le terrain nâarrivent en effet pas Ă aboutir. Je souhaite revenir aussi sur la question de la fiscalitĂ© et des charges sociales, et plus gĂ©nĂ©ralement sur le sujet de lâenvironnement lĂ©gislatif et rĂ©glementaire. Pouvons-nous tirer des enseignements auprĂšs de nos partenaires europĂ©ens, en particulier lâAllemagne, le Danemark et les Pays-Bas ? M. HervĂ© Pellois. Notre pays dispose de nombreux atouts, Ă condition de mieux les exploiter. Il sera notamment nĂ©cessaire de se battre sur la question des indications gĂ©ographiques protĂ©gĂ©es IGP dans le cadre de la nĂ©gociation de lâaccord entre lâUnion europĂ©enne et les Ătats-Unis. Je perçois par ailleurs une faiblesse Ă lâexport du fait du trop grand nombre dâinterlocuteurs et dâinitiatives prises aujourdâhui, sans compter les races rĂ©pertoriĂ©es et le nombre de labels. Chacun essaye de se positionner seul alors que nous devrions jouer groupĂ©s pour conforter nos points forts, comme par exemple notre avance en matiĂšre de gĂ©nĂ©tique animale. M. Dino Cinieri. Je tiens Ă saluer le travail rĂ©alisĂ© par nos deux rapporteurs avant de les interroger sur deux points. Tout dâabord, pensez-vous nĂ©cessaire dâĂ©laborer un nouveau systĂšme de rĂ©gulation du marchĂ© du lait au sein de lâUnion europĂ©enne. Dans un rapport publiĂ© Ă lâautomne 2012, la Commission europĂ©enne a en effet confirmĂ© la suppression dâici Ă 2015 du systĂšme des quotas, qui avait pourtant permis depuis 1984 de limiter les distorsions de concurrence dans le secteur laitier. Ce mĂȘme rapport ne laisse par ailleurs entrevoir aucune perspective de mise en place dâun nouveau systĂšme de rĂ©gulation. Les effets risques dâĂȘtre dĂ©vastateurs sur la production de lait en Europe, dâautant que les deux tiers de cette production proviennent de zones dĂ©favorisĂ©es ou de zones de montagne. Avez-vous imaginĂ© des solutions permettant de pĂ©renniser les zones dâĂ©levage les moins compĂ©titives et pour assurer un revenu stable aux producteurs laitiers français et europĂ©ens ? Hier, plus dâune centaine de producteurs laitiers de la Loire ont convergĂ© vers lâusine de Lactalis Ă AndrĂ©zieux pour rĂ©clamer lâapplication des indicateurs Ă©conomiques moyens, soit 345 ⏠par tonne de lait en 2013. Lactalis, premier groupe mondial dans le secteur, propose un prix de 334 âŹ, qui ne permet pas de compenser lâaugmentation de 35 % du coĂ»t de lâalimentation des animaux. Comment faire en sorte que les industriels permettent aux producteurs de vivre dĂ©cemment de leur travail ? M. FrĂ©dĂ©ric Roig. Cet excellent rapport pointe la souffrance dâune filiĂšre, mais insiste Ă©galement sur sa fonction sociale et Ă©conomique, ainsi que son rĂŽle dans lâamĂ©nagement du territoire et lâentretien des espaces. Les enjeux en matiĂšre de sĂ©curitĂ© alimentaire ont Ă©galement Ă©tĂ© mentionnĂ©s, ainsi que la question des circuits courts et de la vente directe. Un vrai potentiel de croissance existe ! Je tiens Ă souligner Ă cet effet lâintĂ©rĂȘt du projet de plateforme de commercialisation Agrilocal, menĂ© par le conseil gĂ©nĂ©ral de la DrĂŽme, dont nous nous inspirons Ă©galement dans lâHĂ©rault. Je souhaite Ă©voquer le modĂšle Ă©conomique des abattoirs de proximitĂ©, que la concentration du secteur tend Ă faire disparaĂźtre. Dans mon dĂ©partement, nous avons adossĂ© un atelier de dĂ©coupe Ă lâabattoir, ce qui permet dâĂ©quilibrer la rentabilitĂ© de lâensemble. Une telle piste mĂ©riterait dâĂȘtre approfondie, dans le prolongement de votre rapport. M. Yves Nicolin. Ce rapport ne lĂšve malheureusement pas les inquiĂ©tudes de la filiĂšre, qui sont aussi les nĂŽtres. Nous traversons aujourdâhui une vĂ©ritable crise de confiance qui met en pĂ©ril le secteur et face Ă ce danger, les propositions que vous faites demeurent Ă mon sens un peu timides. Dans le domaine de la simplification, vous avez identifiĂ© de vrais sujets, je pense aux tests ESB et aux installations classĂ©es, mais si vous ne harcelez pas le ministĂšre de lâagriculture pour que des mesures soient prises dans le sens que vous envisagez, je suis certain quâil nây aura aucune avancĂ©e. Ce travail constitue une base claire mais qui doit ĂȘtre consolidĂ©e. Une guĂ©rilla doit ĂȘtre menĂ©e auprĂšs des autoritĂ©s nationales et europĂ©ennes par nos deux rapporteurs, avec lâappui du prĂ©sident de la Commission. M. AndrĂ© Chassaigne. Je partage cette suggestion ! M. Jean Grellier. Avez-vous pu dresser un premier bilan de la mise en Ćuvre de la contractualisation par la loi de modernisation de lâagriculture et comment apprĂ©ciez-vous le cas Ă©chĂ©ant le rapport de force entre les contractants ? Ce systĂšme pourrait-il ĂȘtre Ă©tendu Ă dâautres secteurs, comme la viande ? Sâagissant du secteur coopĂ©ratif, la dĂ©fiance des producteurs-sociĂ©taires envers les coopĂ©ratives se manifeste de plus en plus ouvertement. Dans ma rĂ©gion, le rachat de Bongrain par Terra Lacta suscite de vraies interrogations. Jâavais dĂ©jĂ dĂ©noncĂ©, sous la prĂ©cĂ©dente lĂ©gislature, la vente Ă des amĂ©ricains de Yoplait par le groupement coopĂ©ratif Sodial. Au moment oĂč dâimportantes restructurations interviennent, qui Ă©loignent les centres de dĂ©cisions des producteurs, quelle vision portez-vous sur la gouvernance des coopĂ©ratives ? Enfin, sâagissant de la surprime sur les cinquante premiers hectares, que jâavais accueillie favorablement, des effets de seuil annuleraient son bĂ©nĂ©fice. Pouvez-vous nous Ă©clairer et le cas Ă©chĂ©ant nous rassurer sur ce point ? M. Philippe Le Ray. Votre rapport est intĂ©ressant mais il faut employer des mots plus forts nous assistons aujourdâhui Ă un vĂ©ritable Ă©croulement de lâĂ©levage, qui se manifeste par une production en baisse et une diminution du nombre dâĂ©leveurs. Il sâagit de mĂ©tiers trĂšs exigeants en main dâĆuvre, en technicitĂ©, en investissements, du fait aussi des obligations sanitaires. La filiĂšre laitiĂšre, un peu dâailleurs comme la filiĂšre porcine, se caractĂ©rise cependant par une vĂ©ritable dĂ©sorganisation et lâabsence dâune stratĂ©gie claire pour faire face Ă lâavenir. La politique de lâaprĂšs quotas est totalement improvisĂ©e de sorte quâen lâabsence de rĂ©gulation, les prix se fixeront en fonction du marchĂ©. AprĂšs une pĂ©riode particuliĂšrement dure, les Ă©leveurs nâattendent plus grand-chose, et surtout pas des mesures de bricolage. De ce point de vue, je ne trouve rien de probant dans le projet de loi sur la consommation. On ne voit rien venir non plus du cĂŽtĂ© de lâEurope et pourtant, cela fait trente ans que nous rĂ©clamons un plan protĂ©ines ! Le besoin dâune politique claire est urgent, les discours ne suffiront pas Ă inciter les jeunes Ă sâinstaller⊠Mme Marie-Lou Marcel. Vous faites des suggestions concernant le dĂ©veloppement des circuits courts. Des actions en ce sens ont Ă©tĂ© entreprises depuis longtemps par certaines collectivitĂ©s, notamment la rĂ©gion Midi-PyrĂ©nĂ©es. Comment concrĂštement aller plus loin ? Un fonds de solidaritĂ© des cĂ©rĂ©aliers Ă©leveurs Ă hauteur de cinq millions dâeuros a Ă©tĂ© mis en place par Orama, qui fĂ©dĂšre trois associations dĂ©pendantes du syndicat majoritaire. Ce fonds, qui pourrait ĂȘtre utilisĂ© pour la rĂ©novation des bĂątiments ou la mĂ©thanisation, a suscitĂ© de vives rĂ©actions. Qui est chargĂ© des modalitĂ©s de sa mise en Ćuvre ? Ne constitue-t-il pas en quelque sorte une aumĂŽne des cĂ©rĂ©aliers vis-Ă -vis des autres agriculteurs ? Enfin, sur la modernisation des bĂątiments dâĂ©levage, oĂč en est-on de la fongibilitĂ© des aides entre rĂ©gions, que jâavais Ă©voquĂ©e dans mon avis budgĂ©taire Ă lâautomne dernier ? M. Damien Abad. JâespĂšre que votre rapport mettra un peu de baume au cĆur des Ă©leveurs, qui nâont pas toujours le sentiment que le ministre fait tout son travail pour les soutenir⊠Je voudrais rappeler combien en lâĂ©tat la loi sur la consommation est dĂ©cevante au sujet de lâĂ©tiquetage. Un vĂ©ritable effort doit ĂȘtre entrepris, au-delĂ des Ă©tiquettes politiques ! Sur la politique agricole commune, il reste aussi du travail Ă faire, dâautant quâune question Ă©merge, dont vous ne parlez pas dans le rapport, Ă savoir lâharmonisation europĂ©enne des normes sanitaires et sociales. Je voudrais souligner lâimportance du travail du Parlement europĂ©en sur ces sujets. Je rejoins votre prĂ©conisation concernant le dĂ©veloppement des circuits courts et de proximitĂ© mais la question des modalitĂ©s de leur promotion par les marchĂ©s publics reste entiĂšre. Je rejoins aussi ce qui a Ă©tĂ© dit sur les abattoirs de proximitĂ©, en lien direct avec la question des circuits courts. Vous avez pointĂ© Ă juste titre le problĂšme du diffĂ©rentiel entre les laits bĂ©nĂ©ficiant ou pas dâune AOC. Dans mon territoire du Haut-Bugey, le lait produit dans le pĂ©rimĂštre de lâAOC ComtĂ© se vend ainsi Ă un prix correct, contrairement au lait industriel quâon trouve dans le sud du territoire. Je souhaite enfin Ă©voquer rapidement la question du fonds entre Ă©leveurs et cĂ©rĂ©aliers â comment rendre ses obligations plus contraignantes ? â, les limites du principe de prĂ©caution, avec les tests ESB, et les retraites agricoles ! Ne les oubliez-pas ! Mme MichĂšle Bonneton. Merci pour ce rapport, trĂšs important. Effectivement, en France et en Europe, en particulier dans les pays voisins de la France, il est prĂ©vu que la demande, aussi bien en produits laitiers quâen viande, augmente dans les annĂ©es Ă venir. Or, le mĂ©tier dâĂ©leveur est trĂšs contraignant et mal rĂ©munĂ©rĂ©. Il est donc fondamental, pour nos territoires, quâon encourage les Ă©leveurs qui prĂ©sentent souvent une diversification de lâagriculture trĂšs complĂ©mentaire avec les autres activitĂ©s agricoles. Il est urgent dâamĂ©liorer leurs revenus et leurs conditions de vie. Jâinsisterai particuliĂšrement sur la nĂ©cessitĂ© de dĂ©velopper les circuits courts, les abattoirs de proximitĂ©, dont un certain nombre sont menacĂ©s. Jâai bon espoir quâon sauve le nĂŽtre dans lâIsĂšre. Mais on peut aussi aider Ă mettre en place des magasins de producteurs et favoriser, par lâintermĂ©diaire des conseils gĂ©nĂ©raux par exemple, ou dâautres collectivitĂ©s locales, le dĂ©veloppement de centrales dâachat locales. Ceci pourrait rĂ©pondre au questionnement de M. Abad, dâailleurs. Bien entendu, inclure dans les marchĂ©s publics des clauses spĂ©cifiques concernant les circuits courts, les produits locaux, serait trĂšs important. Je voudrais insister tout particuliĂšrement sur des rĂ©glementations qui changent trĂšs frĂ©quemment, notamment en ce qui concerne les bĂątiments, ce qui demande aux agriculteurs des investissements importants, mĂȘme sâils font souvent eux-mĂȘmes beaucoup de travaux. Quels aides pourraient-ils recevoir dans le cadre de fonds spĂ©cifiques ? M. François Sauvadet. Votre mission fait un certain nombre de constats et de suggestions, mais il faut dĂ©sormais les porter rapidement auprĂšs de la commission et du gouvernement, parce que le monde de lâĂ©levage, qui souffre terriblement, attend des actes. En premier lieu, sur la question des charges, je vous invite Ă prolonger le travail en allant voir ce qui se passe ailleurs en Allemagne par exemple, notamment chez nos voisins, qui sont Ă la fois nos amis et nos concurrents directs. Ensuite, les contraintes qui pĂšsent sur les Ă©levages doivent faire lâobjet de mises au point, sans dĂ©sarmer sur lâaspect sanitaire. Sâil sâagit de lever le pied sur ce plan, il ne faut le faire quâau niveau europĂ©en. JâĂ©tais prĂ©sident de la commission dâenquĂȘte sur la vache folle et câest un dĂ©sastre dĂšs lors quâil y a une suspicion de risque sanitaire Ă juguler. Cela nĂ©cessite des moyens. Sur la tuberculose, par exemple, qui touche beaucoup certains secteurs, le gouvernement tarde Ă indemniser pour les troupeaux abattus au point quâun certain nombre dâĂ©leveurs envisagent de ne plus faire les prophylaxies, faute dâĂȘtre soutenus ; il faut faire attention et le gouvernement doit rĂ©agir sur ce sujet ! TroisiĂšmement, il faut identifier quelle viande est produite pour la valoriser au mieux. Ce travail, dĂ©jĂ engagĂ©, doit ĂȘtre poursuivi, de maniĂšre trĂšs volontariste. Enfin, faites trĂšs attention au sujet de la surprime Ă 50 hectares dans les zones dâĂ©levage, notamment intermĂ©diaires. Cela veut dire quâon va supprimer un certain nombre dâĂ©levages. Aujourdâhui, dans certaines rĂ©gions, nous sommes en dĂ©prise de prĂ©s des exploitants nâexploitent plus leurs prĂ©s. Faire une surprime, sans distinguer rĂ©gion par rĂ©gion, et alors quâun exploitant ne peut aujourdâhui sâinstaller sur moins de 120 hectares, peut conduire Ă dĂ©stabiliser complĂ©tement des zones extensives. Mme Marie-NoĂ«lle Battistel. Je voudrais Ă mon tour, messieurs les rapporteurs, saluer votre travail de qualitĂ© sur ce secteur de lâĂ©levage bovin, qui est stratĂ©gique pour lâĂ©conomie et la vitalitĂ© des territoires ruraux. Le relĂšvement du plafond de lâICHM est une bonne nouvelle, bien Ă©videmment, pour les Ă©leveurs de montagne, afin de leur permettre de maintenir leur capacitĂ© Ă investir. Concernant la modernisation des bĂątiments, outre lâharmonisation europĂ©enne des normes, il faut veiller Ă ce que la rĂšgle des plafonds en matiĂšre de subventions ne pĂ©nalise pas les secteurs de montagne, oĂč le coĂ»t de rĂ©habilitation est plus Ă©levĂ© et souvent mal Ă©valuĂ©. Or, sauf erreur de ma part, je nâai pas vu cette question traitĂ©e dans votre rapport. Pouvez-vous mâen dire deux mots ? M. le prĂ©sident François Brottes. Messieurs les rapporteurs, vous avez de nombreuses sollicitations, notamment Ă continuer le travail, beaucoup de fĂ©licitations pour un rapport de grande qualitĂ© qui balaie lâensemble de la problĂ©matique, mĂȘme si quelques points ont semble-t-il Ă©tĂ© oubliĂ©s, ce qui est tout Ă fait normal, vu que lâon manque toujours un peu de temps. M. Alain Marc, rapporteur. Jâai bien notĂ© que les aspects rĂ©glementaires et les contraintes qui pĂšsent sur les agriculteurs ont Ă©tĂ© Ă©voquĂ©s plusieurs fois. Nous allons demander Ă lâexĂ©cutif quâau niveau de lâadministration dĂ©partementale, notamment, les Ă©leveurs nâaient pas lâimpression de subir, Ă chaque fois que des gens se dĂ©placent chez eux, un interrogatoire parfois trĂšs traumatisant. Il faudra bien que soit dĂ©brayĂ©e lâinformation Ă partir du ministĂšre jusquâau niveau local afin que lâon nâait plus ce type de comportements de la part de certains contrĂŽleurs, qui y vont parfois un petit peu trop fort. Nous Ă©voquons les installations classĂ©es. Il est complĂštement anormal que nous soyons soumis en France Ă ce type dâautorisations Ă installations classĂ©es pour des Ă©levages Ă 50 vaches laitiĂšres, alors que, dans dâautres pays, câest 100, ou plus. Il faut donc vraiment une harmonisation europĂ©enne. Nous allons bien Ă©videmment le dire trĂšs trĂšs fortement. Le maintien des abattoirs nĂ©cessitera une mission beaucoup plus prĂ©cise, car nous avons reçu les reprĂ©sentants des abattoirs et cette question centrale est trĂšs difficile Ă traiter - suivant les espĂšces, trĂšs peu dâentre eux arrivent Ă lâĂ©quilibre Ă©conomique. La formation, qui nâa pas tellement Ă©tĂ© lâobjet de nos auditions, est quand mĂȘme trĂšs bien faite en France. Il y a eu certains soucis dans certains lycĂ©es et Michel Barnier nous a aidĂ©s, notamment Ă maintenir lâĂ©levage ovin bio dans certaines zones. Les filiĂšres agricoles doivent sans arrĂȘt ĂȘtre adaptĂ©es. En ce qui concerne les Ă©carts de prix, Laure de la RaudiĂšre nous a dit quâen 2009 le prix des cĂ©rĂ©ales Ă©tait bas. CâĂ©tait aussi le moment de la crise laitiĂšre, oĂč le prix du lait Ă©tait encore plus bas quâil ne lâest aujourdâhui, ce qui nous a valu toutes ces manifestations au niveau national. Ce qui compte, câest bien sĂ»r le prix auquel sont rĂ©munĂ©rĂ©s nos agriculteurs, mais aussi le prix des intrants, le prix des cĂ©rĂ©ales. Câest lâĂ©cart entre les deux qui permet le revenu. Lorsquâil y a un effet de ciseaux, malheureusement, comme aujourdâhui avec lâaugmentation sans prĂ©cĂ©dent de ces coĂ»ts-lĂ , on assiste Ă une baisse sensible du revenu des agriculteurs. Antoine Herth a Ă©voquĂ© ce que pourrait ĂȘtre la caricature du nombre dâheures travaillĂ©es si lâon comparait les Ă©leveurs aux cĂ©rĂ©aliers. Les Ă©leveurs sont Ă leur ferme 365 jours sur 365 et il est Ă©vident quâĂ cĂŽtĂ© de ces problĂšmes conjoncturels de prix des intrants, il est bon de reconnaĂźtre la possibilitĂ© pour les Ă©leveurs de partir en vacances grĂące Ă la dĂ©fiscalisation, ce qui nâĂ©tait pas quelque chose dâassurĂ©e Ă un moment donnĂ©. Pour certains dâentre eux, câĂ©tait la premiĂšre fois de leur vie, Ă quarante-cinq ans, quâils partaient en vacances. Cela ne leur Ă©tait jamais arrivĂ© auparavant. Câest donc quelque chose de trĂšs intĂ©ressant, quâil faut continuer. Je ne voudrais pas que les circuits courts relĂšvent en quelque sorte de "la tarte Ă la crĂšme". Câest une niche trĂšs intĂ©ressante ; au niveau Ă©conomique, le montant global de ce que pourraient reprĂ©senter lâintĂ©gralitĂ© des circuits courts ne ferait toutefois que quelques pourcents de la production. Je suis dâaccord quâil faut les favoriser. Mais il ne faut sans doute pas en faire lâalpha et lâomĂ©ga de ce que doit ĂȘtre lâagriculture française dans lâavenir. En ce qui concerne les exploitations et le groupement export France » pour la viande, il y a effectivement des possibilitĂ©s extrĂȘmement intĂ©ressantes au niveau international. Il faudra de plus en plus de lait de vache et la demande mondiale de viande est prĂ©sente. En revanche, le vrai problĂšme est dâassurer nos exportations. Sur la poudre de lait, par exemple, nous avions connu du retard, que nous sommes progressivement en train de rattraper. Nous ne sommes pas trĂšs outillĂ©s Ă lâexport pour conquĂ©rir certains marchĂ©s. Nos ambassades et nos services Ă©conomiques Ă lâextĂ©rieur ne sont peut-ĂȘtre pas suffisamment structurĂ©s pour permettre Ă nos grandes coopĂ©ratives dâexporter sur les marchĂ©s Ă©mergents, malgrĂ© leur regroupement. A lâintĂ©rieur de lâoutil qui pourrait ĂȘtre un GIE constituĂ©, nous pourrions avoir des outils bien meilleurs de façon Ă acquĂ©rir ces marchĂ©s â ce que dâautres font, notamment les Allemands et les pays de lâEurope du Nord. M. Germinal Peiro, rapporteur. Tout dâabord, je voudrais dire Ă M. Sauvadet que tout le monde attend des actes, et le Gouvernement français les a posĂ©s en dĂ©fendant le budget de la PAC, ce qui a Ă©tĂ© saluĂ© par toutes les organisations syndicales, y compris celles qui nâavaient pas appelĂ© Ă voter pour lui. Les actes ont Ă©galement Ă©tĂ© posĂ©s de maniĂšre partagĂ©e au niveau de la Commission, du Parlement et du Conseil europĂ©en, en augmentant la possibilitĂ© de recouplage des aides qui passe de 10 % Ă 13 %, â ce qui est trĂšs important â, et en offrant une marge de manĆuvre de 2 % supplĂ©mentaire pour le plan protĂ©ines vĂ©gĂ©tales ». Ce sont des avancĂ©es notables, mais il faut aussi aujourdâhui aussi poser des actes au niveau franco-français et câest lâobjet des scĂ©narios que le ministre est en train de proposer aux reprĂ©sentants syndicaux depuis hier. En effet, selon le scĂ©nario, lâimpact en faveur de lâĂ©levage ne sera pas le mĂȘme quelle sera la part laissĂ©e au recouplage sur le 1er pilier, car il est possible dâatteindre 30 % ? Quel sera le choix sur la convergence ? A cet Ă©gard, il va falloir concilier les demandes des Ă©leveurs extensifs et des zones de montagnes qui actuellement sont Ă moins de 200 ⏠de droits Ă paiement unique aujourdâhui et qui souhaitent atteindre rapidement une moyenne de 270 âŹ, avec celles dâautres zones qui sont Ă 350 ⏠voire 400 ⏠et qui craignent une perte de revenus. Il faut donc que des choix soient rĂ©alisĂ©s au niveau national. Nous aurons ainsi lâoccasion de montrer qui dĂ©fend vĂ©ritablement lâĂ©levage. Concernant la surprime, il faut lâĂ©tudier de prĂšs pour lâĂ©levage extensif car elle favorise aujourdâhui les exploitations jusquâĂ 100 hectares, le point de bascule se faisant entre 90 et 100 hectares. Attention, il faut bien savoir que la surprime ne sapplique pas Ă lâensemble du droit Ă paiement unique moyen la surprime est faite sur une partie de lâaide seulement. La difficultĂ© est de savoir comment on encourage lâemploi. Les 9 Md⏠dâargent public versĂ©s annuellement Ă lâagriculture doivent ĂȘtre utilisĂ©s de la façon la plus efficace possible en terme dâemploi, dâamĂ©nagement du territoire et de protection de lâenvironnement pour que la France reste un grand pays producteur, comme lâa affirmĂ© le Gouvernement et le PrĂ©sident de la rĂ©publique. Il est trĂšs difficile de trouver une formule qui aide lâemploi et la commission europĂ©enne lâa refusĂ©e. Au final la France nâaurait peut-ĂȘtre pas Ă©tĂ© gagnante en comparaison de pays comme la Roumanie ou la Bulgarie qui ont encore des millions dâagriculteurs avec de toutes petites exploitations. Supprimer les premiers hectares revient en rĂ©alitĂ© Ă aider lâemploi car les chiffres indiquent clairement que ce sont sur les exploitations dâĂ©levage que se trouvent le plus grand nombre dâemplois. Câest donc avec des outils franco-français que lâon va pouvoir aider lâĂ©levage ou dâautres secteurs. Nous aurons ainsi lâoccasion de montrer si lâĂ©levage est vĂ©ritablement une grande cause nationale dans notre pays et sâil existe une volontĂ© nationale de le soutenir. Je ne reviens pas sur lâaspect caricatural du rapport qui nous a Ă©tĂ© reprochĂ©, car ni Alain Marc ni moi-mĂȘme nâavons voulu caricaturer les situations, mais câest une Ă©vidence quâun Ă©leveur laitier doit procĂ©der Ă deux traites quotidiennes alors quâun maĂŻsiculteur nâest pas obligĂ© de vĂ©rifier son champ tous les jours de lâannĂ©e. La question des revenus est Ă©galement une Ă©vidence absolue, mĂȘme sâil ne faut pas oublier quâil y a 4 ou 5 ans, 1 500 tracteurs avaient envahi la place de la Nation Ă cause de la baisse des cours. La volatilitĂ© des prix peut donc toucher aussi le secteur des cĂ©rĂ©ales. LâannĂ©e 2013 Ă©tant annoncĂ©e comme une annĂ©e record pour la production de cĂ©rĂ©ales, on verra ses consĂ©quences sur les prix, sachant aussi quâil y a une demande croissante de cĂ©rĂ©ales dans le monde. Il ne faut pas oublier que la charge principale qui pĂšse sur le budget des exploitations dâĂ©levage est celle liĂ©e Ă lâalimentation, elle-mĂȘme liĂ©e au coĂ»t des cĂ©rĂ©ales. Un transfert doit donc sâopĂ©rer. Câest ainsi que nous avançons lâidĂ©e, pour une autre PAC, dâaides contracycliques, qui seront une forme de rĂ©gulation. Au sujet des circuits courts, la France en est encore Ă la PrĂ©histoire. Elle a intĂ©rĂȘt Ă mettre en place un plan national de relocalisation des activitĂ©s agricoles. Jây suis trĂšs attachĂ© et dĂ©fends cette idĂ©e depuis plusieurs annĂ©es dĂ©jĂ car je crois Ă la proximitĂ©, Ă la traçabilitĂ©, au besoin des citoyens de consommer des produits quâils connaissent et qui reprĂ©sentent lâidentitĂ© de leur territoire. La marge de manĆuvre est Ă©norme puisque 80 % de la viande consommĂ©e en restauration collective provient de lâimportation. La France devrait parvenir Ă faire en sorte que les vaches charolaises de Bourgogne soient consommĂ©es sur leur territoire de production sans devoir faire appel Ă des vaches de rĂ©forme provenant des Pays Bas. Comme il lâa dĂ©jĂ Ă©tĂ© soulignĂ©, lâun des coĂ»ts les plus importants pour les Ă©leveurs est lâalimentation, et le plan protĂ©ines vĂ©gĂ©tales »est une bonne solution. Avec les 2 % que la PAC autorise aujourdâhui, il faut encourager la culture des fĂ©veroles, des pois, de la luzerne, etc⊠pour ne pas ĂȘtre totalement dĂ©pendant du soja OGM, venu notamment du BrĂ©sil. Concernant lâaprĂšs quotas, lâUnion europĂ©enne a malheureusement dĂ©mantelĂ© le systĂšme de rĂ©gulation des quotas mis en place en 1984. Pourtant, celui-ci a permis non seulement de maintenir une production laitiĂšre en France, mais surtout de la rĂ©partir sur lâensemble du territoire. Aujourdâhui, sans les quotas, le risque majeur en France rĂ©side dans la concentration de la production laitiĂšre. Au sujet de lâĂ©tiquetage et de la traçabilitĂ©, nous sommes tous dâaccord pour poursuivre les efforts. En matiĂšre dâaccords internationaux, que ce soit ceux de lâOMC ou la libĂ©ralisation des Ă©changes entre les Ătats-Unis et lâUnion europĂ©enne, il faut ĂȘtre vigilant puisquâĂ terme, avec la pression pour lâouverture de nos marchĂ©s, nous serons forcĂ©s dâaccepter les produits aux hormones et aux OGM que nous refusons encore aujourdâhui. En conclusion, nous avons voulu, avec Alain Marc, pousser le cri dâalarme et poser des actes. Sâil nây a pas une meilleure rĂ©partition des aides de la PAC dans notre pays, lâĂ©levage va quasiment disparaĂźtre dans beaucoup de rĂ©gions, et cela ne va pas dans lâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral de la France, qui consiste Ă maintenir une activitĂ© dâĂ©levage rĂ©partie sur lâensemble du territoire, crĂ©ant des emplois et valorisant la production agricole en matiĂšre de lait, la France est un des plus grands producteurs de fromage et de produits transformĂ©s et pour la filiĂšre viande », il est aussi possible dâamĂ©liorer notre production. Il faut garder Ă lâesprit que si la France connaĂźt un succĂšs touristique aussi important avec 83 millions de visiteurs en 2012, câest grĂące Ă son patrimoine historique, naturel mais aussi gastronomique, qui fait de la France un pays un peu Ă part dans le monde. Monsieur le prĂ©sident Brottes. Merci pour ce travail dâune excellente qualitĂ©. Une audition spĂ©cifique sera organisĂ©e prochainement sur les abattoirs. LISTE DES PERSONNES AUDITIONNĂES 26 mars 2013 Association nationale des Ă©lus de la montagne ANEM Mme FrĂ©dĂ©rique Massat, prĂ©sidente M. HervĂ© Benoit, chargĂ© de mission Institut de lâĂ©levage M. Philippe Chotteau, chef du dĂ©partement Ă©conomie M. Christophe Perrot, chargĂ© de mission Ăconomie, Ă©levage et territoire Syndicat National de lâIndustrie de la Nutrition Animale SNIA M. François Cholat, vice-prĂ©sident M. StĂ©phane Radet, directeur 2 avril 2013 FĂ©dĂ©ration nationale des exploitants dâabattoirs prestataires de service FNEAP M. AndrĂ© Eloi, directeur FĂ©dĂ©ration nationale des syndicats dâexploitants agricoles FNSEA M. Henri Brichart, vice-prĂ©sident M. Antoine Suau, chargĂ© de mission Ăconomie Mme Nadine Normand, chargĂ©e des Relations avec le Parlement 9 avril 2013 FĂ©dĂ©ration nationale des exploitants dâabattoirs prestataires de service FNEAP M. AndrĂ© Eloi, directeur FĂ©dĂ©ration nationale des producteurs de lait FNPL M. Gilles Psalmon, directeur Coordination rurale CRUN M. François Lucas, vice-prĂ©sident de la CRUN M. Michel Manoury, prĂ©sident de la section viande de la CRUN Mme VĂ©ronique Le Floch, membre du conseil dâadministration de lâOrganisation des producteurs de lait OPL FĂ©dĂ©ration des entreprises du Commerce et de la Distribution FCD M. Mathieu Pecqueur, directeur Agriculture et qualitĂ© M. GĂ©rard CladiĂšre, reprĂ©sentant de la FCD au sein dâInterbev, M. Antoine Sauvagnargues, chargĂ© de mission Affaires publiques ConfĂ©dĂ©ration paysanne M. GĂ©rard Durand, SecrĂ©taire national en charge du dossier Ă©levage M. Jean Guinand, en charge du dossier lait M. Yves Sauvaget, responsable de la commission lait M. Christian Drouin, responsable de la commission bovins viande 16 avril 2013 SODIAAL M. FrĂ©dĂ©ric Chausson, directeur du dĂ©veloppement coopĂ©ratif FĂ©dĂ©ration Nationale des CoopĂ©ratives LaitiĂšres FNCL M. Dominique ChargĂ©, prĂ©sident Mme ChristĂšle Josse, directrice Centre dâĂ©conomie rurale M. Philippe Boullet, directeur du dĂ©veloppement M. Alain Le Boulanger, spĂ©cialiste Ă©levage, directeur des Ă©tudes Ă©conomiques Cerfrance Normandie Maine, animateur du groupe veille Ă©conomique filiĂšre lait du rĂ©seau Cerfrance M. Jean-Marie Seronie, responsable de la veille Ă©conomique FranceAgriMer M. FrĂ©dĂ©ric Gueudar-Delahaye, directeur gĂ©nĂ©ral adjoint M. AndrĂ© Barlier, directeur des marchĂ©s, Ă©tudes et prospectives M. FrĂ©dĂ©ric Douel, dĂ©lĂ©guĂ© de la filiĂšre lait M. Michel Meunier, dĂ©lĂ©guĂ© de la filiĂšre viande 23 avril 2013 MinistĂšre de lâagriculture M. Jean-Guillaume Bretenoux, conseiller technique chargĂ© des filiĂšres animales et agroalimentaires M. Bruno Ferreira, conseiller technique chargĂ© des questions de sĂ©curitĂ© sanitaire et de lâalimentation Direction gĂ©nĂ©rale des politiques agricole, agroalimentaire et des territoires DGPAAT Mme VĂ©ronique Borzeix, adjointe au sous-directeur produits et marchĂ©s Coop de France M. Bruno Colin, prĂ©sident de la filiĂšre bovine de Coop de France et vice-prĂ©sident de la CoopĂ©rative agricole Lorraine CAL M. Philippe Dumas, prĂ©sident de SICAREV, groupe coopĂ©ratif en production bovine, porcine et abattage M. Denis Gilliot, coordinateur filiĂšres au pĂŽle animal Mme IrĂšne de Bretteville, chargĂ©e des relations parlementaires FĂ©dĂ©ration nationale bovine FNB M. Pierre Chevalier, prĂ©sident M. Guy Hermouet, premier vice-prĂ©sident M. Thierry Rapin, directeur M. Jean-Pierre Fleury, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral 14 mai 2013 Association des producteurs de lait indĂ©pendants APLI M. Paul de Montvalon, administrateur Interprofession de la viande Interbev M. Dominique Langlois, prĂ©sident M. Marc PagĂšs, directeur gĂ©nĂ©ral adjoint M. Yves Berger, dĂ©lĂ©guĂ© gĂ©nĂ©ral FĂ©dĂ©ration nationale de lâindustrie et des commerces en gros de viandes FNICGV M. HervĂ© des DĂ©serts, directeur gĂ©nĂ©ral M. Henri Demaegdt, prĂ©sident de la commission gros bovins Mme Marine Colli, chargĂ©e des relations parlementaires AssemblĂ©e permanente des chambres dâagriculture APCA M. Daniel Gremillet, prĂ©sident de la chambre dâagriculture des Vosges 28 mai 2013 LACTALIS M. Michel Nalet, directeur des relations extĂ©rieures Syndicat national de lâindustrie des viandes SNIV-SNCP M. Jean-Paul Bigard, prĂ©sident M. Pierre Halliez, directeur gĂ©nĂ©ral Jeunes agriculteurs M. JĂ©rĂŽme Chapon, vice-prĂ©sident en charge de lâĂ©conomie, Mme Suzanne Dalle, conseillĂšre productions animales M. RĂ©gis Rivailler, attachĂ© de direction, conseiller parlementaire et affaires publiques 4 juin 2013 Observatoire des prix et des marges M. Philippe Chalmin, prĂ©sident PAS VENU, auditionnĂ© par tĂ©lĂ©phone ?? Groupe Bongrain M. Daniel Chevreul, directeur des approvisionnements laitiers Centre national interprofessionnel de lâĂ©conomie laitiĂšre CNIEL M. Thierry Roquefeuil, prĂ©sident M. Benoit Mangenot, directeur gĂ©nĂ©ral M. Benoit Rouyer, chef du service Ă©conomie Mme Marie-Pierre Vernhes, responsable de la communication institutionnelle 1 Rapport de la confĂ©dĂ©ration nationale de lâĂ©levage, 2012. 2 MinistĂšre de lâagriculture, 12 dĂ©cembre 2012. 3 Ibid. 4 AssemblĂ©e nationale, Rapport dâinformation n° 3863 marchĂ© des matiĂšres premiĂšres volatilitĂ© des prix, spĂ©culation, rĂ©gulation. PrĂ©sidente Mme Pascale Got. Rapporteurs Mme Catherine Vautrin et M. François Loos. 5 6 FNB, rapport dâAssemblĂ©e GĂ©nĂ©rale, 2013. 7 Contribution du CER France. 8 Centre Ă©tudes et prospectives du ministĂšre de lâagriculture, analyse 11, juillet 2009. 9 Chambres dâagriculture. 10 Audition de la FNB. 11 Institut de lâĂ©levage. 12 Aujourdâhui FranceAgriMer 13 RĂšglements europĂ©ens. 14 SĂ©nat, Jean Bizet, Le prix du lait dans les Ătats membres de lâUnion europĂ©enne », 2009. 15 Audition de lâANEM. 16 SĂ©nat, Jean Bizet, Le prix du lait dans les Ătats membres de lâUnion europĂ©enne », 2009. 17 Ibid. 18 Audition dâInterbev. 19 Rapport de la confĂ©dĂ©ration nationale de lâĂ©levage, 2012. 20 Proposition des chambres dâagriculture. 21 Agrapresse, n° 3393, lundi 8 avril 2013. 22 23 Voir lâencadrĂ© ci-aprĂšs sur leur rĂ©vision. 24 Ouest France, Anticiper de futures crises laitiĂšres », 14 dĂ©cembre 2012 25 Centre dâĂ©tudes et de prospective, n° 53, juin 2012, Marie Sophie Dedie et Pierre Claquin. 26 Rapport de Mme Marion GUILLOU, mai 2013, sur lâagro-Ă©cologie Ă M. StĂ©phane LE FOLL, Ministre de lâAgriculture, de lâAgroalimentaire et de la ForĂȘt. © AssemblĂ©e nationale . 174 25 48 448 212 435 78 171