Lintention poursuivie de l’auteur devient du coup plus claire : la vie a des hauts et des bas, elle peut même sembler parfaite ; finalement c’est quand-même la mort qui nous capte tous. On vient juste de voir que la mort représente un trou et qu’elle est la phrase conclusive de la
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VICTORHUGO On vit, on parle On vit, on parle, on a le ciel et les nuages Sur la tête ; on se plaît aux livres des vieux sages ; On lit Virgile et Dante ; on va joyeusement En voiture publique à quelque endroit charmant, En riant aux éclats de l'auberge Lumière sur… ► vous êtes ici Lumière sur…Les Contemplations 1856de Victor Hugo👤 Victor Hugo… Né à Besançon en 1802, Victor Hugo est très vite apparu comme le chef de l’école romantique. Élu à l’Académie française en 1841, il est membre de l’Assemblée législative en 1849 et député de Paris en 1871. Quand Victor Hugo meurt, à 83 ans, il a droit à des funérailles nationales et une immense foule l’accompagne. Il laisse une œuvre inégalée… → À lire Biographie de Victor Hugo. 🎲 Exercice Connaissez-vous Victor Hugo ?Dans le livre des Châtiments, Victor Hugo regarde le monde extérieur ; dans le livre des Contemplations, il tient ses yeux et son esprit attachés sur lui-même. Quelques jours, quelques mois, au plus, d’inspiration fougueuse avaient produit les Châtiments ; les Contemplations réfléchissent l’aspect et traduisent les joies ou les douleurs de vingt-cinq années », autant dire de toute une existence. Ce sont là, pour employer l’expression même de Hugo, les Mémoires d’une âme ». Toute la destinée humaine est dans ce livre Il s’ouvre par la contemplation de l’ avant-printemps de la vie est bien vite passé. L’âme s’épanouit, comme la flore au mois de mai. C’est le temps où les oiseaux chantent. Qu’exprime leur chant ? Les strophes invisibles » qui s’exhalent des cœurs amoureux. Et ce que disent les oiseaux, tout le répète à l’envi la caresse du vent, le rayonnement de l’étoile, la fumée du vieux toit, le parfum des meules de foin, l’odeur des fraises mûres, la fraîcheur du ruisseau normand troublé de sels marins », la palpitation d’ailes du martinet sous un portail de cathédrale, l’ombre épaisse des ifs, le frisson de l’étang, et l’ondulation des herbes, qui semble, le tressaillement des enchantements éphémères de la passion succèdent les efforts virils, et le combat, non sans angoisse, du devoir. Quel est le devoir du poète ? S’isoler dans l’art, et vivre pour le culte d’un idéal sans utilité, ou au contraire mettre le beau au service du vrai, et chercher le vrai dans le progrès de tous les hommes ? Hugo avait déjà écrit ailleurs que le poète a charge d’âmes ». On peut donc s’attendre à le trouver ici, comme ailleurs, préoccupé d’agir jusque dans le rêve, et soucieux d’être utile, grossièrement utile », comme il dit, même sur les hauteurs de la spéculation. N’est-ce pas lui qui condamne en ces termes les partisans de l’art pour l’art L’amphore qui refuse d’aller à la fontaine mérite la huée des cruches ? » Il est poète, mais il est homme, et sa première manifestation de poète a été une protestation contre la tendance qui faisait de l’œuvre poétique une affaire de caste, qui donnait au lettré français des prétentions de mandarin » ; il a proclamé la Révolution des mots Tous les mots à présent planent dans la clarté. Les écrivains ont mis la langue en liberté. Et, grâce à ces bandits, grâce à ces terroristes, Le vrai, chassant l’essaim des pédagogues tristes, L’imagination, tapageuse aux cent voix, Qui casse des carreaux dans l’esprit des bourgeois ; La poésie au front triple, qui rit, soupire Et chante ; raille et croit ; que Plaute et que Shakespeare Semaient, l’un sur la plebs, et l’autre sur le mob ; Qui verse aux nations la sagesse de Job Et la raison d’Horace à travers sa démence ; Qu’enivre de l’azur la frénésie immense, Et qui, folle sacrée aux regards éclatants, Monte à l’éternité par les degrés du temps, La muse reparaît, nous reprend, nous ramène, Se remet à pleurer sur la misère humaine, Frappe et console, va du zénith au nadir, Et fait sur tous les fronts reluire et resplendir Son vol, tourbillon, lyre, ouragan d’étincelles, Et ses millions d’yeux sur ses millions d’ janvier 1834. Les Contemplations, Livre premier VIICe n’est pas seulement l’intérêt de son art qui passionne cet esprit viril ; il contemple avec émotion, et décrit d’une plume tragique, avec d’inoubliables traits, les misères de tous les il a sa large part de misère et de deuil. Sa fille meurt. Le poète, qui s’était longtemps attardé à contempler le ciel, et à rêver, comme le pâtre, à la lumière de l’étoile, se tourne désormais vers la terre, et s’acharne, pour ainsi parler, à pénétrer le secret du tombeau. Il y va chercher ce qu’il a perdu ; il ne n’y trouve refuse de croire que tout l’être humain tienne, comme disait Bossuet, dans le débris inévitable ». Il veut savoir où le souffle qui animait l’organisme détruit, s’est retiré ; il s’élance à travers les régions du ciel, à la poursuite de cette en arrive à concevoir ce qu’on nomme la mort comme un éveil à la vraie vie Ne dites pas mourir ; dites naître. Croyez. On voit ce que je vois et ce que vous voyez ; On est l’homme mauvais que je suis, que vous êtes ; On se rue aux plaisirs, aux tourbillons, aux fêtes ; On tâche d’oublier le bas, la fin, l’écueil, La sombre égalité du mal et du cercueil ; Quoique le plus petit vaille le plus prospère ; Car tous les hommes sont les fils du même père ; Ils sont la même larme et sortent du même œil. On vit, usant ses jours à se remplir d’orgueil ; On marche, on court, on rêve, on souffre, on penche, on tombe, On monte. Quelle est donc cette aube ? C’est la tombe. Où suis-je ? Dans la mort. Viens ! Un vent inconnu Vous jette au seuil des cieux. On tremble ; on se voit nu, Impur, hideux, noué des mille nœuds funèbres De ses torts, de ses maux honteux, de ses ténèbres ; Et soudain on entend quelqu’un dans l’infini Qui chante, et par quelqu’un on sent qu’on est béni, Sans voir la main d’où tombe à notre âme méchante L’amour, et sans savoir quelle est la voix qui chante. On arrive homme, deuil, glaçon, neige ; on se sent Fondre et vivre ; et, d’extase et d’azur s’emplissant, Tout notre être frémit de la défaite étrange Du monstre qui devient dans la lumière un novembre 1854. Les Contemplations, Livre premier V Si forte que soit l’expression de cette espérance, si passionné que soit l’acte de foi en l’immortalité qui remplit toute la dernière partie des Contemplations, ce qui nous touche le plus, dans le livre, c’est encore l’expression de la douleur paternelle, et cette admirable lamentation funèbre, tour à tour aiguë ou apaisée, dont rien n’égale par moments la simplicité pénétrante Mère, voilà douze ans que notre fille est morte ; Et depuis, moi le père et vous la femme forte, Nous n’avons pas été, Dieu le sait, un seul jour Sans parfumer son nom de prière et d’amour. Nous avons pris la sombre et charmante habitude De voir son ombre vivre en notre solitude, De la sentir passer et de l’entendre errer, Et nous sommes restés à genoux à pleurer. Nous avons persisté dans cette douleur douce, Et nous vivons penchés sur ce cher nid de mousse Emporté dans l’orage avec les deux oiseaux. Mère, nous n’avons pas plié, quoique roseaux, Ni perdu la bonté vis-à-vis l’un de l’autre, Ni demandé la fin de mon deuil et du vôtre A cette lâcheté qu’on appelle l’oubli. Oui, depuis ce jour triste où pour nous ont pâli Les cieux, les champs, les fleurs, l’étoile, l’aube pure, Et toutes les splendeurs de la sombre nature, Avec les trois enfants qui nous restent, trésor De courage et d’amour que Dieu nous laisse encor, Nous avons essuyé des fortunes diverses, Ce qu’on nomme malheur, adversité, traverses, Sans trembler, sans fléchir, sans haïr les écueils, Donnant aux deuils du cœur, à l’absence, aux cercueils, Aux souffrances dont saigne ou l’âme ou la famille, Aux êtres chers enfuis ou morts, à notre fille, Aux vieux parents repris par un monde meilleur, Nos pleurs, et le sourire à toute autre douleur. Marine-Terrace, août 1855. Les Contemplations, Livre premier VEn résumé Vingt-cinq ans de vie intérieure Mémoires d’une âme » ; mais tendance à la généralité Quand je vous parle de moi, je vous parle de vous ». Trois livres sur Autrefois » Aurore », l’Âme en Fleur », Les Lettres et les Rêves » ; trois livres sur le présent Pauca meae », En marche », Au bord de l’infini ». Les premiers livres rappellent Feuilles d’Automne » ou Voix intérieures ». Profondeur de l’émotion dans Pauca meae », livre consacré à la mort de Léopoldine À Villequier ». Le dernier livre est tout philosophique ; hantise de la mort, méditations devant l’océan en furie ; consultations de tables tournantes, souvenirs de Zoroastre, de Pythagore conduisent Hugo à une conception personnelle de la métempsychose ascension ou descente des êtres, dans la création, selon le mérite.✏️ Testez vos connaissances ! ✏️ Êtes-vous au point sur Victor Hugo ? Pour le savoir, testez vos connaissances en complétant ce questionnaire.📽 20 citations choisies de Victor HugoArticles connexes Lumière sur… Hernani 1830. Notre-Dame de Paris 1831. Extrait de la préface de Cromwell 1827. Biographie de Victor Hugo. La France pendant le XIXe siècle. Auteurs du XIXe siècle. Genre littéraire La poésie. La poésie repères historiques. Le genre poétique. La versification française. Les de livresRecherche sur le site

VictorHugo écrit une scène pathétique qu'il dramatise (impression d'une tragédie). Le récit commence en journée, avec la proposition de l'arracheur de dents et le rejet total de Fantine. L'auteur insiste sur la pauvreté, la maladie de Cosette et sur la réflexion de Fantine qui finalement, "le soir", heure tragique par excellence, sort : "on la vit". Le choix du généralisant

On vit, on parle, on a le ciel et les nuages Sur la tête ; on se plaît aux livres des vieux sages ; On lit Virgile et Dante ; on va joyeusement En voiture publique à quelque endroit charmant, En riant aux éclats de l'auberge et du gîte ; Le regard d'une femme en passant vous agite ; On aime, on est aimé, bonheur qui manque aux rois ! On écoute le chant des oiseaux dans les bois Le matin, on s'éveille, et toute une famille Vous embrasse, une mère, une sœur, une fille ! On déjeune en lisant son journal. Tout le jour On mêle à sa pensée espoir, travail, amour ; La vie arrive avec ses passions troublées ; On jette sa parole aux sombres assemblées ; Devant le but qu'on veut et le sort qui vous prend, On se sent faible et fort, on est petit et grand ; On est flot dans la foule, âme dans la tempête ; Tout vient et passe ; on est en deuil, on est en fête ; On arrive, on recule, on lutte avec effort… – Puis, le vaste et profond silence de la mort ! 11 juillet 1846, en revenant du cimetière. Victor Hugo Cliquez ci-dessous pour découvrir un poème sélectionné au hasard. Message aux membres de Poetica Mundi ! Chers membres de la communauté Poetica Mundi, n'oubliez pas D'aller consulter les publications de la communauté poèmes, quiz, messages ;De télécharger vos nouveaux avantages livres, activités, poèmes à imprimer, etc. ;Et de m'envoyer vos demandes spéciales. Cliquez sur le lien suivant pour vous connecter ou devenir membre. Merci de me soutenir et de me permettre de vous offrir plus de 16 000 poèmes sur ce site sans publicité et de la poésie sur YouTube !Johann
VictorHugo, troisième fils et petit dernier de sa famille, est né 1802. Dès sa jeunesse, où il suit des cours à Louis le Grand notamment, il commence à rédiger ses premiers poèmes et fait preuve d’une grande ambition en disant vouloir devenir l’égal Le soleil ni la mort ne se peuvent regarder en face » ? Chiche ! Je citais dans mon précédent billet cette formule bien connue de La Rochefoucauld pour signaler combien Hugo, justement, outrepassait l’interdit posé par le moraliste avec Les Contemplations, où il prend la mort pour interlocuteur, et une morte sa fille Léopoldine pour destinataire de de ce foisonnant recueil. Il me semble donc opportun de consacrer au moins un billet, dans le survol critique engagé au sujet de ce livre, à mieux comprendre ce que c’est que le deuil, ses formes, ses issues, ce que je ferai à la lumière noire de ma propre expérience puisqu’aussi bien Hugo nous a prévenus, dans sa préface, que cette histoire d’une âme » et de ses passions ici mises en mots était aussi la nôtre. On dit dans le langage de la corrida que le torero fixe le taureau, en l’obligeant à passer par les détours des mouvements de sa cape, en l’enrôlant à sa fragile et scintillante silhouette. Au livre IV des Contemplations, Hugo fixe la mort de son enfant, en quelques poèmes qui nous touchent à l’intime si nous avons nous-mêmes perdu un être cher, et qui témoignent pour chaque lecteur des vertus salvatrices, cathartiques de l’écriture devant la mort, écrire propose un remède, une équivoque consolation. Mais il faut, dans le cas de Hugo, considérer que le deuil extrême de la mort de Léopoldine s’encadre entre deux autres, la perte de sa mère évoqué page 210 et que la mort de sa fille ravive À vingt ans , deuil et solitude ! », et la souffrance de l’exil, autre perte… Un être cher est un être qui participe de ma propre chair, qui plonge en moi ses racines ou prolonge les miennes en lui ; une personne tellement enchevêtrée à mon corps et à mon esprit que sa mort signifie un arrachement de moi-même. Un seul être vous manque et tout est dépeuplé », écrit Lamartine en un vers célèbre L’Isolement » dans ses Méditations poétiques de 1820 ; il suffit de lire ce poème assez mièvre pour saisir, par contraste, la force inouïe du verbe hugolien, très supérieur en énergies re-créatrices et en puissances visionnaires. Alphonse de Lamartine Soyons juste pourtant la formule de Lamartine a le mérite de pointer ce phénomène, bien analysé par Freud dans son classique ouvrage Deuil et mélancolie 1914, selon lequel la mort de l’être cher entraîne d’une façon plus générale la mort du ou d’un monde, soudainement déprécié. Vidé. C’est tout mon environnement familier qui semble d’un coup désinvesti ; comme si, explique Freud, vivre consistait à placer notre force vitale, et quasi érotique, dans des objets élus dont la subite privation fait refluer sur le sujet cette perte. Identifié au mort ou à la morte, l’endeuillé vit sa disparition comme celle d’une partie de son être propre, il s’éprouve amputé, lui-même frappé à mort, entraîné dans la tombe où il rêve de rejoindre l’objet aimé dont il s’affirme inséparable. Et ce vécu imaginaire de l’amputation peut se poursuivre par l’illusion du membre fantôme bien connue en clinique, lorsque le manchot ou l’unijambiste se plaint de fourmillements ou de douleurs aux extrémités du membre pourtant manquant. En soulignant dans sa préface que tout son livre est l’histoire d’une âme, Hugo nous prépare bien je crois à ces péripéties imaginaires, aux trafics d’une identité instable, aux perceptions hallucinées d’un corps qui n’a pas exactement les contours physiques qu’on lui prête. La poésie traite avec l’âme, et des passions de l’âme, cette entité supérieure qui n’est pas superposable au corps ni à la vie individuelle puisque notre âme, nous l’avons dit supra, est à comprendre comme un élan, un principe de débordement et de mélange, de sympathies, de contacts ou d’imprévues communications. Par nos âmes nous échangeons, nous nous pénétrons intimement, nous co-existons ou co-vivons avec d’autres âmes, fort au-delà de nos chétives barrières corporelles. On peut donc lire dans Les Contemplations un traité du deuil, de son usage ou mode d’emploi, dont Hugo fixe par écrit les étapes, les péripéties et les insidieuses transformations. Combien de temps dura son deuil ? Personne ne peut le savoir puisque ce sentiment demeure chose mentale, impossible à prescrire autant qu’à mesurer. Deux observations à ce sujet même si les dates données au bas des poèmes sont souvent fantaisistes, et destinées à brouiller une chronologie trop simple, nous voyons qu’à Jersey où il débarque pour y séjourner trois années en 1852, neuf ans après l’accident donc, Hugo demeure hanté par la mort de Léopoldine, et par exemple par le regret tenaillant de ne plus pouvoir visiter la tombe de celle qui est restée en France » page 416. Léopoldine se noie dans la Seine avec son mari Charles Vacquerie le 4 septembre 1843 ; c’est le même père inconsolable pourtant qui, le 5 juillet 1845, est surpris en flagrant délit d’adultère avec Léonie Biard à Paris, trompant ainsi sa femme Adèle autant que sa maîtresse officielle Juliette Drouet. Sa vie n’était pas aussi dépeuplée que certains poèmes voudraient nous le faire croire ? Disons plutôt que le travail du deuil selon Freud et l’attachement éperdu à sa fille n’arrêtaient pas le bouillonnement d’une vie amoureuse intense, ou encore que ces passions ne couraient pas sur le même plan. On peut même imaginer que l’endeuillé multiplie ses amours pour combler un vide lancinant. Mais venons-en aux textes, qui sont sur certains points d’une précision clinique. La première réaction à la mort de l’être cher est la dénégation, ce n’est pas possible, je ne peux pas imaginer ce monde sans elle, sans lui. Voir page 214, le poème IV du livre IV Oh ! je fus comme fou dans le premier moment / … Je fixais mes regard sur cette chose horrible, / Et je n’y croyais pas, et je m’écriais Non ! ». Cette dénégation forcenée se renforce d’hallucinations Il me semblait que tout n’était qu’un affreux rêve, / Qu’elle ne pouvait pas m’avoir ainsi quitté, / Que je l’entendais rire dans la chambre à côté, / … Tenez ! voici le bruit de sa main sur la clé ! / Attendez ! elle vient ! laissez-moi, que j’écoute ! / Car elle est quelque part dans la maison sans doute ! ». Ce poème, daté à Jersey de neuf années après, dit la permanence poignante de la révolte des sens et du bon sens, la folie d’une conscience que les regards ne fixent plus, qui n’accommode plus sur une réalité devenue insoutenable. Ce magnifique poème qui laisse affleurer la démence se trouve corrigé, dans quelques délicieux poèmes suivants V, VI, VII, IX, par la résurrection, quasi hallucinatoire elle aussi, du bonheur que c’était d’être ensemble. Ici le moi se berce et se recroqueville dans le cocon douillet d’une enfance retrouvée et qui ne passe pas, ou sur laquelle le temps semble ne pas avoir de prise les jeux avec les enfants, le partage de leurs élans, de leur tendresse envahissent l’endeuillé et le déportent dans le temps d’avant ; Hugo montre dans ces pages son immense empathie envers l’enfance et un monde féminin où le père endossait le rôle de la mère, où la maison entité infracassable tenait toute entière dans la puissance de son regard et de sa voix voir l’amusant récit du chef de famille inventant pour sa progéniture des histoires chaque jour renouvelées, Toujours, ces quatre douces têtes / Riaient, comme à cet âge on rit, / De voir d’affreux géants très-bêtes / Vaincus par des nains pleins d’esprit », page 221. Le cercle du poète auquel on demande tellement plus la page 212 énumère ses missions pourrait parfaitement se circonscrire et se satisfaire pleinement de ce petit auditoire, J’eusse aimé mieux … / Suivre, heureux, un étroit chemin, / Et n’être qu’un homme qui passe / Tenant son enfant par la main » page 212. Dans ces pages illuminées par son jeune public, Hugo nous dit en passant à quel point son inspiration lui fut dictée au contact de l’enfance voir V, page 215, à quel point l’art est une enfance – il maintiendra cette affirmation de l’art d’être père jusqu’à L’Art d’être grand père 1877. Il faut comprendre, dans le cas de Hugo comme pour tout homme peut-être, que cette enfance n’est pas un âge dépassé mais un gisement toujours accessible, que cette fraîcheur n’est pas révolue mais indéfiniment sous-jacente, pour qui sait la capter. L’âme échappe à la chronologie autant qu’à l’individu encarté dans un état-civil, elle est contemporaine de toutes les étapes d’une vie. D’autres poèmes de la même section nous montrent les flux et reflux du deuil, le consentement du poète à l’appel de cette morte à laquelle il s’identifie, son aspiration invincible vers la tombe, Ô Seigneur ! ouvrez-moi les portes de la nuit / Afin que je m’en aille et que je disparaisse » Veni, vidi, vixi » page 225. Victor s’éprouve fini, sa vie est terminée. Ou bien, sous le vernis apparent d’activités entraînantes, voire trépidantes, le beau poème XI dit aussi l’amertume d’une âme intérieurement brisée On vit, on parle, on a le ciel et les nuages / Sur la tête … / Le regard d’une femme en passant vous agite / On aime, on est aimé, bonheur qui manque aux rois » allusion à Léonie Biard rencontrée l’année précédente ? »… La répétition du pronom impersonnel, comme furent peut-être dans leur succession ces grands actes désormais machinaux, bute sur l’alexandrin final, définitif dans son absence de verbe, Puis, le vaste et profond silence de la mort ! » pages 222-223, butoir à rapprocher de ce vers lui aussi conclusif, Oh ! l’herbe épaisse où sont les morts ! » page 213. Ces chutes sont des couperets qui guillotinent littéralement la parole, l’espérance par elle d’un sursaut. Cette âme survit-elle à la mort physique ? Pouvons-nous soutenir que les morts nous entendent, et que nous avons donc envers eux un devoir de parole, de dialogue ? C’est un autre aspect de l’imaginaire du deuil à l’œuvre dans ces pages, Léopoldine attend son père, elle dépend de lui pour se réchauffer à sa présence, ou adoucir sa vie d’outre-tombe. En des passages qu’on peut juger délirants, mais tellement conformes à la psychologie de l’endeuillé, Hugo rejoint physiquement Léopoldine, il lui parle et se persuade qu’elle l’entend. Mieux, il compose une bonne part des Contemplations pour nourrir ce dialogue d’outre-tombe le spiritisme n’est pas loin, il doit à sa fille ce livre, son inspiration de poète retourne l’obstacle de la mort pour y puiser. Cette poétique de la mort est assez exceptionnelle pour être un peu creusée Certes, la mort de l’être cher nous retire le meilleur de nos raisons de vivre, mais la méditation assidue, forcenée, délirante parfois de ce vide, matérialisé par cette pierre à laquelle le survivant revient se heurter, débouche sur des pensées plus vastes, ou grandioses. Au lieu de tourner en rond, obnubilé par l’absence, la pensée du poète nie autrement la mort, ou la rachète, en découvrant dans la destruction le principe moteur de toute vie. Non seulement tout est plein d’âmes » alpha et oméga du credo hugolien, mais de toute mort renaît la vie ; dans le cas de Hugo la vie de ce poème, mais au plan de la nature un grouillement universel, qui sait tirer des haillons de la chair mise en terre de nouveaux sucs qui profiteront aux fleurs, aux papillons qui les butinent… Voyez le stupéfiant poème malheureusement hors programme des prépas qui ne le liront pas ! de la section VI Au bord de l’infini », significativement intitulé Pleurs dans la nuit », et particulièrement les trois strophes en haut de la page 320, Fais avec tous ces morts une joyeuse vie, / Fais-en le fier torrent qui gronde et qui dévie, / La mousse aux frais tapis ! », etc. Il faudrait citer plus longuement les scènes visionnaires et presque euphoriques de cette palingénésie universelle, où la roue qui écrase libère de nouvelles forces, où toute putréfaction prépare une éclosion. Comme le dit À Villequier » page 229, toute édification humaine glissera à l’abîme, toute organisation est vouée à la décrépitude, ou selon un imaginaire circulaire central chez Hugo, Que toute création est une grande roue / Qui ne peut se mouvoir sans écraser quelqu’un »… Mais le même poème déchiffre dans cette mort une renaissance ailleurs, ou une création justement, et tout ce ruissellement à l’informe, ou à l’éternité, ouvre à Hugo un espace réversible où mort et vie, douleur et joie, profondeur et hauteur, nuit et lumière glissent l’un dans l’autre, et s’échangent. Le tombeau est un commencement, le sublime est en bas » déclaration capitale de la page 293. Un tombeau fut dès lors le but de tous mes pas » page 422. Epuisé par son deuil, le poète devine que de cet excès de mort sur lui peut naître une renaissance, ou une vision élargie de sa vie ainsi placée au bord de l’infini titre du livre VI. Cette méditation de l’infini décentre le poète, arraché à son frissonnant petit moi, désapproprié, défait, pour s’ouvrir à de plus grands espaces, à des visions grandioses qui décuplent son imagination. Il faut mourir à la condition ordinaire, lâcher sa perception et sa raison pour entrevoir ces mondes où Hugo pour finir nous entraîne. Au livre IV, le poème Mors » esquisse déjà cette grande loi de réversibilité qui préside à la nature, où la faucheuse change Un trône en échafaud et l’échafaud en trône », et où le cortège des destructions s’efface pour finir sur le visage de l’ange souriant porteur d’âmes pages 232-233. On ne sait pas ce que peut une âme ; on ne sonde pas les ressources de l’infini. La mort de sa fille a précipité Hugo au néant, à la méditation incessante, acharnée des zones d’ombre qui entourent chaque lumière, à l’intuition maintenue par lui envers et contre toutes les forces d’anéantissement et de désastre qu’il y avait quand même dans ce chaos un chemin, dans ce labyrinthe une chance à courir, à ne pas mourir. Les Contemplations, livre cathartique, nous enseigne à ne pas nous laisser terrasser, ligoter, mais du fond des plus dures épreuves à retrouver la force de vivre, et de sortir par le haut. à suivre Daniel Bougnoux Thèmes associés LePrintemps vu par Mr Victor Hugo 21 mars 2012. Le Printemps vu par Mr Victor Hugo Printemps Tout est lumière, tout est joie. L'araignée au pied diligent. Attache aux tulipes de soie . Les rondes dentelles d'argent. La frissonnante libellule. Mire les globes de ses yeux. Dans l'étang splendide où pullule. Tout un monde mystérieux. La rose semble, rajeunie,
Victor-Marie Hugo, né le 26 février 1802 à Besançon et mort le 22 mai 1885 à Paris, est un écrivain, dramaturge, poète, homme politique, académicien et intellectuel engagé français, considéré comme l’un des plus importants écrivains romantiques de langue française. Fils d’un général d’Empire souvent absent, Victor Hugo est élevé surtout par sa mère. Alors qu’il est encore élève au lycée Louis le Grand, il se fait connaître en publiant son premier recueil de poèmes, Odes’ et obtient, pour celui-ci, une pension de Louis XVIII. Chef d’un groupe de jeunes écrivains, il publie en 1827 sa première pièce de théâtre en vers, Cromwell’, puis Orientales’ et Hernani’. Il s’impose comme le porte-parole du romantisme aux côtés de Gérard de Nerval et de Gautier. En 1831, il publie son premier roman historique, Notre-Dame de Paris’, et en 1838 son chef-d’œuvre romantique Ruy Blas’. En 1841, il est élu à l’Académie française. En 1843, la mort de sa fille Léopoldine le déchire et le pousse à réviser son action. Il entame une carrière politique. Élu à l’assemblée constituante en 1848, il prend position contre la société qui l’entoure la peine de mort, la misère, l’ordre moral et religieux. C’est en 1862 que Victor Hugo termine Les Misérables’, immense succès populaire à l’époque. Fervent opposant au coup d’État du 2 décembre 1851, il doit prendre le chemin de l’exil jusqu’en 1870. Installé à Jersey et Guernesey, il écrit Les Châtiments’, et Les Contemplations’. De retour en France, à plus de 60 ans, il entame la rédaction de La Légende des siècles’. Poète romantique, dramaturge en rupture avec les codes classiques, et auteur de romans mythiques, Victor Hugo a connu la gloire populaire et la reconnaissance de ses pairs. Victor Hugo occupe une place importante dans l’histoire des lettres françaises et celle du dix-neuvième siècle, dans des genres et des domaines d’une remarquable variété. Il est à la fois poète lyrique avec des recueils comme Odes et Ballades » 1826, Les Feuilles d’automne » 1832 ou Les Contemplations » 1856, mais il est aussi poète engagé contre Napoléon III dans Les Châtiments » 1853 ou encore poète épique avec La Légende des siècles » 1859 et 1877. Son œuvre multiple comprend aussi des discours politiques à la Chambre des pairs, notamment sur la peine de mort, l’école ou l’Europe, des récits de voyages Le Rhin, 1842, ou Choses vues, posthumes, 1887 et 1890, et une correspondance abondante. Victor Hugo a fortement contribué au renouvellement de la poésie et du théâtre ; il a été admiré par ses contemporains et l’est encore, mais il a été aussi contesté par certains auteurs modernes. Il a aussi permis à de nombreuses générations de développer une réflexion sur l’engagement de l’écrivain dans la vie politique et sociale grâce à ses multiples prises de position qui le condamneront à l’exil pendant les vingt ans du Second Empire. Ses choix, à la fois moraux et politiques, durant la deuxième partie de sa vie, et son œuvre hors du commun ont fait de lui un personnage emblématique que la Troisième République a honoré à sa mort le 22 mai 1885 par des funérailles nationales qui ont accompagné le transfert de sa dépouille au Panthéon, le 31 mai 1885.
  1. Τሮհι աγ οսυ
  2. Υ уснուг
    1. Езви уճу թискеκ
    2. Διշοше ξещխηοπя
Cetteapproche, développée par les linguistes à travers les concepts de polyphonie, de dialogisme et de modalisation, nous servira d’outil pour analyser le poème Réponse à un acte d’accusation de Victor Hugo qui, bien que discours d’un locuteur unique, convoque plusieurs voix par rapport auxquelles le locuteur se détermine.. I- Du dispositif énonciatif

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